À l’occasion de la sortie de La Débâcle, Romain Slocombe a répondu à nos questions.
Naguère c’était "Un regard moderne", rue Gît-le-Cœur à Paris, mais depuis la mort du libraire, Jacques Noël, un type extraordinaire, le fonds n’est plus le même. À présent je dirais "Le bal des ardents", à Lyon, rue Neuve près de la place des Terreaux, c’est un lieu formidable, plein de très bons livres et où on a envie de s’installer pour bouquiner… Il y a d’ailleurs un fauteuil. Mais je connais beaucoup de bonnes librairies indépendantes en France, et de bons libraires.
En général j’écoute le même CD tous les soirs, en faisant la vaisselle, lorsque je suis en période d’écriture ce qui peut durer des mois (mais durant l’écriture elle-même c’est le silence absolu : il ne faut pas que le sentiment généré par la musique vienne interférer avec les phrases qui surgissent dans mon cerveau). Quand j’écrivais Sadorski et l’ange du péché, j’écoutais de vieux chants yiddish. Curieusement, pour La Débâcle, j’ai interrompu cette habitude et rien écouté de particulier. Les voix de tous les témoins de l’exode de juin 40, dont je lisais les récits pour me documenter, semblaient vivre en moi, je les écoutais…
Une routine très spécifique. Je me lève assez tard, et après un copieux petit déjeuner, une douche froide et un peu de gymnastique, j’écris non-stop de 12h30 environ jusqu’à 17 ou 18 heures, ne m’arrêtant pas pour déjeuner. Je prends juste une sorte de goûter lorsque j’ai fini. En fin de journée je me relis et je fais une première série de corrections sur ce que j’ai écrit, corrections qui seront suivies de beaucoup d’autres…
Pour la peinture et la musique ce serait trop long à lister. Pour les écrivains : Georges Simenon, Graham Greene, Patrick Modiano, Ernest Hemingway, Giorgio Scerbanenco. Et puis beaucoup d’autres, évidemment, mais ceux-ci sont ceux auxquels je retourne le plus souvent et qui me font faire des progrès. Je lis très peu de contemporain.
Le plus difficile était de trouver des combats précis ayant eu lieu en juin 1940 au cours de la campagne de France, et pas trop loin de Paris car il fallait faire sentir l’imminence de la chute de la ville. C’est chez un bouquiniste d’une petite ville de Haute-Normandie, tout près de chez moi que j’ai découvert, en fouinant, un petit volume édité à compte d’auteur par des vétérans d’une demi-brigade de chasseurs alpins, ayant combattu sur l’Aisne lors de la rupture du front vers le 8 juin. C’est ce fil qui m’a conduit à d’autres découvertes, cette fois sur Internet, où des anciens combattants avaient posté des récits détaillés de combats ayant eu lieu tout près des localités mentionnées. Tout cela m’a permis de construire un itinéraire original et des péripéties vraisemblables pour mon personnage. Alors que moi-même je n’ai jamais effectué mon service militaire, m’étant fait réformer dans les années 1970…
Né en 1953 dans une famille franco-britannique, Romain Slocombe est l’auteur de plus d’une vingtaine de romans, parmi lesquels Monsieur le Commandant et la « trilogie des collabos » (L’Affaire Léon Sadorski, L’Étoile jaune de l’inspecteur Sadorski, Sadorski et l’ange du péché).
© Jean Raymond Hiebler
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