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Par le cherche midi éditeur, publié le 14/05/2019

Bruno Salomone : l'interview

Dans ce premier roman, Bruno Salomone explore la relation entre deux naufragés du cœur qui deviennent complices grâce à leur misophonie. Leur vie, ballottée entre tumulte sentimental et chaos acoustique, va être bouleversée, pour le meilleur et pour le pire…

Misophonie : nom féminin. Littéralement « haine du son », la misophonie est un trouble neuropsychique rarement diagnostiqué mais commun, caractérisé par des états psychiques fort désagréables (colère, haine, anxiété, rage, dégoût), déclenchés par des sons spécifiques.

Ou, comme Damien, le personnage principal du roman, le dit si bien  : « Ça peut être une personne qui croque une pomme, le broyage d’une chips dans la bouche, une respiration lourde, les ronflements, un souffle rauque, le reniflement régulier d’un enrhumé, quelqu’un qui siffle les “s”, le clapotis de la salive entre la langue et le palais, les cliquetis des lèvres, les chuchotements, les chantonnements, les sifflotements, les succions, les aspirations interdentaires, le râle de satisfaction après une gorgée, les gens qui parlent fort au téléphone, les craquements de doigts, un bâillement gras et sourd, la toux, ou tout simplement la voix d’une personne… »

Dans ce premier roman, Bruno Salomone explore la relation entre deux naufragés du cœur qui deviennent complices grâce à leur misophonie. Leur vie, ballottée entre tumulte sentimental et chaos acoustique, va être bouleversée, pour le meilleur et pour le pire…

Nous vous connaissons comme acteur et humoriste mais pas encore comme écrivain… Pourquoi avoir décidé d’écrire ce livre ?

Tout d’abord, parce que le sujet de la misophonie n’avait jamais été traité ; le roman permet de parler de cette pathologie méconnue et de comprendre ce que peut vivre un misophone de l’intérieur.

Ce roman a plusieurs fonctions : au-delà de l’histoire d’amitié et de l’intrigue, il permet de rassurer les misophones, de les soulager, de leur apprendre, déjà, qu’ils ne sont pas fous, que leur pathologie est référencée et qu’ils sont nombreux. Il y aurait entre 15 et 20 % de misophones aux États-Unis. Ils se sentiront moins seuls.

C’est aussi un mode d’emploi pour les non-misophones, afin de leur faire comprendre ce que peut vivre quelqu’un de leur entourage qui souffre de misophonie.

Mais c’est avant tout un roman, l’histoire d’une amitié qui va se construire bruyamment, brique par brique, entre Damien et Alexi (sans « s », vous comprendrez pourquoi) : Damien va recueillir Alexi et l’aider à se révéler, ils vont s’entraider, se chicorer, s’agacer pour le grand plaisir des lecteurs car la misophonie est un magnifique terrain pour la comédie. Une comédie à la fois tendre et grinçante.

C’est aussi une quête initiatique à la recherche de la compréhension, de l’écoute, du partage, du soulagement, de la solution et de la guérison. Un voyage dans un univers auditif sous l’angle d’une perception singulière.

 

Comment avez-vous abordé l’exercice d’un premier roman après Un, dos, tres, je déstresse ? Pouvez-vous nous parler de votre ressenti pendant l’écriture et après la publication des Misophones ?

Un, dos, tres, je déstresse est une technique de développement personnel, très personnel. J’y ai développé plusieurs thèmes et inséré des pensées parfois profondes, parfois décalées.

Un roman ne s’écrit pas de la même façon. Il doit y avoir un enjeu qui nous tient en haleine du début à la fin. J’ai adoré cet exercice, j’étais en immersion totale avec mes deux protagonistes que je faisais exister, ils prenaient vie sous mes yeux, et ils me semblent aujourd’hui bien réels.

Pour ce qui est de l’après-publication des Misophones, les réactions sont surprenantes, beaucoup plus de personnes que je ne l’imaginais en sont victimes et n’osent en parler car ils se pensent ridicules, étant donné que j’ai une maîtrise du ridicule, j’ai décidé de porter cet étendard !  ;-)

 

Vous êtes-vous inspiré d’une personne de votre connaissance pour vos deux personnages principaux, Damien et Alexi ?

Je me suis effectivement inspiré de mon entourage pour dessiner mes personnages, mais je n’ai jamais pris tout d’une personne, j’ai pris des traits de caractères par-ci par-là, des bouts de vie observés et vécus, j’ai mélangé tous ces ingrédients puis monté ma sauce.

 

Pour Alexi, l’ultime solution pour échapper à tous ces bruits du quotidien était de fuir la civilisation et de s’installer très loin, sans aucune forme de technologie, pour un retour aux sources nécessaire. Pensez-vous qu’il puisse exister d’autres solutions que l’isolement total pour combattre la misophonie ?

Oui, le casque antibruit ! ;-) Mais aussi la communication. J’espère que ce livre permettra aux gens qui considèrent cette pathologie comme dérisoire ou ridicule de comprendre que pour celui qui la subit, ça n’est pas une simple broutille.

 

Tous vos lecteurs se posent la question… Pour arriver à décrire si bien ce que ressent une personne souffrant de misophonie, souffrez-vous, vous-même, de cette pathologie ?

 

Il me semblerait délicat d’écrire sur ce sujet sans être directement concerné, car le problème majeur de cette pathologie c’est le rapport avec l’autre. Toute la difficulté est de la faire accepter par les non-misophones, de se faire entendre et comprendre par son entourage – qui la plupart du temps pense que c’est juste un caprice.

Mon envie était aussi d’en rire, ce qui peut être un excellent remède : il faut dédramatiser et je voulais montrer l’absurdité des situations provoquées par cette singularité.

 

Comment vivez-vous votre misophonie ?

J’ai l’avantage d’avoir une profession qui me permet de changer régulièrement d’environnement et de ne pas être dans un open space avec des collègues qui mastiquent des chewing-gums en permanence à côté de moi, tapotent sur un clavier à répétition ou parlent fort au téléphone tout en dévorant des chips… Ce qui doit être un cauchemar pour un misophone.

Étant souvent en déplacement, en tournée avec mes spectacles, je le subis davantage dans les transports mais le casque antibruit m’a changé la vie. Et l’avantage que j’ai aujourd’hui c’est que comme j’en ai fait un livre, ça a été un exutoire. Les gens qui l’ont lu me comprennent mieux, c’est déjà un énorme progrès…



                                                     

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