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Par le cherche midi éditeur, publié le 26/01/2021

Denis Drummond : « Je suis convaincu qu'il y a un lien secret et précieux entre chacun de nous »

Dans le sillon de son prix SGDL révélation pour La Vie silencieuse de la guerre en 2019, Denis Drummond propose un nouveau roman ambitieux, émaillé d’énigmes et de découvertes effarantes. Le Dit du Vivant retrouve la poésie subtile qui caractérise le style de l’auteur franco-écossais et interroge les origines comme le destin de l’humanité. Une lecture qui s’adonne aussi au voyage – pleine des curiosités du vaste monde – en des temps où les déplacements sont restreints.

Une nuit, un séisme mène à l’engloutissement du village japonais d'Atsuma. Au même moment, la paléo-généticienne Sandra Blake est prévenue que son fils Tom, autiste, est entré en crise. Elle apprend peu après que le tremblement de terre a dévoilé une vaste zone qui pourrait correspondre à une sépulture très ancienne. Les découvertes qui y sont faites par son équipe remettent en question deux siècles de connaissances scientifiques, voient réapparaître les grandes disputes religieuses ainsi que les prémices d'un dialogue avec une civilisation humaine extrêmement lointaine.

Denis Drummond revient pour nous sur l’écriture de ce roman-monde, infusé de sa prose nimbée de mystère et déroulé comme une fascinante séquence d’ADN.

 

Le Dit du Vivant est le deuxième roman que vous publiez au cherche midi, après La Vie silencieuse de la guerre, paru en 2019. Parlez-nous de la genèse du livre et de la relation qui s’est tissée avec votre éditeur.

Les deux titres sont assez inséparables. Alors que j’étais en Grèce, le jour où le cherche midi éditeur m’a appris qu’il souhaitait publier La Vie Silencieuse de la guerre, les deux catastrophes fondatrices du Dit du Vivant sont apparues à mon esprit.

C’est dans le cadre de la correction des épreuves et de la promotion de La Vie Silencieuse de la guerre que s’est construit une belle confiance avec l’éditeur. Ensuite, l’écriture du Dit du Vivant a été proposée au cherche midi éditeur par séquence d’une vingtaine de pages, du début jusqu’à la fin.


Vous convoquez ici des matériaux narratifs (récit descriptif, correspondances, articles…) très divers. Comment procédez-vous à l’élaboration de l’histoire, dont le découpage est si ciselé ?

L’appel à des matériaux si différents permet de traiter un même sujet dans toutes les dimensions possibles. Chaque sujet apparaît ainsi selon plusieurs angles, ce qui donne un tissage très fin ainsi qu’un relief particulier à chacune des histoires racontées. La multiplicité des genres permet également au lecteur de ne jamais s’ennuyer. Cela nécessite évidemment un soin très particulier apporté à l’écriture qui est la joie d’un auteur et la magie de l’imaginaire. C’est absolument jubilatoire.


Le Dit du Vivant fait dialoguer des récits très personnels, omniscients, et la marche de l’Histoire – ou plutôt celle de l’Homme. Ce sont des préoccupations centrales dans votre travail d’écrivain et de poète…

Le philosophe Gilles Deleuze avait coutume de reprocher à la « littérature » de trop parler de « nos petites affaires privées ». Là, nous sommes dans un tissage permanent de la grande et de la petite histoire, ce qui permet à chacun de plonger ses racines intimes dans le vaste courant du monde. Je suis convaincu qu’il y a un lien secret et précieux entre chacun de nous, sa singularité, son caractère unique et le vaste monde de l’universel qui, à la fois, nous sépare et nous réunit tous. Il me semble que la langue qui permet cette liaison entre l’unique et l’universel n’est autre que la poésie. 

La Vie silencieuse de la guerre était une réflexion sur notre capacité à représenter et à voir une chose parmi les plus affreuses qui soient, à savoir le déchirement des hommes. En terminant le Dit du Vivant quelques semaines avant le premier confinement, je n’imaginais pas que ce livre consonnerait à ce point avec la pandémie qui frappe désormais notre planète.

Mais il s’agit avant tout d’une histoire avec la dimension du mythe qui nous sort précisément de nos « petites affaires privées ».


Votre livre brasse énormément de connaissances, notamment scientifiques, historiques et géographiques. Comment avez-vous orchestré vos recherches ?

Effectivement, c’est un livre qui couvre de très nombreux sujets permettant à chacun de trouver ce qui l’intéresse. Le premier objectif de ma documentation a été d’éviter, sur des sujets aussi complexes que la génétique ou la biologie, de dire de bêtises, tout en restant dans le champ de l’imaginaire. Une lectrice, qui est par ailleurs généticienne au CEA, m’a même dit que certaines de mes intuitions pouvaient constituer des hypothèses de recherche utiles pour la science à venir, ce qui m’a rassuré et réjoui. Tout le reste de la documentation a consisté à m’imprégner, afin que le lecteur ressente les choses, les vive plutôt qu’il n’ait l’impression de se documenter lui-même. Pour le reste, l’imaginaire joue son rôle, absolument magique, jusqu’au moment où l’histoire tire l’histoire, l’auteur n’y étant alors plus pour grand-chose.


Votre écriture est infusée d’une prose mélancolique, comme en suspens, en contemplation. Qu’est-ce qui nourrit votre inspiration ?

C’est quelque chose qui m’est très naturel, probablement le fruit d’une immense curiosité, d’un imaginaire assez débordant, d’une nature profondément contemplative et d’une langue qui fait le pont entre le singulier et l’universel. J’aime tant jouer avec les mots comme avec les idées… Dans ce thriller scientifique qualifié par certains d’inclassable, c’est le jeu qui domine et la facétie n’est jamais très loin.


Le Dit du vivant
Un séisme au Japon met au jour une vaste sépulture. Sandra Blake, paléogénéticienne, se rend sur les lieux, avec Tom, son petit garçon, autiste.
La datation du site archéologique plonge la communauté internationale dans la stupeur. Une civilisation jusqu’alors inconnue se révèle peu à peu, et met à bas toutes les connaissances acquises. Sandra et l’équipe de recherche qu’elle a constituée sont prises dans un suspense scientifique qui les dépasse…

Construit en six parties, comme une séquence d’ADN – réunissant récits, journaux, chroniques, articles de presse et correspondances –, ce roman-monde est écrit à la manière d’une odyssée.
 

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