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Par First Editions, publié le 11/10/2022

Femmes dans l'histoire de l'art occidental : Ludivine Gaillard répond à nos questions

Ludivine Gaillard est la créatrice du site « Mieux vaut art que jamais, ou comment (re)découvrir l’histoire de l’art sur un ton décalé » et du compte Instagram @mieuxvautartquejamais.

Médiatrice culturelle, conférencière et diplômée d’un master 2 de recherche en histoire de l’art, Ludivine donne des clés de compréhension pour apprendre à décrypter l’art d’un point de vue féministe.

Dans cet ouvrage richement illustré, elle s’appuie sur les mythes et leurs mises en image pour révéler la domination masculine dans l’histoire de l’art occidental à travers les siècles. Avec un ton décalé, mais une plume toujours documentée !

 

1)     Comment est né le projet de ce livre ?

 

Alors que c'était une envie qui restait dans un coin de ma tête depuis quelques années, c'est Sandra Monroy éditrice chez First Éditions qui m'a contactée pour me proposer d'écrire un livre autour des sujets que j'aborde dans mes visio-conférences et sur mon compte Instagram ! Une chance que je n'ai pas hésité une seconde à saisir. 

 

 

2)     Expliquez-nous le titre du livre (« Imparfaites »). Que vouliez déjà retranscrire ?

 

Car de tous temps les hommes ont tenté de définir les femmes. Elles ont été désignées - à l'inverse des hommes - comme des êtres incomplets, voire défectueux. L'art n'étant que le reflet de l'époque où il a été produit en rend compte en multipliant les figures féminines qui sont toujours "trop" ou "pas assez" : la belle passive mais séductrice, l'épouse-mère dévouée mais intouchable, la putain castratrice mais séduisante, etc. "Imparfaites" désigne aussi le fait que ce sont des images incomplètes et essentialisantes, qui enferment les femmes dans des clichés produits par les hommes, effaçant leurs particularismes. 

 

 

3)     Pourquoi était-ce important pour vous d’avoir un équilibre entre ton documenté et décalé dans votre approche ?

 

Car j'ai une formation universitaire et je suis médiatrice culturelle. Je sais combien il est important d'adopter une approche plus détendue lorsque l'on transmet un savoir à un public plutôt que de s'enfermer dans un discours et une attitude "guindés". L'art est un domaine encore trop élitiste, il est donc nécessaire de le rendre le plus accessible possible et la vulgarisation, l'humour, peuvent être de bon moyens. Et ce ton décalé fait également partie de ma personnalité !

 

 

4)     Quel est votre œuvre préférée du livre ?

 

Tout le long de mon livre j'aborde principalement des oeuvres d'artistes hommes représentant des personnages féminins, pourtant mon choix s'est arrêté sur celle d'une artiste femme :  Judith décapitant Holopherne d'Artemisia Gentileschi. La composition, l'éclairage dramatique, les couleurs intenses, le réalisme de la scène, de la torsion des corps, des expressions concentrées de Judith et de sa servante Abra : c'est un chef-d'œuvre. Artemisia a fait preuve d'une grande inventivité, renouvelant cette thématique maintes fois exploitée dans l'art. Le petit bonus : la sororité dont font preuve les deux personnages féminins qui s'allient à forces égales pour anéantir le masculin néfaste. 

 

 

5)     Si vous deviez décrire ce livre en 3 mots ?

 

Accessible - Engagé - Décalé

 
Imparfaites. Représenter « la femme » dans l'art occidental : entre fantasmes et domination masculine
Les femmes sont omniprésentes dans l’histoire de l’art occidental. Généralement dans des attitudes stéréotypées, elles endossent une multitude de rôles en étant souvent… dénudées. Un sein (voire deux) qui se fait la malle hors d’un corsage, une paire de fesses bien rondes, une cambrure improbable… On peut dire que les hommes se sont fait plaisir !
Hommes, oui, car jusqu’à la première moitié du XXe siècle, ce sont eux qui dominent le monde de l’art, imposant leurs canons esthétiques. Et si leurs oeuvres s’inscrivent dans un certain contexte socioculturel, leur art a néanmoins contribué à bâtir une image de « la femme » conforme à la société patriarcale et à véhiculer des préjugés qui, encore aujourd’hui, ont la peau dure. En effet, que la gent féminine y soit fantasmée (proportions idéales, mère parfaite, « beauté exotique »), associée au mal (sorcière, femme fatale ou monstrueuse, hystérique ou syphilitique) ou victimisée (agressée, violée, assassinée), peintures et sculptures ont longtemps été un miroir grossissant du sexisme et de la misogynie en Occident.
Dans cet ouvrage richement illustré, Ludivine Gaillard s’appuie sur les mythes et leurs mises en image pour révéler la domination masculine dans l’histoire de l’art occidental à travers les siècles. Avec un ton décalé, mais une plume toujours documentée !
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