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Par Presses de la Cité, publié le 08/10/2019

Florence Roche : l'auteure qui mêle la grande histoire au suspense

À l’occasion de la parution du Pensionnat de Catherine dans la collection Terres de France aux Presses de la Cité, nous avons posé quelques questions à Florence Roche, auteure de près d’une vingtaine de romans et professeure d’histoire-géographie. Dans cette courte interview, elle revient sur la genèse de ce nouveau livre et sur son processus d’écriture.  

Quelle a été la genèse du Pensionnat de Catherine ? Votre formation d’historienne a-t-elle influé sur le choix du sujet ?

 

Le Pensionnat de Catherine n’a pas de réelle genèse. L’inspiration m’est venue peu à peu, j’ai accumulé des idées, imaginé des personnages, pris des notes, cherché une trame, et enfin trouvé le contexte historique le mieux adapté au récit. J’avais cependant le désir de parler des « passeurs », sujet encore tristement et tragiquement actuel. Des passeurs qui n'étaient pas tous véreux pendant la guerre, comme ils le sont aujourd’hui, dans le trafic de l’immigration clandestine.

 

Pensez-vous que le roman, la fiction permettent une meilleure compréhension de l’Histoire et, ainsi, de ne pas oublier que l’Homme est capable du pire ?

 

Je suis professeure d’histoire, et passionnée. Ce sont d’ailleurs mes études qui m’ont donné envie d’écrire car, oui, l’Histoire doit être connue pour éviter de reproduire les erreurs du passé. On m’a souvent reproché de rédiger des romans trop pédagogiques, par déformation professionnelle, ce qui pouvait être lassant ou rébarbatif : surtout dans La Trahison des Combes, où je décris les camps d’extermination, ou encore dans L’Héritière des anges, qui traite de la guerre des Camisards. Mais c’est plus fort que moi. Les Parfums d’Iris nous ramènent à l’Allemagne nazie et Le Pensionnat de Catherine, à cette sombre époque des déportations et des massacres des juifs. Cependant, j’ai appris à ne pas trop développer le contexte historique. Je me recentre sur l'intrigue et la psychologie des personnages.

Et puis je me rends compte, dépitée et écœurée, que les hommes restent des hommes et que l’Histoire est un éternel recommencement. Des populations entières restent ignorantes et ne tirent aucune leçon du passé, même en France ! Je ne suis pas certaine qu’aujourd’hui encore, si les extrémistes arrivaient au pouvoir, on ne pourrait pas remplir le stade de France d’immigrés et autres clandestins, et ce, avec l’approbation de centaines de milliers de Français. L’extrême droite reste la gangrène de l’humanité. C’est mon grand désespoir.

 

La filiation et la quête des origines sont deux thèmes récurrents dans vos romans. Pourquoi cette attention si particulière à ces thèmes ?

 

Pour moi, la quête des origines est essentielle. En ce qui me concerne, je connais mes aïeuls, je sais d’où je viens, mais j’ai cherché quel rôle mes grands-parents avaient joué pendant la guerre, dans la Résistance… Et j’ai découvert des secrets de famille.

Je guette toujours les ressemblances entre mes filles et mes ancêtres. On vient d’une lignée, on appartient à une branche, un terroir. J’imagine donc le désarroi lié au besoin de savoir qui l’on est et de qui l’on est né quand on l’ignore. Cela permet d’ailleurs de ménager du suspense dans un roman.

 

Deux héros pour un même roman. Le choix d’alterner les voix de Camille et de Samuel vous est-il venu naturellement ?

 

L’idée de créer Samuel et Camille, que l’on suit en alternance puis ensemble dans le roman, m’a parue intéressante car plus accrocheuse. Mais ce que j’ai surtout voulu tenter – et a priori les lecteurs ont aimé –, c’est d’alterner deux périodes de l’Histoire. Mes deux personnages principaux (vivant dans les années 1960) font des recherches sur leurs géniteurs dans les années 1940, et on découvre l’histoire de leurs parents dans des chapitres datés du temps de la guerre.

 

Les femmes jouent un rôle important dans vos romans. Ici, la figure maternelle est particulièrement présente. Est-ce lié à votre histoire personnelle ?

 

Non, rien n’est lié à mon histoire personnelle dans mon écriture. Tout est lié à mes valeurs d’humanisme, à mes connaissances historiques, à mes passions et à ma quête de tolérance. Et tous mes romans ne sont pas forcément des romans féminins. Ils s’attachent aussi à des personnages masculins : Samuel, dans le dernier, et certains anciens romans ont aussi pour héros des hommes : Le Dernier des Orsini, L’Honneur des Bories… Ce qui m’intéresse, c’est l’émancipation des femmes et de véhiculer l’idée qu’une femme doit être forte, libre et indépendante. Mais ma mère ou grands-mères mes n’ont pas plus marqué mon enfance que mon père ou mes cousins, oncles… Même si, bien entendu, les femmes se sont plus occupées de moi. En revanche, je me projette parfois en tant que mère de famille pour décrire l’amour filial, cet attachement qui dépasse toutes les autres formes d’amour. Une mère ne peut aimer personne plus que ses enfants.

 

 

Le Pensionnat de Catherine
 Dans les années 1960, les secrets de la guerre commencent seulement à affleurer. Ainsi,
Samuel, jeune professeur, apprend, à la mort de sa mère adoptive, qu’il a été recueilli en 1943
non loin de la frontière suisse où un réseau de passeurs aidait les Juifs à fuir.
En Haute-Loire, Camille, elle, seconde sa mère Catherine, une veuve qui dirige avec autorité un pensionnat de jeunes filles. L’arrivée d’une nouvelle enseignante, qui porte de
lourdes accusations à l’encontre de Catherine, va remettre en cause les certitudes de Camille
sur sa filiation.
C’est dans la région d’Annecy que Samuel et Camille vont se rencontrer par hasard au milieu des ruines du chalet des anciens passeurs de Juifs.
Tous deux se lancent dans une périlleuse quête de leurs origines et, surtout, découvrent
l’amour…

 

Presses de la Cité

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