Inédit : tout savoir sur le Mook De la guerre

De la guerre, vom Krieg en allemand : tel est le titre du plus profond ouvrage de stratégie jamais écrit. Son auteur, le Prussien Carl von Clausewitz, vétéran des campagnes contre Napoléon, entendait scruter la nature de la guerre et en établir les lois. C’est sous sa figure tutélaire et en reprenant son titre que nous plaçons une entreprise aux objectifs moins démiurgiques mais qui s’intéresse néanmoins au même objet. Sur le fond, nous avons voulu éclairer le phénomène guerrier sous tous ses aspects: la bataille, le renseignement, la stratégie, la production industrielle, la politique, le chef, l’uniforme, la liste n’est pas close. Presque toutes les disciplines des sciences humaines et sociales, et même au-delà, ont des lumières à apporter à l’étude de la guerre, un phénomène effroyablement complexe, ainsi qu’à la compréhension du commandement dont Clausewitz disait qu’il est « une des activités des plus difficiles qui se posent à l’esprit humain » (De la guerre, Première partie, Livre II, chapitre II).

 C’est aussi et surtout dans la forme que nous avons voulu innover, en combinant les avantages du livre et ceux du magazine. Le premier offre ses atours de bel objet, que l’on garde et collectionne : papier et couverture de qualité, mise en page ordonnée, lisibilité typographique, écriture soignée et plaisir d’une lecture soutenue. Le second a pour lui sa vivacité, son éclectisme, le foisonnement de ses modes de traitement de l’information : le témoignage, le récit, l’infographie, le reportage photo, l’interview posthume, l’uchronie, l’entretien, un dossier charnu aux multiples entrées... Il appartenait aux deux maisons, chacune dans leur secteur, les mieux assises dans le domaine de l’histoire militaire d’associer leur force et leur savoir-faire pour offrir l’objet hybride que vous tenez entre vos mains : Perrin, premier éditeur de livres d’histoire, et le magazine Guerres&Histoire. Chaque partenaire a sollicité quelques-unes de ses meilleures plumes, dans le monde universitaire et dans celui du journalisme ; les deux ont investi dans ce livre-magazine inédit (« mook », pour les amateurs d’anglicisme) leur commune passion de l’Histoire.

 Un mot sur le choix du dossier de ce premier numéro. Hitler avait-il une chance de gagner la guerre ? La question aurait fait pleurer un Français de 1940 à qui Paul Reynaud avait promis le 10 septembre 1939 : « nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts ». Et, comme tous les autres chefs alliés, Churchill a douté, et plus souvent qu’il ne veut l’avouer dans ses Mémoires. Chaque génération d’historiens rouvre ce dossier et livre des opinions qui vont d’un extrême à l’autre. Même le grand Richard Overy, que nous avons sollicité, ne donne pas tout à fait la réponse que nous attendions de la part d’un homme qui a si bien montré l’étendue des faiblesses économiques du Reich. Mais n’en disons pas plus : un éditorial n’a pas vocation à déflorer son sujet de Une.

 J’oubliais ! De la guerre emprunte encore un trait au monde des magazines, la périodicité : il sortira deux fois par an.

Excellente lecture,

JEAN LOPEZ