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Par Omnibus, publié le 05/11/2018

[Interview] Annie Degroote : le Nord comme elle l'aime…

Annie Degroote a toujours gardé en son cœur le Nord, en particulier la Flandre. Elle est née à Hazebrouck, y a conservé de fidèles attaches malgré ses vies, parfois vagabondes, d’auteur, de metteur en scène et de comédienne. L'auteur a célébré le Nord dans chacun de ses livres (contes, nouvelles, romans) avec un souci constant de l’Histoire et de l’humain. Cette appétence et cette curiosité pour sa terre natale, elle aime les cultiver et les faire partager au plus grand nombre.

Annie Degroote a toujours gardé en son cœur le Nord, en particulier la Flandre. Elle est née à Hazebrouck, y a conservé de fidèles attaches malgré ses vies, parfois vagabondes, d’auteur, de metteur en scène et de comédienne. Annie Degroote a célébré le Nord dans chacun de ses livres (contes, nouvelles, romans) avec un souci constant de l’Histoire et de l’humain. Cette appétence et cette curiosité pour sa terre natale, elle aime les cultiver et les faire partager au plus grand nombre. 

Telle est la volonté de cette anthologie, Le Nord comme ils l’ont aimé, pour laquelle Annie Degroote a prêté son talent. Après La Bretagne comme ils l’ont aimée et La Normandie comme ils l’ont aimée, le Nord s’offre à la découverte, à la rêverie à travers les œuvres d’écrivains, de poètes (Marguerite Yourcenar, Maxence Van der Meersch, Emile Zola, Victor Hugo, Jacques Duquesne, Emmanuel Looten…) et de peintres (Corot, Brueghel, Seurat…).

 « Ouvrez cette anthologie, vous entrerez dans la magie du Nord. Elle se gravera en vous grâce à tous ces auteurs, qui l’ont connue et aimée. Oui, poussez cette porte, c’est toute l’âme du Nord que vous retrouverez, comme une balade amoureuse, le long des canaux, face aux pignons à pas-de-moineaux, à l’ombre des moulins aux ailes décorées, à l’intérieur douillet de ses estaminets de brique. Vous entendrez alors le son joyeux de ses carillons. Laissez-vous surprendre. Un charme indéfinissable vous saisira... »

Annie Degroote

 

Le Nord est pour vous une éternelle inspiration ? 

J’y suis attachée au plus profond de moi-même. Terre de mes ancêtres, de mes parents qui m’ont beaucoup inspirée, terre de mes racines, de ma mémoire. Oui, moi, l’Européenne du Nord, ce couloir de l’Europe, au cœur des guerres et des convoitises, qui fut déchiré entre des appartenances tellement diverses, ne cesse de m’inspirer. Chaque période de son Histoire est captivante. Comme je l’ai écrit dans ma préface, c’est un vrai feuilleton à rebondissements !

 

Qu’est-ce que cette anthologie voudrait faire découvrir du Nord ?

Des facettes inconnues, un charme inattendu, d’autant plus éclipsé que le Nord reste victime de clichés tenaces, même si aujourd’hui certains tendent à s’effacer. A cause de sa pudeur à se dévoiler, on l’a ignoré, voire méprisé. L’anthologie montre, je crois, à quel point le Nord est une terre d’écriture, de chants, de fêtes, une terre sensuelle, baroque et truculente. Les écrivains, les poètes de ce recueil furent tous très émus en parcourant le Nord, en le découvrant, en y revenant. Ce sont des chants d’amour. Quant aux peintres, ils mettent l’accent sur les couleurs étonnantes et variées du Nord.

 

Effectivement, le Nord est souvent cantonné à des clichés. Comment les avez-vous contournés ?

Entrons dans ces clichés : le froid, la grisaille, la tristesse, des mines noires, un côté misérabiliste ?

Il n’y a pas plus de grisaille qu’ailleurs, mais c’est un pays de vent, de ciels changeants et de couleurs étonnantes. Nous avons évoqué avec des peintres et des poètes la beauté de ces paysages sous la brume, le vent ou la tempête.

Pour les mines, nous avons dévoilé la fierté des mineurs et leur entraide, ou le charme de terrils blancs sous la neige.

On oublie ou on ignore l’indépendance millénaire du Nord, marquée par ses beffrois, le fait que s’il y a eu des dévastations, il s’est toujours redressé avec dignité, comme le montrent les géants ou Jean Bart.  Et il se relève par les fêtes, les carnavals, les kermesses, exubérants et fraternels.

 

Il y a bien sûr des figures incontournables, Marguerite Yourcenar, Maxence Van der Meersch… On découvre également des noms plus étonnants…

Oui, comme ceux de l’abbé Jules Lemire, grand homme pour Marguerite Yourcenar et d’Albert Londres, ou d’Amédée Prouvost, qui montre que l’on peut être un grand industriel du textile et un talentueux poète.  Avec Ghelderode, vous serez plongé dans l’univers de Brueghel. Il y a des personnages pittoresques comme Brûle-Maison ou Vidocq. Des étrangers comme Charles Dickens, qui adorait Boulogne-sur-Mer, ou Edith Wharton, une femme incroyable… Des peintres comme Turner, Corot, Pissarro… Une pléiade d’artistes auxquels on ne s’attend pas !

 

Y a-t-il un texte de cette anthologie et un tableau qui vous touchent particulièrement ?

Choisir, c’est aussi laisser sur le chemin, et ce fut parfois difficile.

Alors en choisir un ! Je dirais peut-être le très beau texte de Jacques Duquesne sur les gens du Nord.

Quant aux tableaux, en bonne Nordiste, j’aurais envie de citer « Paysage d’hiver avec patineurs et trappe aux oiseaux » de Brueghel le Jeune, mais je me sens envoûtée par le tableau de William Turner « La Plage de Calais à marée basse ». Entre autres !

 

Le Nord, pour vous, en quelques mots…

S’il était un paysage ? :  Un moulin, avec des champs de blé et de colza. Au loin, la mer… Et si je ferme les yeux, j’entends un carillon.

Un souvenir ? : Le géant Tisje Tasje marchant sur moi, petite fille. Heureusement, j’étais sur les épaules de mon père.

Un vers de poésie ? : « Ma Flandre est chaude, comme un cœur », Emmanuel Looten.

Un monument ? :  L’ancien couvent des Augustins, à Hazebrouck, chef-d’œuvre de la Renaissance flamande, avec ses pignons à pas-de-moineaux (en escalier).

Un personnage ? : Jean Bart, un homme de la mer, que l’on continue de célébrer au carnaval de Dunkerque avec beaucoup d’émotion.

Omnibus

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