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Par Fleuve éditions, publié le 23/12/2021

Interview Cécile Cabanac

À l’occasion de la publication chez Fleuve de La Petite Ritournelle de l’horreur, un polar glaçant où la folie règne en maître, Cécile Cabanac répond à nos questions.

 

1. Dans ce roman, vous abordez le thème de l’aide sociale à l’enfance. Vous construisez votre intrigue autour de gamins qui ont vite été privésde toute innocence et qui, surtout, ont été délaissés par la société.Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? 

 

Au moment où le désir de reprendre l’écriture d’un roman se fait sentir, j’ai pris l’habitude de jeter des idées sur une feuille blanche. C’est une sorte de tableau d’inspiration où se confrontent des images, des titres de musique, des souvenirs de conversations, d’articles de presse ou de livres lus. Au bout d’un certain temps, un thème sort du lot et, cette fois, ma mémoire a fait émerger des images et des sensations de l’époque où j’étais journaliste. J’ai en effet réalisé quelques reportages dans des foyers pour jeunes et j’en ai gardé des souvenirs très marquants, comme le malaise que j’avais ressenti à l’écoute des témoignages d’enfants qui avaient subi des maltraitances dès leur plus jeune âge. L’aveu d’impuissance des éducateurs qui les accompagnaient m’avait aussi beaucoup touchée. Finalement, tous m’avaient semblé dans une grande détresse. Sans parler des lieux très impersonnels qui ne faisaient qu’accentuer le sentiment d’abandon. Il y a sans doute un fond de révolte qui s’est exprimé dans ce troisième roman. Les situations que j’y décris sont fictives, mais, en filigrane, il y a une actualité nourrie de faits divers sordides, d’enfants brisés et d’adultes maltraitants. Ces drames dont la presse se fait souvent l’écho constituent justement cette petite ritournelle de l’horreur. 

 

2. Naturellement, ce sujet contribue à instaurer une ambiance très sombre. Une ambiance qui doit aussi beaucoup aux lieux que vous décrivez, à l’atmosphère que vous installez. Comment avez-vous travaillé ce décor pour qu’il s’en dégage une telle puissance ?

 

Lorsque j’écris, les lieux s’organisent assez rapidement, comme un miroir de l’état d’esprit de mes personnages. Mon écriture est assez visuelle, mais, étrangement, dans ce roman, je me suis sentie moins descriptive que dans les deux précédents. Comme si, en définitive, ce qui importait c’était l’atmosphère malsaine et les ondes néfastes qui se dégageaient des lieux plus que le décor lui-même. Chaque lecteur se construira par exemple sa propre image mentale de la maison des Mesnuls, une maison qui a un rôle central dans cette histoire, et des bois touffus qui l’environnent. Le ciel pèse souvent lourd sur ces personnages qui sont tous, d’une façon ou d’une autre, pris au piège de la découverte qu’ils font aux Mesnuls. 

 

3. La Petite Ritournelle de l’horreurse lit de manière totalement indépendante, mais c’est également l’occasion, pour vos lecteurs les plus fidèles, de renouer avec Virginie Sevran et Pierre. Quel a été votre état d’esprit en écrivant ce qui sera la dernière affaire de votre duo d’enquêteurs ? 

 

Retrouver Sevran et Biolet ainsi que leurs acolytes, Dombard, Kervan et Ortiz, était pour moi une évidence. J’ai passé de très bons moments d’écriture avec eux ces trois dernières années et je m’y suis beaucoup attachée. Je connais tout d’eux, de leurs pensées profondes, et cette intimité m’interrogeait. Je voulais savoir s’ils pouvaient encore me surprendre. La réponse est oui, heureusement ! Cette nouvelle affaire va être très perturbante pour chacun d’eux, et sans doute parviendront-ils à y faire face grâce à la force du groupe qu’ils constituent. Mais il était aussi important pour moi de les faire évoluer. Virginie Sevran est la mère d’une enfant, Manon, qui est pratiquement une pré-adolescente, et la commandant ne pourra jamais cesser de ressentir cette enquête comme un immense vertige, car elle va être très chahutée par ce qu’elle va découvrir. Pierre Biolet, lui, devient l’heureux papa d’un petit Théo qui a été très désiré. Quant au lieutenant Dombard, il va faire preuve d’une certaine sensibilité, voire de psychologie dans ce roman. L’idée d’amener ce personnage là où on ne l’attendait pas forcément m’a beaucoup plu. En revanche, ce sera, en effet, la dernière enquête du duo Sevran et Biolet. Et pour être honnête, les choses ont évolué dans un sens que je n’avais pas prévu, mais l’histoire a imposé ses choix et c’est à elle d’avoir le dernier mot. 

Fleuve éditions
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