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Par Black River, publié le 03/05/2022

Interview de David Guélou, Directeur de Collection de Black River

David Guélou, Directeur de Collection du nouveau label comics Black River, se livre à vous en quelques questions-réponses !

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle David Guelou et je suis le Directeur de Collection de Black River, la 52e maison d’édition du groupe Editis, spécialisée en comics. 

 

Quel le nom de ton personnage de comics préféré et pourquoi ?
Il y en a tellement. Ça va être dur de n’en choisir qu’un seul. Si je dois me référer à mes choix d’enfant, je pense que je choisirais Captain America. Ça a l’air un peu niais à cause de l’aspect boy scout du personnage mais il s’agit vraiment d’un personnage fascinant. Contrairement à la version du cinéma, il n’a aucun super pouvoir. J’entends déjà les hurlements de plusieurs fans qui affirmeront le contraire, mais il n’en est rien : le Captain America des comics n’a aucun super pouvoir ; il est simplement physiquement au maximum des capacités humaines sur tous les plans : endurance, force, rapidité, réflexes… 

 Il y a une autre dimension qui me fascine : le personnage de Captain America, une fois sorti de l’état d’hibernation dans lequel il était plongé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, se retrouve confronté à un monde vraiment très différent de celui qu’il a connu et pour lequel il s’est battu. Cet anachronisme en fait quelqu’un de touchant, qui remet en cause constamment ce qu’il y a autour de lui. On pourrait le croire aveuglement patriotique, mais il n’en est rien. Captain America est l’un des personnages les plus progressistes politiquement et socialement. Le 20 décembre 1940, Captain America frappe Adolph Hitler d’un crochet du droit sur la couverture de son premier numéro, soit un an avant l’attaque de Pearl Harbor. L’Amérique n’est pas encore en guerre, et cette prise de position politique forte de la maison d’édition Timely (ancêtre de Marvel) sera suivie d’une série de menaces écrites, téléphoniques et même physiques à son égard. Cette hostilité ne prendra fin que grâce à l’intervention du maire de New-York de l’époque, Fiorello La Guardia. Une décennie plus tard, Captain America s’oppose à la guerre du Vietnam.

Chaque mois, un afro-américain figure sur la couverture de son magazine, qui sera renommé Captain America and the Falcon à une période où la France n’en est encore qu’à « Ya bon Banania ». En 1974, Captain America dénonce de façon détournée le scandale du Watergate. Dans les années 80, il défend un ami homosexuel, puis quelques années plus tard, tandis que le gouvernement fédéral tente de le forcer à devenir officiellement un soldat, il prend conscience que ce gouvernement ne représente plus son idéal américain. Il démissionne alors, abandonnant bouclier et costume pour continuer le combat à sa façon, sous une autre identité. Dans le courant des années 2000, il s’oppose à une version à peine maquillée du Patriot Act dans la version comics de Civil War.

Il représente un idéal de façon iconique, un peu comme Superman mais avec des limites humaines. C’est un peu facile de faire de grandes leçons lorsqu’on peut détruire une montagne en éternuant ! 

 

Quel est le super-pouvoir que tu aimerais avoir et pourquoi ?
Là encore, c’est très dur de choisir. À l’heure actuelle, j’opterais pour la téléportation. Je passe mon temps à me déplacer d’un continent à l’autre et d’un pays à l’autre et vu ce qui s’est passé dans le monde ces deux dernières années, la logistique a été plus que compliquée ! Donc avoir la capacité de me matérialiser n’importe où dans le monde sans avoir à prendre les transports me ferait gagner énormément de temps et ça serait bien plus agréable ! Envie d’aller manger une bonne pizza ? Hop ! Rome ! Se reposer le temps d’un week-end ? Pourquoi ne pas se téléporter dans un endroit ensoleillé avec la mer ?!

 

Peux-tu décrire en quelques phrases ton rôle au sein de Black River, en tant que Directeur de Collection ?
C’est vrai que le métier de « Directeur de Collection » ne parle pas forcément aux gens. Pour faire simple, mon rôle est d’être à l’affût de comics qui pourraient avoir leur place chez Black River. 

Donc je passe mon temps à chercher, par tous les biais possibles, des comics intéressants. Je rigole parce que je sens que plusieurs personnes vont se dire « Ah ouais d’accord ! En gros, son boulot c’est de lire de comics et en plus il est payé ! ». À ceci, j’ai envie de répondre « Absolument ! Et demain on me payera pour boire du coca et jouer à des jeux vidéo ! ». Plus sérieusement, il s’agit vraiment de fouiller, de se renseigner sur les auteurs, sur les tendances, sur la manière dont certains médias affecteront le marché, de lire des piles et des piles de choses que je n’aurais jamais découvertes autrement. Ensuite, il faut prendre la masse d’informations pour la rendre digeste et la présenter aux décisionnaires de la maison d’édition.

Heureusement, je ne suis pas seul dans ce processus car je travaille main dans la main avec une personne chargée de la coordination éditoriale. Ensuite, il y a tout un suivi logistique et juridique, mais cette partie n’est plus vraiment de mon ressort. Cela n’est pas pas plus mal, car j’habite en Californie l’essentiel de l’année et ce serait compliquer à gérer à distance. En général, un Directeur de Collection n’est jamais complètement de repos : il y a toujours un truc intéressant à voir de plus près ou quelque chose dans la pop culture qui a un lien avec ce que l’on fait directement ou indirectement. 

 

Dans quelle ville de comics rêverais-tu de vivre ?
Déjà, on va éviter les villes vraiment dangereuses, parce que Gotham ou encore le New York City de l’univers Marvel, c’est hors de question ! J’aurais toutes les chances de mourir rapidement, soit tué par un clown assassin durant sa sortie hebdomadaire, soit écrasé sous les décombres d’une énième attaque extraterrestre. À vrai dire, toute ville avec des super héros représente un danger mortel pour ses habitants. 

Je pense que l’un des rares lieux à ne pas être trop dangereux, voire même agréable serait Themyscira, l’île de Wonder Woman. Il y a pire : des femmes qui n’ont pas vieilli depuis plus de deux millénaires, amatrices de philosophie, d’art et de sciences, loin d’être désagréables à regarder et toujours prêtes à défendre leur île paradisiaque. Il semblerait, en outre, qu’il y fasse constamment beau et que les plages soient superbes. Bon, la technologie me manquerait mais au moins, je ne risquerais pas ma vie à chaque instant !

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