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Par Fleuve éditions, publié le 02/03/2022

Interview Jérôme Camut et Nathalie Hug

Nathalie Hug et Jérôme Camut signent, avec Nos âmes au diable, un thriller coup de poing qui marquera les mémoires. À l’occasion de cette publication chez Fleuve Éditions, ils répondent à nos questions.

1/Avec Nos âmes au diable, vous abordez un sujet très sensible, à savoir la disparition d’un enfant, et vous nous ouvrez ainsi les portes de l’insoutenable, vous poussez le lecteur dans ses derniers retranchements. Comment vous est venue l’idée de ce roman ?

Regarder les gens vivre, c’est la base de notre travail. Pour animer des personnages de papier, les rendre attachants, terrifiants ou détestables, il faut connaître la nature humaine. Et dans cette espèce qu’est l’humanité, il y a des individus dont le devenir nous préoccupe particulièrement, ce sont nos enfants. Comme beaucoup de parents, il nous arrive de penser à un monde où ils n’existeraient plus, et cette idée nous est insupportable.

Pour poursuivre sur la genèse de ce roman, écrire permet de vivre par procuration, de déposer un fardeau, d’approcher l’insoutenable sans jamais vraiment s’y exposer. L’idée naît en partie de la volonté de nous confronter dans l’écriture à ce que l’on ne supporterait pas dans la vie.

Mais pas uniquement. Ces dernières années, de nombreux crimes ignobles ont impliqué des enfants et des adolescents. Nous nous sommes demandé où les proches trouvaient la force de continuer à vivre, et pour certains d’accorder leur pardon aux coupables. Tant de gens différents sont impactés par ces affaires. Les victimes elles-mêmes, leurs proches, leurs amis, les enquêteurs, mais aussi les familles des assassins.

Et puis, nous avions également envie de créer le personnage d’une mère, une femme qui bascule dans l’horreur et qui se relève pour être à nouveau confrontée à l’indicible. Comment traverse-t-on ce que l’on imagine de pire ? Plusieurs fois ? Et comment ressort-on d’une telle épreuve ?

L’idée de Nos âmes au diable, c’est un peu tout ça à la fois.

 

2/Une des vraies forces de ce polar, c’est que vous mettez tout en place pour que l’immersion soit totale. Les descriptions sont efficaces, les personnages bien campés, l’intrigue parfaitement ficelée. Quelles ont été vos sources d’inspiration pour nous livrer une intrigue aussi réaliste ?

Les gens ! Nous aimons les regarder vivre, essayer de comprendre ce qui les pousse à agir de telle ou telle façon. Asseyez-vous à une terrasse de café et observez autour de vous. Attachez-vous à une personne en particulier et demandez-vous d’où elle vient, ce qu’elle a vécu, si elle est heureuse ou non, si elle le sera ou l’a été. Il y a tant de détails à observer chez une seule personne… Les rides qu’elle a sur son visage, sa manière de se mouvoir, d’évoluer au milieu des autres, d’observer le monde. C’est passionnant d’essayer de deviner l’autre. Chacun de notre côté, nous avons développé dans l’enfance cette manie de décortiquer les gens, de les « passer au laser », d’apprendre à prévoir leurs réactions. Et cette habitude ne nous a jamais quittés.

La véritable source d’inspiration des romans, c’est la vie. Ensuite, parce qu’il faut une matière sur laquelle bâtir, nous nous sommes documentés, pour avoir le point de vue des victimes, des juges, des avocats, des sociologues, et des coupables et de leurs proches.

 

3/Le final de votre roman est complètement inattendu. Il nous coupe littéralement le souffle après quelques centaines de pages intenses durant lesquelles s’installent une atmosphère extrêmement pesante et un réel malaise. De quelle manière construisez-vous votre trame narrative pour créer cet effet de surprise ?

Nous nous posons en permanence des questions sur l’histoire, les personnages. Nous discutons longtemps avant de choisir le point de vue, d’établir s’il y en aura un ou plusieurs, et qui sera le principal narrateur. En l’occurrence, dans Nos âmes au diable, nous avions l’un comme l’autre envie d’écrire à la première personne. Ensuite, tout au long de la rédaction, nous continuons de réfléchir à la direction que prend l’intrigue, ses rebondissements, ses surprises. Nous cherchons une forme de singularité, nous aimons surtout bouleverser nos lecteurs, les interroger aussi. Et pour y parvenir, il est fondamental que les personnages soient cohérents. Alors nous prenons le temps de les façonner. Ce sont eux, en définitive, qui trouveront des ressources pour surprendre. Il faut en faire des héros crédibles, avec une façade pour les autres, une face cachée, des traumatismes, des talents et des handicaps. Au bout d’un moment, nous finissons par penser à eux comme s’ils étaient des amis.

 

4/Dans le paysage littéraire, rares sont les auteurs qui écrivent en duo. Pouvez-vous nous en dire plus sur le processus d’écriture d’un roman à quatre mains ?

Avant toute chose, précisons que nous ne pouvons parler que pour ce qui nous concerne : l’écriture est comme notre mariage, heureux et sans compromis. Chacun travaille comme il aime, fait ce qu’il préfère dans l’écriture, en parfaite harmonie avec l’autre… Construire l’histoire et les personnages passe par beaucoup d’échanges passionnés, parfois stériles, souvent excitants ! En revanche, écrire reste un travail solitaire. Même à deux, chacun écrit dans son coin.

Pour comprendre comment nous fonctionnons, envisagez le roman comme une sculpture. L’un de nous deux apporte la matière première, le texte initial, le premier jet. Le second, quant à lui, reprend cette matière, réécrit, coupe, redistribue les idées. À force d’y revenir, de rediscuter l’histoire, parfois même d’en amender des pans entiers, une forme s’impose, des personnages s’affinent, et la statue émerge peu à peu.

Pour finir, le roman que vous lisez est de nous, pas de l’un + l’autre.

Nos âmes au diable : Thriller psychologique - Nouveauté 2022
Mi-juillet, Sixtine, dix ans, disparaît sur une plage de l’île d’Oléron. Pour Jeanne, sa mère, c’est tout son monde qui s’écroule. Elle s’en veut d’avoir été trop accaparée par son métier. Elle en veut à son mari, qui aurait dû surveiller leur petite brune aux yeux bleus, mais qui a failli, trop occupé à donner un énième coup de canif dans leur contrat de mariage.
Lorsque les recherches conduisent finalement à un multirécidiviste connu par la justice pour le viol de quatre fillettes, Jeanne comprend que rien ne sera jamais plus comme avant. Et son travail de résilience s’annonce d’autant plus long que le corps de Sixtine n’a jamais été retrouvé.
Une absence qui laisse planer comme une incertitude… Et si la vérité s’avérait plus sordide et glaciale encore que la mort d’un enfant ?

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