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Par Belfond, publié le 13/04/2018

[Interview] Karine Giebel s'attaque au sujet tabou de l'esclavage moderne en France

Interrogée au festival Quais du Polar à Lyon à l'occasion de la parution de son thriller Toutes blessent, la dernière tue, Karine Giebel revient sur son choix d'y traiter de l'esclavage domestique à travers le personnage de Tama. Un sujet qui lui tient à coeur et sur lequel elle s'est longuement documentée.

Interrogée au festival Quais du Polar à Lyon à l'occasion de la parution de son thriller Toutes blessent, la dernière tue, Karine Giebel revient sur son choix d'y traiter de l'esclavage domestique à travers le personnage de Tama. Un sujet qui lui tient à coeur et sur lequel elle s'est longuement documentée.

Grande collectionneuse de prix littéraires et maître ès thrillers psychologiques, Karine Giebel est notamment l’auteur de Meurtres pour rédemption et Purgatoire des innocents. Avec Toutes blessent, la dernière tue, elle livre un polar noir, puissant et engagé, qui ne manquera pas de vous marquer.

 

Dans Toutes blessent, la dernière tue, la thématique de l'esclavage moderne est traitée de façon très réaliste. Comment avez-vous l'avez-vous choisie et travaillée ?


Karine Giebel : J'avais envie d'écrire un roman sur l'esclavage moderne. A titre personnel, je m'intéresse beaucoup aux droits de l'Homme, c'est un sujet que j'étudie depuis très longtemps. L'esclavage moderne est un malheureusement un sujet très vaste, et j'ai choisi la facette de la servitude domestique, dont on parle assez peu parce que tout cela se passe en huis clos et qu'on a l'impression que "c'est pas si grave que ça" - c'est ce que j'ai beaucoup lu.

J'ai commencé par beaucoup de lectures, et ensuite j'ai contacté une association qui s'appelle l'OICEM, l'Organisation Internationale Contre l'Esclavage Moderne. J'ai eu la chance de longuement parler avec la Présidente de cette association, qui m'a apporté une aide précieuse et m'a raconté beaucoup de choses. Elle m'a bien expliqué les mécanismes d'asservissement, et j'ai lu beaucoup de témoignages qu'elle m'a envoyés. Ca m'a beaucoup aidée. Ca m'a permis d'être assez réaliste dans la description de cette servitude domestique qu'on peut trouver en France. Ce qui était intéressant aussi, c'était de savoir que ça ne se passait pas que dans les milieux favorisés, les beaux quartiers ou le monde diplomatique, ça se passait aussi dans les cités défavorisées.

Mes romans ne sont pas forcément que du divertissement : c'est du polar, mais un polar qui parle de la société qui nous entoure, de la nature humaine. Ce genre de thème me permet, en tant qu'auteur, de parler de choses qui m’interpellent, qui me révoltent, qui me posent question.

Dans Toutes blessent, la dernière tue avec le personnage de Tama comme dans Meurtres pour rédemption avec le personnage de Marianne, on ressent beaucoup d'empathie. Qu'est-ce qui fait qu'on s'attache à ces personnages ?

Pour Tama, Marianne et d'autres de mes personnages, j'essaie d'être au plus près d'eux, comme si j'étais avec eux. Je pense que, quand le lecteur lit le livre, il se trouve aussi avec mes héros, avec Tama, Marianne. Il a l'impression de vivre ce qu'elles vivent à leurs côtés, comme s'ils étaient assis à côté d'elles ou emprisonnées avec elles. C'est le but : que le lecteur partage tous leurs sentiments, leurs rêves, leurs espoirs, tout ce qu'elles ressentent. En tant qu'auteur, c'est ce que j'essaie de faire pour moi, parce que j'ai besoin de ressentir beaucoup d'émotions quand j'écris. Je pense que toutes ces émotions que j'ai traversées pendant l'écriture, le lecteur les retrouve pendant la lecture.

Belfond

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