[Interview] La première rentrée littéraire de Vincent Villeminot

Connu pour ses ouvrages à destination des jeunes lecteurs, Vincent Villeminot fait cette année sa première rentrée littéraire avec Fais de moi la colère, récit puissant et poétique sur le désir sous toutes ses formes. Il nous livre aujourd'hui les raisons qui l'ont poussé à écrire ce roman.

Pourquoi avez-vous écrit ce livre ? Qu’avez-vous souhaité transmettre aux lecteurs en l’écrivant ?

L’histoire de Fais de moi la colère a commencé environ un an après mon installation sur les bords du lac Léman. Après une année à regarder ses eaux, et ses saisons, tout en menant mon travail d’auteur, j’ai commencé à « voir » des morts qui flottaient, à imaginer quelle serait la vie des habitants des rives, s’il fallait récolter ces corps, chaque matin. Le genre de « visions » habituelles pour un romancier ("que se passerait-il si, un matin…") mais dont je ne comprenais pas, cette fois, le sens.

Moi qui d’ordinaire trouve d’abord des personnages, des vies, des situations, j’ai commencé à écrire sans savoir. Petit à petit, quelque chose s’est précisé, dans le sens du texte – autour du blanchiment d’argent –, et dans sa forme : une histoire s’écrivait, mais parfois en vers ; elle appelait un dialogue, des réponses…

Cela m’a demandé dix ans, et une dizaine de versions radicalement différentes du manuscrit, pour trouver Ézéchiel et Ismaëlle, fixer ces deux personnages, leur histoire, leur rencontre. Aujourd’hui, ils sont pour moi tout ce qui compte, bien plus que les morts qui flottent.

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Vincent Villeminot, quarante-six ans, a longtemps vécu au bord du lac Léman. Un temps journaliste-reporter, il est romancier depuis dix ans, pour les adolescents et les jeunes adultes. Il est notamment l’auteur de U4. Stéphane et Instinct, tous deux parus chez Nathan/Syros. Fais de moi la colère est son premier roman en littérature générale.

Le jour où son père, pêcheur de longue date, se noie, Ismaëlle se retrouve seule. Seule, vertigineusement, avec pour legs un métier d’homme et une chair de jeune fille.
Mais très vite, sur le lac franco-suisse, d’autres corps se mettent à flotter. Des morts nus, anonymes, par dizaines, par centaines, venus d’on ne sait où — remontés des profondeurs de la fosse.
C’est en ces circonstances qu’Ismaëlle croisera Ezéchiel, fils d’un « Ogre » africain, qui a traversé les guerres du continent noir et vient sur ces rives affronter une Bête mystérieuse.

Fais de moi la colère est le récit halluciné, à deux voix, de leur rencontre, et de la partie de pêche qu’ils vont mener — échos lointains de Moby Dick. Une partie de pêche où le désir, la convoitise, le blanchiment, les génocides, sont autant de Léviathans. Mais où la joie, comme les larmes, pourra gonfler les ventres.

En librairie le 30 août