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Par Presses de la Cité, publié le 15/02/2019

Interview Marie-France Desmaray, "Les Amants de la Rivière-Rouge"

L'auteure Marie-France Desmaray nous invite avec son roman Les Amants de la Rivière-Rouge, paru aux Presses de la Cité dans la collection Terres de France, à la découverte de la province du Manitoba, à l'ouest du Québec. Une saga généreuse et vibrante célébrant le courage des pionnières. Pour l'occasion, l'écrivain a répondu à quelques-unes de nos questions.

L'auteure Marie-France Desmaray, nous invite avec son roman, Les Amants de la Rivière-Rouge, paru aux Presses de la Cité dans la collection Terres de France, à la découverte de la province du Manitoba, à l'ouest du Québec. Une saga généreuse et vibrante célébrant le courage des pionnières. Pour l'occasion, l'écrivain a répondu à quelques-unes de nos questions.

Comment êtes-vous venue à l’écriture de ce roman ?

A l’origine, j’avais écrit un texte court, à savoir le prologue du roman actuel, en vue de participer à des concours de nouvelles. Un ami auteur, après lecture, m’a conseillé de prolonger l’écriture pour en faire un roman. La suggestion avait de quoi séduire, mais n’en demeurait pas moins ambitieuse ; jusqu’alors, je n’avais publié que des contes ou nouvelles. Les débuts ont été compliqués, étant partie de rien. Je me suis laissé porter par mes personnages et petit à petit l’écheveau a déroulé ses fils. Au fur et à mesure que je progressais, Louise, Rose et Juliette m’entraînaient derrière elles. Je m’imaginais dans leur peau, j’entrais dans leur vie.

 

Aviez-vous des romans de référence pour écrire votre saga des Amants de la Rivière-Rouge?

Grande lectrice depuis mon plus jeune âge, je me suis très vite enflammée pour les grandes sagas familiales. Je me souviens encore avec émotion de la série des Jalna. Je devais avoir seize ou dix-sept ans quand j’ai lu dans la foulée les seize livres de poche ; quelques années plus tard, j’ai versé beaucoup de larmes après avoir terminé les cinq tomes de La Lumière des justes d’Henri Troyat. Récemment, la trilogie québécoise de Marie Laberge Le Goût du bonheur, dévorée lors de vacances estivales, m’a enthousiasmée et redonné le goût de ces histoires dans lesquelles les personnages voguent au gré de la grande Histoire.

 

Comment écrivez-vous ? Avez-vous des rituels ?

Je m’installe devant l’ordinateur… généralement mon petit chat ne tarde pas à venir s’allonger sur la table à mes côtés, quand ce n’est pas sur la souris de l’ordinateur ! J’ai en permanence à côté de moi un carnet de notes sur lequel j’inscris les idées qui me viennent et les références éventuelles trouvées sur le net ou dans les livres. Les idées peuvent me venir la nuit, alors je me lève pour les noter. Les longs voyages en voiture sont aussi pour moi des sources d’inspiration, mon esprit vagabonde et m’offre souvent de belles idées.

Quand j’ai commencé l’écriture des Amants de la Rivière-Rouge, j’avais un travail de commerciale qui me prenait beaucoup de temps et d’énergie, je ne pouvais me consacrer au roman que le dimanche et le lundi, mes jours de congé. Maintenant, j’ai plus de disponibilités, ce qui est une chance inouïe.

 

Louise est une jeune pionnière qui quitte sa Vendée pour les grandes plaines du Manitoba… Pourquoi avoir choisi le Manitoba, région peu connue du Canada, et pas le Québec ?

Ce fut une véritable gageure de choisir la province du Manitoba qui m’était totalement inconnue. En revanche, j’étais déjà allée en vacances au Québec, il y a de nombreuses années, donc la logique aurait voulu que je parte dans cette direction, d’autant qu’en France, quand on parle de francophonie et de « belle province », on pense au Québec. C’est dans l’inconscient, peu de personnes imaginent qu’il existe des francophones au Manitoba, en Alberta ou dans la Saskatchewan.

Et pourtant… Un de mes amis ne tarissait pas d’éloges sur le Manitoba, province où il avait séjourné en plusieurs occasions d’où il avait rapporté de nombreux reportages photographiques. Grâce à lui, j’ai découvert l’existence d’une francophonie fortement ancrée, puisant ses origines dans l’histoire des grands voyageurs – les coureurs des bois à l’époque de la traite des fourrures – et des familles françaises qui par la suite sont venues créer les premiers villages de l’Ouest canadien. Quand il s’est agi de faire partir Louise au Canada, je n’ai pas hésité une seconde pour choisir le Manitoba comme lieu d’ancrage.

 

Comment avez-vous procédé ? Y avez-vous vécu ou cherché de la documentation pour les lieux ?

Cela m’a demandé un important travail de recherche, sur une période à la fois proche et lointaine – le début du XXe siècle –  où les documents Internet ne sont pas légion et les ouvrages de référence quasi inexistants – du moins concernant le Manitoba.

Mes premières quêtes sur le Web m’ont menée vers un site manitobain qui proposait à la vente le livre « Saint-Claude en photos, du début du siècle à nos jours ». Dans cet ouvrage réalisé par l’office du tourisme local de ce village francophone du Manitoba (jumelé avec Saint-Claude dans le Jura), les auteurs avaient collecté toutes les photos depuis la création du village, à la fin du XIXe siècle, jusqu’à notre époque : photos des écoles, des commerces, des fermes, des églises, des institutions… mais aussi photos de familles entières posant dans les costumes traditionnels de la région d’où ils étaient originaires (des Bretons notamment), photos d’enfants dans les écoles, d’ouvriers agricoles, etc. Bref ! Une somme impressionnante d’informations visuelles pour moi qui n’arrivais pas à me représenter les paysages et villages de l’époque.

J’ai commandé à ce même office du tourisme d’autres livres, très intéressants par leur apport historique. Et j’ai sympathisé avec un responsable local, Monseigneur Bazin, prêtre à la retraite ayant des origines poitevines, avec qui j’ai eu de nombreux échanges pendant l’écriture du roman et même après.

Parallèlement, j’ai été mise en contact avec Jacqueline Blay, une historienne manitobaine reconnue qui m’a inlassablement relue et corrigée, au fur et à mesure de mon avancée, et apporté de précieuses informations pour étayer mes sources.

Il me faut enfin citer le journal « La Liberté », premier journal francophone du Manitoba, dont l’ensemble des numéros hebdomadaires publiés depuis sa création, en 1913, ont été entièrement numérisés ! Imaginez-vous ce que cela représente comme informations, semaine après semaine, et la mine de renseignements que j’ai pu y puiser. La moindre réclame par exemple, pouvait me donner des indications sur le coût des vêtements ou des denrées alimentaires.

 

C’est un roman d’aventures, un portrait de femmes mais aussi un roman fort sur le secret de Louise et le thème de la résilience…

Oui, dès les premières lignes, le lecteur est confronté à un secret de famille très lourd à porter pour Louise, jeune fille de quinze ans. Elle doit faire un choix, décide d’assumer seule la future naissance de sa petite fille, Rose.

J’avais envie d’évoquer les non-dits, si fréquents autrefois dans les familles, que ce soit dans les contrées rurales ou urbaines. Je ne pense pas que le parcours de Louise soit un cas isolé. A cette époque et jusqu’à une période très proche de nous, les secrets étaient bien gardés dans les alcôves, seul le curé pouvait éventuellement obtenir certains aveux dans le secret du confessionnal.

Louise se retrouve seule dans ce long chemin de résilience. Elle doit se reconstruire loin des siens, dans une région éloignée, la Charente en premier lieu, puis le Canada ensuite, tout en gardant au fond de son cœur le secret lié à la naissance de Rose.

Inévitablement, à un moment de sa vie, elle aura envie de crever l’abcès, revenir en Vendée pour enfin délier les nœuds des douloureux souvenirs qui la hantent. Cette même envie de revenir aux sources que connaîtra Rose, lorsqu’elle sera en âge de vouloir comprendre elle aussi ses origines.

 

Envisagez-vous une suite des aventures de Louise et de sa fille Rose ?

Les lecteurs m’ont fait changer d’avis ! Au début, je n’envisageais pas du tout une suite. J’avais envie de passer à un autre roman. Puis, petit à petit, l’idée a fait son chemin dans mon esprit, grâce aux retours enthousiastes des lecteurs, lors des rencontres-dédicaces. Donc oui, je peux dire qu’il va y avoir une suite, pour laquelle j’ai déjà commencé à prospecter des sources, avec l’aide de Jacqueline Blay au Manitoba, ravie à l’idée que je parle à nouveau de sa province.

Cette fois-ci, Rose en sera l’héroïne principale et je vais parcourir la période d’avant la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1950, peut-être 1960. Je m’en réjouis déjà, car cette période est passionnante et riche en évènements. Nous retrouverons forcément Louise, Juliette et Marius que les lecteurs ont tant aimés, et de nouveaux personnages que je vais m’efforcer de rendre aussi attachants.

Vous avez un point commun avec votre héroïne, Louise, surnommée « Louise des cocottes » dans le roman et qui excelle aux fourneaux. Vous êtes passionnée de cuisine, vous animez des ateliers de cuisine en Vendée. Quand cette passion est-elle née ?

J’ai hérité du goût de la cuisine grâce à maman, elle-même grande cuisinière. Certains me surnomment même Marie-Cocotte. Cette passion s’est accentuée lorsque j’ai créé en 2007 mon blog de cuisine – Une cuillerée pour papa – que je continue toujours d’alimenter régulièrement. Par la suite, j’ai publié de nombreux ouvrages culinaires, sous mon véritable patronyme – Marie-France Bertaud –, et je propose aussi des animations culinaires aux particuliers et professionnels de ma région, la Vendée. J’avais depuis longtemps l’idée d’écrire un roman culinaire, faire de Louise une cuisinière m’a amusée.

 

 

Marie-France Desmaray est également une grande cuisinière, elle vous livre ses meilleures recettes dans l'article Petit clin d’œil gourmand : Trois recettes de Marie-France Desmaray !

 

Découvrir le roman Les Amants de la Rivière-Rouge.

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