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Par Hors collection, publié le 24/10/2019

Johnny Hallyday : Greg Zlap revient sur sa rencontre avec le chanteur et la naissance de leur complicité sur scène

En arrivant en France, l’harmoniciste polonais Greg Zlap n’avait jamais entendu parler de Johnny Hallyday, l’icône du rock français. Quelques années plus tard, leurs chemins vont se croiser pour ne se séparer qu’à la mort du chanteur, 281 concerts plus tard… Greg Zlap revient avec émotion sur les débuts de leur amitié.

Allumer le feu, Que je t’aime, Je te promets… on a tous en nous quelque chose de Johnny Hallyday !

Greg Zlap l’a découvert à la fin des années 80, lorsqu’il quitte sa Pologne natale pour s’installer à Paris. Il en entend d’abord parler à la télé, puis il enregistre la BO du film Entre chiens et loups dans lequel joue le chanteur en 2001. En 2007 il espère le croiser alors qu’il enregistre des maquettes pour son prochain album, mais Johnny n’est pas présent à la séance… quelques jours plus tard un coup de fil marquera le destin de Greg Zlap : Yvan Cassar, pianiste, compositeur et arrangeur qui travaille avec Johnny lui annonce que ce dernier a écouté les maquettes et complètement craqué sur lui ! Cette fois c’est sûr, leurs chemins vont se croiser…

Dans Sur la route avec Johnny, le musicien évoque tous les souvenirs des moments passés auprès de l’idole des jeunes : des répétitions de concerts aux moments les plus intimes, leurs vies ont été liées par 10 années de complicité qu’il nous raconte avec émotion :

Greg Zlap se remémore leur première rencontre

"17 septembre 2007. Yvan Cassar fait de nouveau appel à moi pour une séance d’enregistrement. Il s’agit de la célèbre publicité Optic 2000. Le film se passe sur la Route 66, au son de La musique que j’aime. J’entre dans le studio et, cette fois, je tombe sur Johnny Hallyday en personne.

C’est la première fois que je le vois. Il est assis, en train de signer des photos. Il me paraît plus âgé que ce que j’imaginais, mais il est tellement impressionnant ! Johnny se lève pour me saluer, il est plus grand que moi.

'Tu peux me tutoyer, tu sais. Dis-moi, Greg, tu joues sur les Marine Band ?'

Tiens, c’est extrêmement rare de trouver quelqu’un qui s’intéresse vraiment à l’harmonica. Je suis très surpris que Johnny me parle d’un modèle si particulier. Le Marine Band Hohner est l’archétype de l’harmonica blues. Comment le connaît-il ? On se met à parler de musique, du blues, et on en oublie presque le temps qui passe. Johnny me raconte sa rencontre avec Jimi Hendrix dans un restaurant de Londres.

'J’étais avec Otis Redding, quand j’entends ce gars jouer de la guitare. Il était formidable. C’était Jimi Hendrix, encore inconnu. Alors je vais le voir et je lui propose de faire les premières parties de ma tournée en France. Après, on a chacun repris "Hey, Joe". Lui était le numéro 1 en Angleterre et moi, le numéro 1 en France.'

Johnny éclate de rire en évoquant ce souvenir et moi, j’ai des étoiles plein les yeux. Je suis en face d’un homme qui non seulement connaît le blues, mais qui fait lui-même partie de l’histoire de cette musique."

Si les deux artistes prennent plaisir à échanger sur leur passion commune, les minutes tournent et Greg Zlap est quand même là pour enregistrer, face au regard intimidant de Johnny, La musique que j’aime qui sera la BO de la publicité.

Une audition que Greg Zlap n’est pas près d’oublier

"Je m’installe dans la cabine d’enregistrement avec un casque sur les oreilles et mon harmonica à la main. On teste le son. En face de moi, derrière la vitre, se tient Johnny Hallyday, les bras croisés et le regard bleu acier fixé sur moi. Son expression ne laisse rien deviner. Je ne sais pas s’il est là pour m’encourager ou pour me déstabiliser. Qu’est-ce que je ressens à ce moment-là ? Malgré toute mon expérience d’harmoniciste, j’ai peur. Tout simplement. Et ça me met en colère. Je viens de le rencontrer et déjà Johnny me met la pression. D’un coup, je ne suis plus sûr de mes choix, de mon son. Il faut se ressaisir.

La séance commence. Je ferme les yeux pour entamer La musique que j’aime avec le sentiment désagréable de passer une audition. Je sors enfin de la cabine. Finalement, je n’en ai fait qu’à ma tête : au lieu de jouer La musique que j’aime, j’ai improvisé un blues que la chanson m’inspirait. Tant pis si Johnny n’aime pas ! Mais le chanteur hoche la tête en signe d’approbation. Il pose la main sur mon épaule, me regarde droit dans les yeux et me fait cette proposition incroyable :

'Greg, tu veux partir en tournée avec nous ?'

La réponse est venue avant même que je puisse réfléchir à la question. J’ai entendu ma voix tremblante balbutier un 'Oui, Johnny, ce serait super'. Dès les premiers instants, j’ai été touché par cet homme qui m’a montré son respect, m’a laissé libre de m’exprimer et qui connaît si bien l’harmonica. Après tant d’années, je suis sûr d’avoir fait le bon choix."

Les mois passent, la tournée se prépare et Greg Zlap rejoint le 12 avril 2009 à Hollywood toute la troupe qui répète déjà depuis 3 semaines. Les premiers jours, il a du mal à trouver sa place à côté des guitares électriques mais le 16 avril, alors qu’ils répètent une chanson culte du catalogue du chanteur, les choses semblent s’améliorer pour l’harmoniciste…

Le solo de Gabrielle

"Quand Johnny vient répéter au studio, ça change tout ! En fait, il ne sait pas répéter. Il saisit le pied de son micro, écarte les jambes, les ancre solidement dans le sol et chante comme s’il était sur scène. Je ne l’ai jamais vu s’économiser sous prétexte qu’il n’y avait pas de public. Le voir chanter à pleine puissance, alors que nous sommes entre nous, suscite mon respect total. Il n’y a pas meilleure école pour apprendre le métier, il suffit de le regarder et de le suivre.

À présent, on va répéter Gabrielle. 'C’est quoi, Gabrielle… ?' je demande discrètement à Johan, à l’orgue à côté de moi. Johnny se tourne dans ma direction.

'Greg, d’habitude il y a la guitare, mais on va changer. Tu peux jouer un solo d’harmonica là-dessus ?'

Le solo arrive vite, après le premier refrain. Je me lance dans l’improvisation en y mettant mes tripes. Je veux impressionner Johnny ! J’ai l’habitude de fermer les yeux pour me plonger davantage dans la musique, je ne pense plus à mon corps quand je joue. J’attends le verdict du Boss avec impatience…

'Dis, Greg, tu ne vas pas rester planté comme un piquet derrière ton micro quand on va faire le show ?'

Ce jour-là, je fais une promesse à Johnny. La promesse de faire le show, de me rouler par terre s’il le faut ! Je comprends que le défi qu’il me lance n’est pas juste de jouer de l’harmonica. Il va falloir que je devienne une véritable 'bête de scène' si je veux impressionner le Patron."

249 concerts plus tard, le 16 mars 2016 sur la scène du Palais 12 à Bruxelles, Greg Zlap livrera un incroyable show sur Gabrielle. Pendant que Johnny salue ses fans et brandit le drapeau belge, le musicien s’époumone devant un public de 15 000 personnes en transe. À la fin de la chanson, au lieu de le présenter à la foule, Johnny le gratifie d’un baiser paternel sur le front, une consécration.

"À l’harmonica, c’est bien sûr le fabuleux, l’unique… Greg Zlap !".

Un moment inoubliable…

 

Greg Zlap, le seul homme capable, avec un simple harmonica, de soulever un stade lors des shows gigantesques de Johnny Hallyday, vous invite à suivre « le taulier » sur scène, dans les loges, en tournée, comme si vous y étiez !
Un carnet de voyage émouvant et inédit.

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