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Par First Editions, publié le 28/09/2022

Le témoignage de Basile Boli, icône du football et de l'OM !

Basile Boli, icône du football et de Marseille, se livre dans un voyage dans le voyage, au cœur duquel il rend un merveilleux et touchant hommage à sa ville d’adoption, ville multiculturelle à nulle autre pareille, à ses comparses de toujours, et à ce patron omnipotent qui l’a tant marqué.

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Deux églises, un Boss


Je suis en défense, à l’arrière du cercueil, et Jean-Pierre est devant. Comme du temps de l’OM, sur le terrain. On vient de sortir de l’église Saint-Germain. Il paraît que c’est la plus vieille de Paris ! Troisième fois que j’y vais ; avant, c’était pour des copains du quartier. Mais là…

Comme le Boss est lourd, dans cette putain de caisse en bois sur laquelle mes mains ne trouvent pas prise ! Hum, qu’est ce qui me prend ? Mes pensées vagabondent dangereusement. Je suis anéanti. Oui : anéanti. C’est pour ça que je suis arrivé tout à l’heure bien avant la messe, préférant faire une halte tout près, au Bar de la Croix Rouge, tenu par un copain à moi. Je ne voulais pas rappliquer avec tout le monde. Je suis moins collectif dans ces funestes instants que jadis sur un terrain. Pour la mort de Tapie, je redeviens le défenseur qui pratique l’individuelle… Et quand j’en sors pour assis¬ter à l’office, sur qui je tombe, là, juste devant moi ? Gégé ! Gérard. Le cuisinier sénégalais du Phocéa, quand le Boss en était, en quelque sorte, le capitaine. Trente ans qu’on ne s’était pas vu ! On s’est embrassé et on est allé ensemble à l’église. Ça m’a remonté le moral. Les enterrements réservent souvent ce genre de surprises, de retrouvailles, comme pour apaiser la douleur, la reléguer un peu plus loin.


Je ne suis pas fan des messes. J’y assiste parfois, rue du Bac, avec mes soeurs qui sont catholiques et très croyantes, his¬toire d’avoir une pensée profonde et partagée pour notre mère. Ici, le protocole a été bien fait. Certains de ceux qui transporteraient le cercueil à la sortie ont été placés devant. Rachida Dati est à ma gauche, Jean-Pierre Papin à ma droite. Sarkozy et Brigitte Macron sont devant Claude Guéant et nous. Je vois aussi que toute la « famille » du foot est là, avec Jean-Michel Aulas et Frédéric Thiriez… Il fallait bien quelqu’un de la trempe du Boss pour faire cohabiter deux ex-adversaires. Je souris quand même intérieurement. Les enterrements réunissent souvent les extrémités… le temps d’une trêve. La trêve des morts.


Ouf, c’est fini. Je suis noué. Dehors, sous un beau soleil d’automne, des gens crient « Merci le Boss » et applaudissent. Cette ferveur me fait tout à coup pleurer ; je m’effondre dans les bras de JPP. C’est comme si Marseille, trente ans plus tôt, venait d’encaisser trois buts coup sur coup par ma faute : je suis K.-O., effaré, hébété. « Les larmes ne se voient pas sous la pluie », dit un proverbe bambara, un peu de chez moi. Et il fait beau… De toute façon, depuis une semaine, elles me viennent à tout bout de champ. Quand Stéphane, un de ses deux fils – celui né de son premier mariage avec Michèle Layec – m’a prévenu jeudi dernier de l’imminence de son décès, je suis allé le voir le lendemain pour l’embrasser une toute dernière fois. Et trois jours plus tard, il n’est plus… C’est dur. Il était allongé dans sa chambre, bien moins constellé d’une myriade de tuyaux et de perfusions que la semaine d’avant. Comme si on l’avait allégé en prévision de ; comme si on s’était résigné à. Sa fille Sophie était là, accueillant les visiteurs avec son chien. Elle a toujours été présente, stoïque, si courageuse. Admirable. Quand je pense que je l’ai connue toute petite et que je la vois là, maintenant, si digne, merveilleusement adulte… Les années passent si vite… C’est elle qui m’appellera pour m’annoncer la terrible et définitive nouvelle. Mais une fois de plus, elle saura trouver les mots. Elle aura veillé son père jusqu’à la fin, lui donnant en quelque sorte le tempo afin qu’il parvienne jusqu’au bout à s’exprimer malgré la douleur, malgré l’inéluctable. Quand je l’ai vu pour la toute dernière fois, je n’ai pu retenir mes pleurs et Bernard m’a murmuré de ne pas m’apitoyer. Il m’a alors soufflé à l’oreille : « Ils m’ont tué il y a quatre ans, mais je suis encore là ! » Quel enragé de la vie ! Quelle pugnacité ! Et dieu, ce bisou partagé, comme je le ressens encore… C’est que j’avais un lien à vie avec le Boss.

 

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Avec la collaboration de Jean-Marie Lanoë.

Mémoires d'hOMme
Le 3 octobre 2021, Bernard Tapie s’ éteint. Sa mort bouleverse Basile Boli, grâce à qui l’OM a remporté la Coupe d’Europe en 1993, d’un coup de tête victorieux devenu légendaire.

Dans le TGV qui le conduit de Paris à Marseille pour un douloureux aller-retour, Basile se souvient.
Déferlent alors les anecdotes qui ont alimenté quatre saisons passées dans le plus frénétique des clubs. Transfert, matches, entraîneurs, mais aussi bringues, copains ; ce qui reste de son aventure lui revient.

Un voyage dans le voyage, au coeur duquel Basile Boli rend un merveilleux et touchant hommage à sa ville d’adoption, ville multiculturelle à nulle autre pareille, à ses comparses de toujours, et à ce patron omnipotent qui l’a tant marqué.

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