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Par Sonatine, publié le 13/02/2018

L'interview de Wendy Walker, l'étoile montante du thriller psychologique

Wendy Walker est l'auteur de Tout n'est pas perdu, paru en 2016 chez Sonatine Editions. Ce premier roman, thriller psychologique par excellence, a su enthousiasmer ses lecteurs grâce à une galerie de personnages complexes et torturés. L'auteur dissèque avec un sens du détail sans faille les méandres du psyché humain. Elle sera bientôt de retour avec un nouveau thriller, Emma dans la nuit. L'occasion de la questionner sur ses inspirations, ses personnages névrosés, sa vision de la famille et des secrets qui l'entourent...

Vous êtes désormais considérée comme un nouveau talent du thriller psychologique ; comment expliquez-vous ce succès fulgurant ?
Le succès de mon roman a peut-être semblé rapide, mais en réalité j’ai écrit pendant de nombreuses années avant de me faire connaître comme auteur de thriller. J’attribue cette réussite aux conseils de mon agente, qui a su percevoir une connexion entre ce que j’écrivais et le genre du thriller psychologique qui s’est développé ces dernières années. Je venais juste d’achever ce qui aurait dû être mon troisième roman de fiction lorsqu’elle m’a expliquée que j’aurais beaucoup plus de succès en écrivant un tout autre roman dans un tout autre genre ! Mettre mon autre projet de côté a été une décision difficile, mais quand je m’y suis résolue, cela m’a permis d’exploiter la part sombre de mon écriture et mon amour pour les intrigues complexes et tordues, peuplées de personnages corrompus. Je suis avocate de formation, mais pour ce roman j’ai étudié la psychologie et me suis confrontée à tous types de troubles psychologiques. Du coup, j’avais les outils et l’état d’esprit nécessaires pour plonger tête baissée dans ce nouveau genre ! J’ai réussi à écrire Tout n’est pas perdu en à peine dix semaines. Et ça a été une belle rencontre entre un genre littéraire et son auteur, du coup je suis reconnaissante à mon agent de m’avoir guidée dans cette direction.

Pourquoi avoir choisi cette histoire précisément ? Et le cadre si particulier de l’île ?
Au moment de développer l’intrigue d’Emma dans la nuit, je me suis retrouvée dans une impasse ! J’avais en tête la situation de départ — deux sœurs disparaissent et l’une d’elles réapparait trois ans après. Il y avait quelque chose dans cette idée qui me fascinait. Puis j’ai trouvé la fin et son développement autour du trouble de la personnalité narcissique. Le reste de l’intrigue, et l’endroit où les deux sœurs sont maintenues captives, devait découler tout seul de ces deux extrémités. Il fallait un lieu difficile à trouver, même si quelqu’un vivait là pendant trois ans. Mais aussi un lieu difficile à quitter, et où les étrangers ne risquaient pas de se promener par hasard. Et bien sûr, il fallait un endroit coupé du monde et des technologies modernes, comme Internet. J’ai fait des recherches et découvert que le Maine possédait une centaine de petites îles le long de la côte. Et, pour y avoir été plusieurs fois, je savais à quoi ressemblait le paysage, et en quoi il pouvait répondre aux besoins de mon intrigue. Il existe tellement de manières différentes pour développer une histoire ! Dans le cas d’Emma dans la nuit, certains aspects du roman ont été dictés par des morceaux d’histoire que j’aimais et voulais faire fonctionner ensemble.

Dans vos deux romans, la narration porte sur le thème de la famille et des personnages adolescents. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
J’imagine que ma formation et mon travail comme avocate en droit familial, ainsi que mes vingt années d’expérience en tant que mère de trois enfants, m’ont orientés vers des situations qui impliquent les membres d’une même famille : c’est un cadre que je trouve passionnant. J’ai toujours été fascinée par les liens entre passé et présent et la manière dont notre enfance nous affecte si profondément. Envisager des personnages d’enfants et d’adultes dans le cadre de la famille me permet d’explorer ce type de problématiques. De plus, je trouve que les enfants en danger, et ceux qui sont corrompus d’une manière ou d’une autre, font vibrer une corde sensible chez le lecteur ; l’histoire devient digne d’être racontée et partagée. Par exemple, avec Tout n’est pas perdu, je me suis d’abord interrogée sur le dilemme qui se pose aux survivants d’un crime : faut-il pardonner ou se venger ? Et puis je me suis dis que ce choix deviendrait terrible si la victime était un enfant, et que c’était à ses parents de trancher. Selon moi, cela rend la question bien plus captivante. Pour Emma dans la nuit, je voulais explorer l’impact du narcissisme sur les enfants parce que la manière dont cette maladie peut circuler dans les familles est aussi un sujet qui me fascine, et je ne crois pas qu’elle ait encore été abordée dans un thriller grand public de ce type.

Dans votre premier roman, vous abordiez les troubles post-traumatiques. Pour celui-ci, vous vous êtes penchée sur les personnalités narcissiques. Votre volonté est-elle de mettre en lumière un cas psychologique spécifique dans chacun de vos livres ?
On pourrait dire que c’est devenu ma marque de fabrique ! Ce n’était pas mon intention lorsque j’ai commencé à écrire Tout n’est pas perdu. Le roman a émergé le jour où je suis tombée sur un article abordant le traitement des syndromes post-traumatique et les médicaments mis au point pour effacer la mémoire. Je me tiens toujours informée grâce aux journaux et à la radio dans l’optique d’alimenter une bonne intrigue ! J’ai emmagasiné un grand nombre d’informations sur les troubles de la personnalité lorsque je travaillais comme avocate en droit familiale. Quand l’idée d’un second livre m’est venue en tête, je me suis immédiatement replongée dans mes connaissances.

Je suis absolument fascinée par ces troubles, la manière dont ceux qui en souffrent parviennent à les cacher sous une apparence de normalité et les solutions qui existent pour les traiter ou les soigner. C’est un véritable défi, parfois, de trouver l’équilibre subtil pour dépeindre la complexité de ces problèmes sans diluer l’intrigue ou ralentir l’action et le suspense. Mais je ressens le besoin de baser mes personnages et leurs actions sur un principe qui existe dans la vie réelle. Je fais toujours vérifier mes manuscrits par des experts dans le domaine psychologique sur lequel j’écris pour être sûre que j’ai respecté les symptômes des patients qui souffrent réellement de ces maladies. C’est pour cela que j’adore écrire sur les problèmes psychologiques – sans compter que ça pimente les discussions littéraires !

 

Sonatine
Sonatine Editions

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