Après sept ans d’absence, Jean-Marc Souvira, policier à la renommée internationale, signe son grand retour avec un roman qu’il mûrit depuis plusieurs années maintenant. Un polar, mais également un récit plein d’humanité qui, sans en avoir l’air, porte un touchant message de tolérance et de bienveillance. À l’occasion de la parution de La Porte du vent, prévue le 5 janvier 2022, il nous fait le plaisir de répondre à nos questions.
1/ Votre livre s’ouvre sur des règlements de comptes entre les communautés juive et chinoise de Paris, une escalade de violence qui échappe aux autorités et qui va vous amener à aborder tout un pan de notre histoire qui est à la fois peu connu et passionnant. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?
La trame de ce roman a pris naissance lorsque je dirigeais l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière à la police judiciaire. Je voyais les deux communautés, juive et chinoise, travailler ensemble sur d’importantes opérations illégales qui se chiffraient en centaines de millions d’euros. Leurs mécanismes bien rodés, fluides, étaient d’une redoutable efficacité. Comment ces clans, aux origines, cultures et modes de pensée si différents, pouvaient-ils se rejoindre ? Finalement, après bien des recherches, j’ai trouvé à quel moment cette rencontre avait eu lieu et dans quelles circonstances, une rencontre qui remonte à loin dans le temps et qui n’est pas banale. Je vous laisse le découvrir dans ce roman que j’ai pris plaisir à écrire.
2/ Cette partie historique vous a, nous l’imaginons sans peine, demandé un important travail de documentation. Comment, ensuite, avez-vous remodelé toute cette matière pour que le réel devienne si romanesque ?
Le travail de documentation a été en effet très important. Pour autant, la consultation des livres et des rares documents sur le sujet ne suffisait pas à nourrir le roman. Pour offrir un souffle de vie à mes personnages, je devais impérativement m’imprégner des lieux où tout a commencé. J’ai alors découvert la vie de ces jeunes juifs et Chinois, compagnons d’infortune pendant la Première Guerre mondiale.
Par ailleurs, j’ai profité de mes missions à l’étranger, notamment en Chine et en Israël, mais aussi en France, pour m’entretenir avec celles et ceux qui pouvaient me livrer des informations et me raconter ce pan méconnu de l’histoire. Ce qui n’a pas été simple, la mémoire des hommes s’effaçant quand l’écrit n’est pas là.
Ensuite, une fois toutes ces données compilées, je me suis attelé à la création de mes personnages, une étape essentielle, car ce sont eux qui ont apporté du romanesque et de l’humanité dans la partie historique du roman.
3/ Dans ce polar ambitieux, sombre et sans temps mort, vous mettez en scène de nombreux personnages, tous très différents les uns des autres, mais tous très forts, attachants, émouvants, y compris ceux qui ont le mauvais rôle. Est-ce qu’il y a un personnage en particulier dont vous aimeriez nous parler ?
Les nombreux personnages, dont certains ont réellement existé et d’autres sont le fruit de mon imagination, animent La Porte du vent. L’humain est un être de nuances et de complexité. Il n’est pas tout noir ou tout blanc. Il est guidé par des émotions, des ambitions, par la colère, par l’amour, etc. Je me suis attaché à chacun au cours de cette aventure, mais deux d’entre eux occupent une place particulière.
Paul Dalmate, tout d’abord. Le commandant de police qui veut comprendre le déchaînement de violence entre ces communautés et tire subtilement le fil de l’intrigue. Il devra aussi se confronter aux tourments de son enfance. C’est un policier profondément empathique et déterminé, au point de mettre sa vie en danger.
Et puis il y a Zhang. Un Chinois d’une vingtaine d’années plein de poésie, de sagesse quand il tisse le lien entre les communautés juive et chinoise, et de bienveillance quand il manie « les aiguilles qui soignent ». Arrivé pendant le conflit de la Première Guerre mondiale, il connaîtra l’horreur des tranchées, et traversera le fracas des armes.