Avec ce plaidoyer pour une vie plus folle, libérée des diktats et autres injonctions au bonheur, Marian Donner souligne le caractère insensé du monde néocapitaliste dans lequel nous évoluons. Une thérapie littéraire pleine de références pop et d’invitations à enfin se laisser aller.
Les livres, séminaires, cours et podcasts sur le bonheur et la « vie healthy » pullulent sur les rayons des librairies. Ils nous disent qu’en somme, si l’on veut être heureux, il n’y a qu’en faire le choix. Il ne tiendrait donc qu’à nous de faire de notre quotidien un émerveillement de tous les instants, avec avocado toast et smoothie détox à portée de main. Or, pendant ce temps, les burn out, dépressions et troubles psychologiques semblent, eux aussi, connaître un essor extraordinaire. À force de consulter les innombrables recettes miracles pour atteindre une félicité promue par les posts Instagram, ne se pourrirait-on pas la vie au lieu de la vivre avec simplicité ?
Pisser dans la soupe choisit de renverser le postulat adopté par cet amas de livres consacrés au développement personnel. Plutôt que de se demander ce qui cloche chez nous, l’auteure néerlandaise Marian Donner nous invite ainsi à examiner ce qui est problématique dans notre société. Les croyances qui circulent dans l’industrie du développement personnel tendent, selon elle, à nous miner en nous persuadant que notre seule option est de maintenir le cap, de ne jamais se laisser abattre. Guidés par l’invitation à nous aimer et à prendre constamment soin de nous, elles nous poussent à une productivité constante.
En invoquant des figures et références de la culture pop (Buffy contre les vampires, Brad Pitt…) tout comme des penseurs et philosophes de renom (Virginia Woolf, Samuel Beckett…), Marian Donner nous enjoint à faire front contre un système qui nous entraîne vers notre perte. Et pour ce faire, cette diplômée de psychologie et chroniqueuse conseille de revenir vers le réel et des attentes réalistes, de se débarrasser des idéaux véhiculés sur les corps modernes. Seule visée : pouvoir à nouveau puer, boire, saigner, brûler et danser sans gêne. Un programme si simple qu’il en est atypique tant nous sommes habitués à des schémas régis par la beauté et le bonheur. Une libération en construction…
L’arrivée d’une nouvelle année s’accompagne bien souvent des traditionnelles bonnes résolutions. Mais avez-vous tenu celles de l’année dernière ? En 2023, on dit adieu aux bonnes résolutions qu’on ne tiendra pas et on décide de passer une bonne année en apprenant à s’aimer sans injonction.