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Par Presses de la Cité, publié le 03/03/2020

Prix Jean Anglade 2020 : 5 finalistes, 5 histoires uniques

Les délibérations de l’édition 2020 du Prix Jean Anglade sont reportées ultérieurement en raison de la crise sanitaire. Ce prix récompensera un primo-romancier ayant mis en avant dans son texte les valeurs chères à l’un des auteurs majeurs de notre maison : humanisme et universalité. Nous allons sans plus attendre vous présenter les cinq heureux finalistes sélectionnés…

Nous avons le plaisir de vous annoncer qu’après une étude attentive de chaque manuscrit, nos cinq finalistes ont été choisis. Parmi eux se cache le futur gagnant ! En attendant, nous vous proposons d’en apprendre un peu plus sur eux et surtout de découvrir en quelques lignes le thème de leur roman. Tous ont eu le courage de se lancer dans cette magnifique expérience qu’est l’écriture et, qui plus est, de s’inscrire à ce prix récompensant un primo-romancier. Quelle que soit l’issue du concours, nous les félicitons tous d’avoir été sélectionnés !

 

 Laissons tout d’abord la parole à Bertrand Touzet, qui nous livre sa touchante vision de l’écriture :

"Né à Toulouse il y a une quarantaine d’années, j’ai grandi au pied des Pyrénées. Après des études supérieures à Nantes, je suis revenu exercer ma profession de masseur-kinésithérapeute dans la région toulousaine. Père de trois enfants, il y a trois ans j’ai décidé d’écrire sur les choses qui me surprennent, qui m’émeuvent, qui me font réagir dans l’existence, dans mon quotidien personnel et professionnel. C’était tout d’abord une démarche personnelle. Faisant lire mes textes à mes proches, j’ai constaté que je pouvais toucher les gens par l’écriture, mon écriture. J’ai donc franchi le cap et envoyé mon texte à une maison d’édition. Mes textes, leur sensibilité, je les dois à ma profession, à ma qualité de père et à un grand-père qui m’a toujours dit que chaque jour est unique et doit être vécu comme tel."

Cette sensibilité et cette attention aux petites choses du quotidien se ressentent dans son texte, Aurore. Récit émouvant et mélancolique sur le temps qui passe et la mémoire :

L’existence d’Aurore et de son fils Nils va se trouver chamboulée par la découverte d’une petite annonce sous un Abribus.

"Vieil homme ne voulant pas finir sa vie seul ou en maison de retraite cherche une personne ou une famille qui voudrait l’adopter. Encore propre et autonome, je cherche quelqu’un qui pourrait m’aider à finir cette vie en tant qu’être humain."

À la rencontre de ces deux solitudes viendra s’ajouter la découverte des premières amours, de tranches d’existence et des éternels regrets. Aurore aborde les âges, les tourments et les joies dont une vie se compose.

 

Notre deuxième finaliste, Thomas Pouteau, nous surprend avec sa double casquette : chroniqueur sportif le jour et écrivain la nuit. Il nous raconte cette double vie qui le satisfait amplement :

"Âgé de vingt-deux ans, né en Mayenne, je réside actuellement à Angers où j’ai obtenu une licence de géographie. J’use le territoire de mes semelles pour rédiger des articles sportifs pour le compte du Courrier de l’Ouest et du quotidien Ouest-France. Auteur d’un livre-témoignage aux éditions Frison-Roche intitulé Je reviens d’une anorexie. Et comment j’ai relevé ce défi, je pratique du sport quotidiennement, j'avale les kilomètres comme les repas gourmets que me cuisine ma mère, je souris, je vaque, j’erre et je vagabonde à plein temps entre le papier jauni et la toile blanche des salles obscures. Je me laisse le temps de vivre et surtout d’écrire."

Ce jeune talent prometteur n’a pas fini de nous surprendre et nous propose un texte très intéressant, avec un ancrage géographique et historique fort, L’Hêtre indigène :

L’Hêtre indigène est l’aboutissement d’un travail d’écriture entamé pour le concours de début de roman du festival Premiers romans organisé à Laval dont j’ai été lauréat. Alors que la société des Charbonnages du nord de la France est en crise aux débuts des années 1990, un jeune immigré maghrébin perd l’ensemble de ses repères le jour où son père décède de la silicose. Aveuglé par la rancœur et le brouillard de charbon qui s’abat inlassablement sur sa bourgade, il tentera tant bien que mal de trouver une raison d’espérer.

 

Notre troisième finaliste, Déborah Fatras, nous parle d’elle et de son roman d’une manière originale :

"Je m’appelle Déborah, je sais que les personnages de roman existent, j’ai rencontré pour la première fois Mathilde et Paul un jour de février, l’année dernière. C’était à ma table de cuisine. Le bois crépitait dans la cheminée et il faisait bon dans la maison. Il y avait des notes de guitare jouées par des mains aimées, des rires d’enfants et des conversations. J’en entendais le murmure.

La veille, l’homme qui habite ma vie, m’avait dit :

— Fais une pause, écris…

J’ai ouvert mon ordinateur. La Curieuse Histoire de Mathilde Udobel est mon premier roman."

Déborah Fatras a 46 ans, elle est installée depuis dix ans dans le sud-ouest de la France où, parallèlement à sa participation au prix Jean Anglade, elle se consacre à l'écriture d'un second récit. Depuis peu, elle travaille dans des serres horticoles, comme un joli clin d’œil à l'histoire de Mathilde.

Pour mieux comprendre les analogies faites par l’auteure, voici un petit aperçu de La Curieuse Histoire de Mathilde Udobel :

Je m’appelle Paul, je suis le fils unique de Mathilde. Je me suis installé pour quelques jours dans la maison où j’ai grandi afin de régler la succession de ma mère. Seul avec mon chagrin je me retrouve face à mon enfance lumineuse et heureuse habitée de tendresse maternelle où surviennent par bribes les souvenirs de notre installation brutale, l’année de mes 8 ans, puis de notre quotidien dans ce village typique du Sud-Ouest. La vie de ma mère, simple et solitaire, tournait autour de moi, de ses quelques amis et du travail de la terre dans « Le Jardin de Mathilde », l’entreprise qu’elle a créée de ses mains. Un quotidien ordinaire rythmé par les saisons, partagé entre les marchés d’été où elle vend ses plants de légumes et d’aromates avec Noémie, sa jeune voisine, et les livraisons aux restaurateurs, qu’elle fournit en produits de saison. Du moins, c’est ce que je croyais.

Pourtant, au fond d’un tiroir je découvre, rangés avec nos albums photos, des dessins dans un carnet, un trousseau de clés et une épaisse pile de lettres. Ces dernières me révèlent un amour profond entre un homme, un certain Louis, et ma mère. Une histoire longue de trente ans qui a illuminé sa vie. Une relation qu’elle n’a jamais confiée à personne. Pas même à moi.

Pourquoi a-t-elle gardé ce secret si longtemps ? Qui est réellement ce Louis ?

Je n’ai alors de cesse de découvrir la vérité sur ma mère.

Ce jeu de piste m’amènera vers une nouvelle découverte, un autre coup de tonnerre.

De mystères en non-dits se dévoile l’histoire d’une femme forte capable de défier l’amour, la mort et le temps qui passe.

 

Thomas Valentin, quatrième finaliste, nous dévoile quant à lui ses motivations et ses inspirations littéraires. On sent la passion qui l’anime :

"Designer et graphiste de formation, j’exerce depuis plus de vingt ans le métier de directeur artistique indépendant dans la région lilloise. Rapidement, j’ai fait du conseil en communication en ajoutant à mes compétences l’art de la conception-rédaction. Marié à une enseignante remarquable, nous avons deux enfants que nous espérions espiègles. Nous ne sommes pas déçus ! Mes sources d’inspiration : Jean Claude Ameisen pour son regard humaniste sur les vestiges de mondes disparus qui parlent si bien d’aujourd’hui. Pascal Quignard pour son Dernier Royaume. Andrus Kivirähk pour ses contes irrévérencieux. Christiane Rochefort pour son Archaos

Si la littérature nous transporte dans des univers, le graphisme, l’art pictural, nous offrent le beau. Je travaille actuellement sur une série d’illustrations au service d’un prochain récit. Un conte écologique qui aborde la confrontation de deux regards que nous portons sur le monde. Le regard scientifique, qui cherche à le comprendre, et le regard contemplatif, qui l’admire pour sa beauté."

Notre graphiste nous offre un texte à l’image de sa vision de la littérature avec son roman Une Semaine formidable. Son manuscrit nous transporte au cœur des Vosges et nous fait vivre un moment "formidable" :

Une famille débarque dans les Vosges, l’autre y est ancrée depuis des générations. Au milieu, Isabelle et Paul viennent célébrer leur union mais, une semaine avant le plus beau jour de leur vie, les futurs mariés découvrent que rien n’a été préparé… Pourquoi les invitations sont-elles restées dans leur carton ? Et, finalement, que reste-t-il après la cérémonie ?

Une photo, une flèche empennée de blanc et, par un joyeux miracle, des enfants, descendants des turpitudes d’aïeux bavards ou mutiques sur leurs vies passées, marquées par une traversée vers Oran, le bombardement d’un village, un enterrement à l’aube, une panne dans le Rif, des choix comme autant de sauts dans le vide qui composent un héritage invisible. À réveiller les démons de la forêt vosgienne, ce voyage dans le temps mené comme une enquête révélera la nature de cet héritage.

Comment est né ce projet ?

J’ai souhaité raconter à mes enfants l’histoire du mariage peu ordinaire de leurs grands-parents et le comportement insensé de leur arrière-grand-mère. Mais j’ai échoué car, dans mon emballement, j’y ai mis tant d’inventions que les personnages m’ont échappé ; ils sont sortis de leur coquille d’êtres vrais pour devenir des personnages rêvés. Si ce roman se déroule au xxe siècle, j’y aborde des sujets actuels tels que la montée de l’intolérance, les déplacements de populations, les inégalités hommes-femmes, et un sujet éternel : la difficile naissance d’un regard bienveillant entre une belle-fille et sa belle-mère. La semaine précédant le mariage est devenue un prétexte pour conter les destins de trois femmes (Yvonne, Clémence et Marguerite) et d’un homme (Clovis), qui traversent les avanies de l’Histoire et la sauvagerie du monde en s’y adaptant avec plus ou moins de bonheur. En cherchant à comprendre Yvonne, par qui le scandale arrive, Marguerite enquête sur cette fratrie montagnarde et révèle au lecteur ce qui lie le passé au présent.

 

Enfin, notre dernier finaliste, Antonin Sabot, a eu une carrière atypique et l’écriture occupe une place de choix dans sa vie.

Né en 1983, il a grandi entre Saint-Étienne et la Haute-Loire. Il a vécu douze ans à Paris où il a été journaliste pour Le Monde, reporter en France et à l’étranger. Attiré par la parole et la vie de ceux dont on parle peu dans les journaux, les gens prétendument sans histoire, il a initié et participé à des projets de reportages sociaux avant les élections présidentielles de 2012 et 2017.

Puis il est revenu vivre dans le village de son enfance, dans une de ces campagnes où le temps "coule pas pareil". Avec des amis, il y a fondé la librairie autogérée Pied-de-Biche Marque-Page.

Il partage son temps entre l’écriture et la marche en forêt, et entreprend déjà d’apprendre le nom des arbres et des oiseaux à son fils qui vient de naître.

Cette nature qui lui est très chère est omniprésente dans son roman Nous sommes les chardons :

Il y a des vérités que tout le monde croit vraies et d’autres que chacun refuse de croire. Des vérités qui font qu’on vous prendrait pour un fou si vous les énonciez. Par exemple, de dire, comme Martin, qu’il a vu son père mort qui venait lui rendre visite, qu’il connaît les animaux sans les habits de sauvagerie que nous avons taillés pour eux, qu’il a entendu parler les arbres et le vent. Savoir qu’à la montagne, l’air, il n’est pas pareil.

Martin voit les choses que les autres ne voient pas. Ce n’est pas seulement une histoire de fantômes ou d’esprits, mais d’analyse, de façon de regarder un peu plus en profondeur. Une histoire d’imagination peut-être. Il faut dire qu’il a grandi seul dans la montagne avec son père et que sa vision du monde doit beaucoup à ce dernier. Alors, quand il se rend compte que celui-ci est mort, il doit se confronter à l’extérieur et tenter de trouver son propre sentier, entre les futaies où passent les animaux et la ville où les pas des hommes ne laissent pas de trace sur le bitume, mais dans la vie des autres. Peut-être changer son regard aussi.

 

 

 

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