Aujourd’hui sort en salle « Les volets verts », l’adaptation filmique du roman de Simenon (sorti en 1950) par Jean Becker. Nous vous en racontons plus ci-dessous.
Monstre sacré de la scène et de l’écran, Émile Maugin, à l’approche de la soixantaine, apprend d’un médecin qu’il a le cœur d’un septuagénaire et qu’il arrive au bout du chemin. Cette nouvelle est le point de départ d’un retour sur lui-même, sa vie présente et passée. Il sait qu’il travaille trop, qu’il boit trop, dans une course en avant frénétique. Aux yeux des autres, il possède tout ce qu’on peut souhaiter : le talent, la gloire, la richesse. Plus qu’un acteur, Maugin est un monument national, une légende de son vivant. Il se montre tyrannique, colérique, ivrogne, excessif et brutal, mais sous cette carapace percent la générosité, la vraie timidité, la gaucherie envers ceux qu’il aime, la fragilité, le dégoût de soi.
Et à présent, au soir de sa vie, il revisite son parcours, son enfance misérable dans un milieu odieux, les vaches maigres puis le succès et la fortune – et le regret de ne pas avoir cédé jadis au rêve humble d’une petite maison aux volets verts, symbole de la réussite modeste, paisible et satisfaite.
Dans un avertissement au début des Volets verts, publié en 1950, Simenon affirme avec véhémence que Maugin n’est inspiré ni par Raimu, ni par Michel Simon, ni par Chaplin, les plus grands acteurs de son époque. Et pourtant… Jean-Loup Dabadie – dont c’est le dernier scénario, achevé trois mois avant sa mort en mai 2020 – a confié qu’il a écrit l’adaptation en songeant à Gérard Depardieu dans le rôle principal, et également à Fanny Ardant, pour qui il a créé un personnage absent du roman.
Derrière la caméra, Jean Becker, à près de 90 ans, a tourné le film courant 2021 en choisissant Benoît Poelvoorde, Stéfi Celma et Anouk Grinberg pour accompagner les deux vedettes.
Pour regarder la bande annonce: https://bit.ly/3KfxCFQ
« Tous mes romans, toute ma vie, n’ont été qu’une recherche de “l’homme nu” » : par cette célèbre formule, Simenon définit sans doute mieux que quiconque l’esprit de son œuvre, en particulier celle qu’il a créée parallèlement aux enquêtes de Maigret. Et celle-ci ne compte pas moins de cent dix-sept « romans durs », parus entre 1931 (Le Relais d’Alsace) et 1972 (Les Innocents).