À l'occasion de la parution le 14 janvier chez Fleuve de son second roman, Doucement renaît le jour, Delphine Giraud, l'auteure du best-seller Six ans à t'attendre, a répondu à nos questions.
Dans Doucement renaît le jour, votre second roman, vous abordez de manière à la fois réaliste et délicate la question du handicap. Pourquoi est-ce un thème qui vous tient particulièrement à cœur ?
Le handicap est un milieu que je ne connais pas. On s’intéresse souvent vraiment à certains sujets, seulement lorsqu’on y est nous-mêmes confrontés. C’est dommage, même si cela reste humain. J’ai eu envie de m’imprégner de l’univers du handicap pour le connaître. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur que j’ai ressenti ce besoin d’y apporter un regard combatif. Ce besoin de montrer qu’une personne handicapée ne doit pas être considérée qu’au travers de sa différence. Mat est le fruit de mon imagination, mais étrangement, c’est lui qui m’a ouvert les yeux. M’immerger dans cette histoire a été très riche. Un auteur a la chance de pouvoir s’imprégner d’univers méconnus pour les vivre à sa manière, mais il a aussi le devoir de véhiculer des messages forts.
Connie, l’héroïne de votre roman, est fleuriste. Est-ce un univers qui vous attire ? Connaissiez-vous ce métier ?
J’aime la décoration, les loisirs créatifs, les jolies choses. Ça me plaît ou ça ne me plaît pas, je suis attirée par l’artistique et je fonctionne à l’instinct. J’aime aussi les fleurs, leurs couleurs, leur odeur, même si je ne sais pas spécialement m’en occuper. Ça me plaît de mettre en scène un personnage qui fonctionne comme moi, avec le professionnalisme en plus. Quand Connie a fait irruption dans mon esprit, elle était déjà toute faite, avec son métier et l’Amapola, sa boutique de fleurs. J’ai des amis qui sont d’anciens fleuristes et qui ont su, au travers de témoignages aussi passionnés que passionnants, me transmettre le goût de cette vie tourbillonnante. C’était tout à fait Connie !
Qu’est-ce qui vous inspire le plus dans l’écriture ? L’envie de raconter une histoire, de développer des personnages ? Qu’est-ce qui déclenche chez vous l’envie d’écrire ?
J’écris avant tout pour raconter des histoires. Je n’ai jamais été adepte du journal intime. Je préfère écrire pour les autres que pour moi, même s’il faut que cela me plaise avant tout. J’écris des histoires que j’aimerais lire. L’écriture est un chemin tortueux jalonné de doutes et d’envie. Comme pour le reste, mon instinct me souffle quand je tiens exactement ce que je voulais raconter, quand je ressens cette petite étincelle qui me dit que c’est ça que je veux. Quand la magie n’opère pas, je sais que je reviendrai dessus ou qu’il me faudra trouver un détail, peut-être, pour tout changer. Les messages des lecteurs font beaucoup dans la perception que j’ai de moi au travers de l’écriture. Je suis très exigeante envers moi-même. La bienveillance et l’enthousiasme des lecteurs m’aident à dissiper les doutes.
Quant aux personnages, ils colorent l’histoire. Ce sont eux qui en déterminent la saveur. Ils doivent être travaillés au maximum pour éviter de tomber dans la caricature et pour paraître réels. Ils doivent parler au lecteur, que ce soit dans le bon sens ou dans le mauvais. Le lecteur doit ressentir de l’émotion pour eux et s’y attacher. Pour cela, je fais des fiches détaillées de chaque personnage. Certaines anecdotes ne paraissent pas dans le récit, mais au moins je les connais bien. Quoiqu’ils peuvent toujours me surprendre !
En dehors de votre vie d’auteure, vous avez une famille, un travail… Comment vous organisez-vous pour concilier les deux et garder du temps pour vous consacrer à l’écriture ? Avez-vous une routine quotidienne, des astuces pour vous aider à vous concentrer ?
Mon organisation est aujourd’hui bien rodée. J’ai la chance de travailler à temps partiel et d’avoir mes vendredis dédiés uniquement à l’écriture. Chaque domaine de ma vie a son créneau. Les week-ends sont consacrés à ma famille et à notre vie sociale, parfois aux séances de dédicaces ou salons quand c’est possible. Souvent, on me demande comment je fais pour trouver l’inspiration justement le vendredi. Je dois avouer que certains jours sont plus compliqués que d’autres, tout dépend du contexte ou du passage que je suis en train d’écrire. J’exploite cependant tous mes vendredis à fond et même lorsque je suis moins productive en écriture, je me relis beaucoup, ce n’est donc pas du temps perdu.
J’ai mon astuce pour éviter la "page blanche" : j’écris le texte deux fois : d’abord en écriture automatique en me concentrant sur le fond avec le synopsis détaillé, puis j’écris le vrai texte, en travaillant davantage la forme. Pour me concentrer, je n’attends pas que tous les voyants soient au vert et que je me sente parfaitement prête à commencer, sinon c’est le blocage assuré. Quand je ne sais pas par où commencer, je plonge dans l’écriture sans me poser de questions, elle finit par se délier et j’exploite parfois un angle du roman que j’avais peu développé dans le synopsis. C’est la magie de l’écriture : tout est possible !
Vos romans font la part belle aux personnages féminins forts et indépendants, qui se relèvent malgré les échecs et les souffrances : est-ce important pour vous de mettre en scène ces personnages de femmes affirmées ? Avez-vous des modèles féminins qui vous inspirent, au quotidien ?
C’est un sujet qui m’est très cher, car je suis une femme un brin féministe. La femme a dû se battre pour en arriver là où elle est aujourd’hui dans nos pays, et ce n’est pas encore fini, on le constate malheureusement tous les jours avec les violences faites aux femmes. Pourtant, je suis convaincue que depuis toujours, la femme a joué de grands rôles dans notre histoire, sauf qu’avant, elle restait dans l’ombre masculine.
Beaucoup de modèles féminins peuvent nous guider : Simone Veil, Georges Sand, Rosa Parks. Moi, les femmes auxquelles je pense et qui m’inspirent dans mes récits sont celles qui m’entourent : mes amies, les femmes de ma famille. Une inconnue dont les mots prononcés dans un micro à la radio résonnent parfois longtemps à mes oreilles. Tous les jours, si on regarde vraiment les gens, on voit des preuves de courage. Parce que même les plus petites choses ont aussi leur importance et peuvent avoir beaucoup d’impact, comme l’effet papillon. Écrire des histoires de femmes indépendantes, même si elles n’en ont elles-mêmes pas conscience, c’est parler à toutes les femmes et leur montrer la force qui se cache en chacune d’entre nous.
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