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Les Travailleurs de la mer
Claude Aziza (préface de)
Date de parution : 21/10/2021
Éditeurs :
Omnibus

Les Travailleurs de la mer

Claude Aziza (préface de)
Date de parution : 21/10/2021
Le grand roman de la mer de Victor Hugo dans une superbe édition, illustrée des gravures dessinées de la main de l’écrivain. Avec, en texte liminaire, L’Archipel de la Manche, présentant les îles anglo-normandes. Plus méconnu et mystérieux que Les Misérables ou Notre-Dame de Paris, Les Travailleurs de la mer est une épopée de la mer à lire ou redécouvrir. 
« Les Travailleurs de la Mer sont donc à la fois le roman le plus méconnu de Victor Hugo, le plus riche et le plus mystérieux. » Claude Aziza.
 
Gilliatt est «...
« Les Travailleurs de la Mer sont donc à la fois le roman le plus méconnu de Victor Hugo, le plus riche et le plus mystérieux. » Claude Aziza.
 
Gilliatt est « un homme de la mer surprenant », un « vrai marin qui navigue sur le fond plus encore que sur...
« Les Travailleurs de la Mer sont donc à la fois le roman le plus méconnu de Victor Hugo, le plus riche et le plus mystérieux. » Claude Aziza.
 
Gilliatt est « un homme de la mer surprenant », un « vrai marin qui navigue sur le fond plus encore que sur la surface. ». Une force de la nature mal aimée qui vit isolée dans sa maison « visitée par les esprits » et doublée d’un tempérament pensif et solitaire ; d’aucuns le surnomment le Malin. Afin de pouvoir épouser Déruchette qu’il aime, il accepte le défi lancé par la tante de celle-ci : retrouver une machine de l’épave La Durande coincée entre les deux rochers au large de l’île de Guernesey.
Entre l’homme et les éléments marins s’engage alors un combat terrible, dans lequel Gilliat se mesure, dans une solitude extrême, aux puissants éléments, à la mer déchaînée mais aussi au mystère et aux cauchemars des fonds marins qu’incarne une pieuvre… Et pourtant, l’exploit accompli restera vain, la jolie et insouciante Déruchette n’attendra pas Gilliat car elle s’est offerte à un autre.
Ecrit lors de son exil à Guernesey, Les Travailleurs de la mer est une œuvre grandiose et lyrique, introduit par L’Archipel de la Manche, qui présente la vie, les mœurs des îles anglo-normandes.
Cette édition Omnibus est également enrichie de poèmes marins de Victor Hugo, des illustrations magnifiques de l’écrivain, d’une préface de Claude Aziza et d’un dictionnaire de l’exil hugolien de ce spécialiste du XIXe siècle.
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EAN : 9782258195486
Façonnage normé : COFFRET
Nombre de pages : 648
Format : 195 x 253 mm
EAN : 9782258195486
Façonnage normé : COFFRET
Nombre de pages : 648
Format : 195 x 253 mm

Ils en parlent

« De superbes illustrations d’époque viennent enrichir la lecture, ainsi qu’une préface de Claude Aziza […] Un superbe cadeau à offrir, ou à se procurer pour l’hiver ! »
Janette (Luxembourg)
« Beauté, tourments, mystère... […] Ce coffret, illustré par les dessins d’Hugo, fait aussi la part belle à sa poésie marine, portant contemplation, deuils et toutes tempêtes. »
La Croix
« On croit le connaître et on ne cesse de le redécouvrir. »
Télérama

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Lamifranz 14/12/2022
    On n’est jamais mieux servi que par soi-même : c’est Victor Hugo en personne qui, mieux que quiconque, présente son roman : La dédicace, d’abord : « Je dédie ce livre au rocher d'hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer, à l'île de Guernesey, sévère et douce, mon asile actuel, mon tombeau probable. » L’ami Victor est un peu injuste : il ne salue que l’île de Guernesey qui l’a accueilli depuis 1855 (il y restera jusqu’à la chute du Second Empire en 1870) ; il aurait pu également rendre hommage à celle de Jersey, où il a vécu de 1852 à 1855. La déclaration de foi qui constitue son introduction expose son ambition : « La religion, la société, la nature ; telles sont les trois luttes de l'homme. Ces trois luttes sont en même temps ses trois besoins ; il faut qu'il croie, de là le temple ; il faut qu'il crée, de là la cité ; il faut qu'il vive, de là la charrue et le navire. Mais ces trois solutions contiennent trois guerres. La mystérieuse difficulté de la vie sort de toutes les trois. L'homme a... On n’est jamais mieux servi que par soi-même : c’est Victor Hugo en personne qui, mieux que quiconque, présente son roman : La dédicace, d’abord : « Je dédie ce livre au rocher d'hospitalité et de liberté, à ce coin de vieille terre normande où vit le noble petit peuple de la mer, à l'île de Guernesey, sévère et douce, mon asile actuel, mon tombeau probable. » L’ami Victor est un peu injuste : il ne salue que l’île de Guernesey qui l’a accueilli depuis 1855 (il y restera jusqu’à la chute du Second Empire en 1870) ; il aurait pu également rendre hommage à celle de Jersey, où il a vécu de 1852 à 1855. La déclaration de foi qui constitue son introduction expose son ambition : « La religion, la société, la nature ; telles sont les trois luttes de l'homme. Ces trois luttes sont en même temps ses trois besoins ; il faut qu'il croie, de là le temple ; il faut qu'il crée, de là la cité ; il faut qu'il vive, de là la charrue et le navire. Mais ces trois solutions contiennent trois guerres. La mystérieuse difficulté de la vie sort de toutes les trois. L'homme a affaire à l'obstacle sous la forme superstition, sous la forme préjugé, et sous la forme élément. Un triple anankè règne sur nous, l'anankè des dogmes, l'anankè des lois, l'anankè des choses. Dans « Notre-Dame de Paris », l'auteur a dénoncé le premier ; dans « Les Misérables », il a signalé le second ; dans ce livre, il indique le troisième. À ces trois fatalités qui enveloppent l'homme, se mêle la fatalité intérieure, l'anankè suprême, le cœur humain » (Victor Hugo. Hauteville-House, mars 1866). On l’a compris : le troisième obstacle, c’est l’obstacle élément. « Les Travailleurs de la mer » ont pour vocation, à travers une histoire très humaine (basée sur une lutte d’intérêts divers, financiers et économiques – allant jusqu’à la machination malveillante et au crime – mais aussi sentimental – une histoire d’amour tragique) de montrer la lutte éternelle entre l’Homme et la nature. Gilliatt, le marin, est l’Homme. L’Océan est la nature. L’histoire se passe à Guernesey. L’infâme capitaine Clubin a échoué sur un écueil la Durande, un steamer appartenant à son patron, Mess Lethierry, avec qui il est en mauvais termes (c’est un euphémisme). Le patron, qui a tout intérêt à récupérer l’épave, promet la main de sa nièce Déruchette à qui réussira à récupérer la Durande. Gilliatt, un marin, se porte sur les rangs, avec d’autant plus d’enthousiasme qu’il est amoureux fou de la donzelle.Après une lutte dantesque contre l’Océan et une pieuvre gigantesque (qui personnifie l’élément naturel hostile), Gilliatt arrive à ses fins. Mais Déruchette ne l’a pas attendue et s’est amourachée d’un jeune clergyman, Ebenezer, qui le lui rend bien. Gilliatt, avec une grandeur d’âme peu commune, s’efface et se sacrifie (au propre et au figuré). « Les Travailleurs de la mer » sont donc, au-delà de l’intrigue, une méditation philosophique sur la lutte entre l’homme et les éléments : la métaphore, ici, est partout. Cette lutte atteint son paroxysme dans le combat entre Gilliatt et la preuve qui renvoie à celui de « Jacob avec l’ange ». Ce célèbre tableau de Delacroix, peint vers 1861, était certainement connu de Victor Hugo, puisque Louis Boulanger, qui était de ses intimes, avait participé à son élaboration. Roman puissant, « Les Travailleurs de la mer », comme d’ailleurs « Notre-Dame de Paris » et comme « Les Misérables », a le défaut (récurrent chez Victor Hugo) de la logorrhée explicative, des longues descriptions, utiles certes, mais souvent fastidieuses à la lecture. Hugo est un monument, il ne sait pas faire les choses en petit, mais on lui pardonne, parce qu’il y a quand même un souffle dans cette masse, une vie intense dans ce corps immense, une âme dans cette œuvre. Ne cherchez pas, elle est là la popularité de notre Totor national : c’est une puissance en mouvement. Et qui plus est une puissance qui a un cœur.
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  • PascalOlivier 11/09/2022
    l y a toujours un peu d’appréhension à s’attaquer à un roman de Victor Hugo, on craint peut-être en tant que lecteur de ne pas être à la hauteur de l’ouvrage et de la renommée de son auteur ! Roman moins prestigieux que Les Misérables ou Notre-Dame de Paris, Les Travailleurs de la mer s’ouvre en effet sur L’archipel de la Manche, qui va nous dresser sur quatorze chapitres un état des lieux géographique, historique, sociologique et culturel des îles de la Manche. Ce long prologue est vraiment déroutant, cet exposé (parfois un peu laborieux) ne préparant aucune trame narrative, on se demande vraiment quand l’auteur va démarrer son récit. Ceci étant dit, l’écriture est merveilleuse (« La sérénité est intérieure. C’est au-dedans de nos qu’est notre printemps perpétuel« ) et nous prépare en réalité à plonger tête la première lorsque s’ouvre enfin le Livre premier. Les Travailleurs de la mer est un roman très particulier car son récit s’articule autour de quelques personnages et d’une situation sommaire, mais son implantation géographique et le souffle épique de l’écrivain font que nous allons être totalement happés puis submergés par le destin de Gilliatt, un homme brave et solitaire, craint par les... l y a toujours un peu d’appréhension à s’attaquer à un roman de Victor Hugo, on craint peut-être en tant que lecteur de ne pas être à la hauteur de l’ouvrage et de la renommée de son auteur ! Roman moins prestigieux que Les Misérables ou Notre-Dame de Paris, Les Travailleurs de la mer s’ouvre en effet sur L’archipel de la Manche, qui va nous dresser sur quatorze chapitres un état des lieux géographique, historique, sociologique et culturel des îles de la Manche. Ce long prologue est vraiment déroutant, cet exposé (parfois un peu laborieux) ne préparant aucune trame narrative, on se demande vraiment quand l’auteur va démarrer son récit. Ceci étant dit, l’écriture est merveilleuse (« La sérénité est intérieure. C’est au-dedans de nos qu’est notre printemps perpétuel« ) et nous prépare en réalité à plonger tête la première lorsque s’ouvre enfin le Livre premier. Les Travailleurs de la mer est un roman très particulier car son récit s’articule autour de quelques personnages et d’une situation sommaire, mais son implantation géographique et le souffle épique de l’écrivain font que nous allons être totalement happés puis submergés par le destin de Gilliatt, un homme brave et solitaire, craint par les habitants. En parallèle, nous allons suivre l’ascension de Mess Lethierry, qui va concevoir un bateau à vapeur, La Durande, pour traverser la Manche. L’amour que ce notable et ancien matelot d’exception a pour son bateau n’a d’équivalent que celui qu’il porte pour sa fille, l’insouciante et belle Déruchette. Suite à toute une série de manipulations machiavéliques par des personnages qui cachaient bien leur jeu et que nous ne révélerons pas ici, La Durande, ce bijou de technologie, va se retrouver coincé entre les deux Douvres, deux rochers jumeaux très éloignés de la terre, tels deux doigts infernaux et crochus surgis de la mer meurtrière et mystérieuse. Mess Lethierry, effondré, sait que rien ni personne ne peut sauver son bateau. Même si sa fille promet qu’elle épousera celui qui rapportera la machine, pièce unique et hors de prix. Seulement Gilliatt, amoureux secret de la jeune femme, a entendu cette promesse et va tenter l’impossible. Arrivé à ce point, nous en sommes déjà à la moitié du roman, et nous sommes déjà plein de cette ambiance très étrange, maritime et singulière. Mais rien ne va nous préparer à ce qui va suivre, à ce combat homérique sur un rocher inhospitalier entre un homme seul face à une nature qui va utiliser toutes ses forces et ses ruses pour faire échouer ce projet dément de rapporter la Durance à son maître pour gagner la main de sa fille. Et c’est là que Victor Hugo va déployer toute sa maîtrise foudroyante et éblouissante de la langue française. Au sein de cet écueil destiné au naufrage, Gilliatt va subir et résister à tous les éléments déchaînés qui ne manqueront pas de lui tomber dessus, alors que cet homme n’aura de cesse de tenter de sortir la Durande de cet enfer marin. Avec une fièvre littéraire prodigieuse, Les Travailleurs de la mer va s’avérer être une description cruelle et intense d’un homme plongé en plein enfer. Gilliatt va devenir malgré lui un surhomme, tentant d’utiliser tous les savoirs et réflexes de l’humanité pour survivre coûte que coûte. C’est une guerre que nous allons lire, une guerre totale. Et lorsque nous pensons être au paroxysme de la folie, arrive l’horreur. La pure horreur. La pieuvre. Et là, Hugo franchit encore un cap dans la description atroce de ce combat entre l’homme et le monstre. La plume gourmande et érudite de l’écrivain nous permet d’assister à de formidables digressions tout au long du roman, mais celle de la pieuvre est vraiment inoubliable, tant Victor Hugo s’acharne à en dévoiler toute la répugnance quasi-surnaturelle. Nous ne dirons rien de la fin des Travailleurs de la mer, mais peut-on juste évoquer, comme pour Notre-Dame de Paris, le sentiment inexprimable, à la fois triste et reconnaissant, d’avoir lu un roman immense et inoubliable. Les plus courageux pourront alors s’attaquer au Reliquat des Travailleurs de la mer, constitué d’une dizaine de chapitres consacrés à la mer et au vent, mais rien ne les oblige, d’autant plus qu’il est difficile de lire ces quelques pages après s’être fait engloutir corps et âme dans ce récit éternel, empli d’une fureur maritime qu’on pourrait expliquer par l’exil forcé qu’a du subir l’écrivain français durant de longues années.
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  • Creisifiction 25/08/2022
    Il semblerait que les derniers mots de Goethe aient été : «Mehr Licht! Mehr Licht!» («Plus de lumière! Plus de lumière!»). Ceux -toujours selon la légende- de Victor Hugo : «C'est ici le combat du jour et de la nuit… Je vois de la lumière noire!» Vraie ou pas, cette proclamation in articulo mortis siérait en tout cas merveilleusement au génie fougueux, inexpugnable jusqu'au bout, d'un des écrivains et intellectuels les plus éloquents de la littérature française, toutes époques confondues, l'un des plus populaires et admirés aussi, pour ses combats, ses idées progressistes et ses prises de position politiques courageuses. «La nuit est-elle sereine ? C'est un fond d'ombre (...) Présences constatées dans l'Ignoré ; défis effrayants d'aller toucher à ces clartés. Ce sont des jalons de création dans l'absolu ; ce sont des marques de distance là où il n'y a plus de distance ; c'est on ne sait quel numérotage impossible, et réel pourtant, de l'étiage des profondeurs. Un point microscopique qui brille, puis un autre, puis un autre, puis un autre ; c'est l'imperceptible, c'est l'énorme. Cette lumière est un foyer, ce foyer est une étoile, cette étoile est un soleil, ce soleil est un univers, cet univers... Il semblerait que les derniers mots de Goethe aient été : «Mehr Licht! Mehr Licht!» («Plus de lumière! Plus de lumière!»). Ceux -toujours selon la légende- de Victor Hugo : «C'est ici le combat du jour et de la nuit… Je vois de la lumière noire!» Vraie ou pas, cette proclamation in articulo mortis siérait en tout cas merveilleusement au génie fougueux, inexpugnable jusqu'au bout, d'un des écrivains et intellectuels les plus éloquents de la littérature française, toutes époques confondues, l'un des plus populaires et admirés aussi, pour ses combats, ses idées progressistes et ses prises de position politiques courageuses. «La nuit est-elle sereine ? C'est un fond d'ombre (...) Présences constatées dans l'Ignoré ; défis effrayants d'aller toucher à ces clartés. Ce sont des jalons de création dans l'absolu ; ce sont des marques de distance là où il n'y a plus de distance ; c'est on ne sait quel numérotage impossible, et réel pourtant, de l'étiage des profondeurs. Un point microscopique qui brille, puis un autre, puis un autre, puis un autre ; c'est l'imperceptible, c'est l'énorme. Cette lumière est un foyer, ce foyer est une étoile, cette étoile est un soleil, ce soleil est un univers, cet univers n'est rien. Tout nombre est zéro devant l'infini.» Victor Immortel, inscrit définitivement dans le patrimoine bibliogénétique de milliards de lecteurs par le monde, tant et si bien que bon nombre d'entre eux (moi y compris !) ont fini par oublier de le lire pour de vrai..! Quasimodo et Esmeralda, Valjean et Cosette : personnages intemporels, tellement proches, n'est-ce pas, si incarnés, si naturellement familiers.. Le roman clôturerait, selon les mots de son auteur, un cycle romanesque dédié «aux trois luttes de l'homme» contre le Chaos et la Fatalité (l'«Ananké» des Grecs) : contre les dogmes auxquels son besoin de croire le conduit («Notre Dame de Paris») ; contre les lois auxquelles son besoin de vivre en société l'assujettit («Les Misérables») ; contre les choses enfin, qui l'entourent et auxquelles il doit se mesurer pour vivre -«de là la charrue et le navire»- («Les Travailleurs de la Mer»). Victor Hercule : force de la nature associée à la grâce inspiratrice, béni par les Muses. Maciste contre les ténèbres. Actif invétéré s'adonnant en même temps, volontiers, aux rêveries, à l'idéal romantique et aux contemplations des mystères. Le pêcheur Gilliat, engagé par amour dans un sauvetage impossible en mer, est son double parfait : «Gilliat était l'homme du songe. De là ses audaces». Tout aussi monumental est ici Victor Encyclopédique, non seulement par l'étendue de son érudition en général, mais surtout en ce qui concerne plus particulièrement les connaissances techniques et un vocabulaire précis et fourni en matière de phénomènes maritimes, marées et vents du globe, cartographie et histoire de la navigation, outillages divers et machines à vapeur... Déployant à l'occasion un tel foisonnement lexical que la barque du lecteur, surchargée et chavirant, risque par moment dangereusement le naufrage: «Gilliat avait dans ce hangar de granit tout l'informe bric-à-brac de la tempête mis en ordre. Il y avait le coin de écouets et le coin de écoutes, les boulines n'étaient point mêlées avec les drisses, les bigots étaient rangés selon les quantités de trous ; les emboudinures, soigneusement détachées des organeaux des ancres brisées étaient roulées en écheveaux ; les moques qui n'ont point de rouet étaient séparées des moufles ; les cabillots, les margouillets, les pataras, les gabarons, les joutereaux, les calebas, les galoches, les pantoires, les oreilles d'âne, les racages, les boutehors...occupaient des compartiments différents (...) ... » (!!) Puis il y a Victor Fleur-Bleue aussi, dont on pardonnera au passage le romantisme immodéré de sa jeunesse, en définitive inchangé, et auquel, malgré la maturité littéraire, les épreuves douloureuses de la vie et le fonds de roulement de maîtresses régulièrement abondé au long des années, l'écrivain ne semble toujours pas prêt à renoncer : «- Vous êtes belle dans cette obscurité sacrée de la nuit. Ce jardin a été cultivé par vous, et dans ses parfums il y a quelque chose de votre haleine. Mademoiselle, les rencontres des âmes ne dépendent pas d'elles. Ce n'est pas de notre faute. (...) On ne peut s'empêcher. Il y a des volontés mystérieuses qui sont au-dessus de nous. le premier des temples, c'est le coeur. Avoir votre âme dans ma maison, c'est à ce paradis terrestre que j'aspire, y consentez-vous ?» Mais surtout, épique et lyrique comme jamais peut-être dans ses autres grands romans, osant sans retenue l'emphase et toutes sortes d'excès verbaux - parfois jusqu'au paroxysme, Victor est impressionnant en Hiérophante, invitant, à force d'adjectifs, d'exclamations tonitruantes, d'antithèses extravagantes, d'énumérations interminables, à une initiation éleusinienne, mimant sur de longs paragraphes le rythme entêtant des rites propitiatoires aux transes, destinés à pouvoir effleurer l'apesanteur du supranaturel : «Il y a de vastes évolutions d'astres, la famille stellaire, la famille planétaire, le pollen zodiacal, le Quid divinum des courants, des effluves, des polarisations et des attractions ; il y a l'embrassement et l'antagonisme, un magnifique flux et reflux d'antithèse universelle, l'impondérable en liberté au milieu des centres (...) l'atome errant, le germe épars, des courbes de fécondation, des distances qui ressemblent à des rêves, des circulations vertigineuses, des enfoncements de mondes dans l'incalculable, (...) des souffles de sphères en fuite, des roues qu'on sent tourner ; le savant conjecture, l'ignorant consent et tremble ; cela est et se dérobe (...) Partout l'incompréhensible, nulle part l'inintelligible.(...) Immanence formidable. L'inexprimable entente des forces se manifeste par le maintien de toute cette obscurité en équilibre. L'univers pend ; rien ne tombe.» Spéculation magistrale autour des mystères du monde, de leur dimension insondable, supranaturelle, que Victor Batelier rendra intelligible par l'intermédiaire d'une allégorie maritime savamment orchestrée, «Les Travailleurs de la Mer» aurait pu tout aussi bien s'appeler « Pour qui travaille la mer ?». Illustration du combat entre lumière et ténèbres, entre vie et mort, entre passion et renoncement, au travers d'un parcours initiatique aux accents de tragédie antique, d'un modeste pêcheur au large de Guernesey, il aurait pu également se voir titrer : « le Jeune Homme et la Mer». L'homme; les éléments; le transcendant: forces en tension, source d'angoisse ou de ravissement dans Les Travailleurs de la Mer. Au premier, «dans le prodigieux flot de ce déluge de vie universelle», la seule issue envisageable consisterait à chercher à tout prix une «éternité possible dans l'opiniâtreté insubmersible du moi». Car Victor Protée enfin, croit malgré tout à la transformation de l'homme. Témoin privilégié du «déplacement incessant et démesuré de l'univers », de la matière primordiale (prôtogonos) dont les formes apparentes du monde ne sont que des réceptacles provisoires de la puissance de celle-ci, l'homme se doit de participer «à ce mouvement de translation», « sa destinée » n'étant dès lors que «la quantité d'oscillation» qu'il aura subi. Navigare et vivere.. ! «Vivons, soit», nous dit-il. « Mais tâchons que la mort nous soit progrès. Aspirons aux mondes moins ténébreux. Suivons la conscience que nous y mène». Poètes ! Astronomes ! S'il vous plaît, au moins une étoile «Victor Hugo», une vraie...!
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  • ZeroJanvier79 18/08/2022
    Une lecture plaisante, même si ce n'est pas mon roman préféré de Victor Hugo. J'ai beaucoup aimé le début et la fin, où j'ai retrouvé avec plaisir le style bavard mais passionnant de Victor Hugo. Par contre, je me suis un peu ennuyé en lisant la partie centrale, qui est pourtant probablement la plus importante du roman, puisqu'elle s'appelle la lutte du "héros" face à la mer et aux forces de la nature. Malgré tout, j'ai passé de bons moments de lecture avec ce roman. De quoi me motiver encore un peu plus à poursuivre ma découverte des oeuvres de Victor Hugo.
  • Tricape 08/08/2022
    Par son titre ce roman me fascinait depuis longtemps, mais son contenu ne correspond pas à ce que je m'imaginais. Je croyais en effet aller être embarqué pour des îles lointaines dans une succession de découvertes fabuleuses et de naufrages apocalyptiques et je me suis retrouvé sur "des morceaux de France tombés dans la mer et ramassés par l'Angleterre", entendez entre Guernesey et Saint-Malo, au beau milieu de l'archipel anglo-normand. Cela dit, le voyage a été fantastique. Inutile de partir pour des courses lointaines : l’aventure est là, à quelques miles de nos côtes. Une poutre en cœur de chêne, voilà le style de Victor Hugo : de quoi bâtir une solide charpente ! De nos jours il peut certes paraître comme exagérément ampoulé, mais quelle perpétuelle leçon de français nous donne-t-il ! Georges Perec faisait remarquer la quasi disparition de l'énumération autrefois pratiquée comme un art par Homère, Rabelais, Jules Verne et Zola. Il aurait pu ajouter Hugo à sa liste : Huysmans perce dans de nombreuses pages des Travailleurs de la mer. Comme une rampe à un escalier, l'histoire racontée importe peu, elle sert tout juste de fil... Par son titre ce roman me fascinait depuis longtemps, mais son contenu ne correspond pas à ce que je m'imaginais. Je croyais en effet aller être embarqué pour des îles lointaines dans une succession de découvertes fabuleuses et de naufrages apocalyptiques et je me suis retrouvé sur "des morceaux de France tombés dans la mer et ramassés par l'Angleterre", entendez entre Guernesey et Saint-Malo, au beau milieu de l'archipel anglo-normand. Cela dit, le voyage a été fantastique. Inutile de partir pour des courses lointaines : l’aventure est là, à quelques miles de nos côtes. Une poutre en cœur de chêne, voilà le style de Victor Hugo : de quoi bâtir une solide charpente ! De nos jours il peut certes paraître comme exagérément ampoulé, mais quelle perpétuelle leçon de français nous donne-t-il ! Georges Perec faisait remarquer la quasi disparition de l'énumération autrefois pratiquée comme un art par Homère, Rabelais, Jules Verne et Zola. Il aurait pu ajouter Hugo à sa liste : Huysmans perce dans de nombreuses pages des Travailleurs de la mer. Comme une rampe à un escalier, l'histoire racontée importe peu, elle sert tout juste de fil conducteur qui accompagne par précaution la volée de marches des chapitres ; on peut s’appuyer sur elle, mais on peut aussi s’en passer ; elle a si peu d'importance qu'arrivée près de son terme elle se saborde dans une précipitation suspecte. L’homme peut retourner la force des éléments contre eux et les vaincre, mais le cœur de la femme lui reste inaccessible. De nombreux chapitres sont purement descriptifs : les soixante premières pages présentent l'archipel et son histoire ; plus loin, des passages entiers sont consacrés à des dissertations ou des tableaux peignant la mer dans tous ses états, du pot au noir à la tempête. Que dire du vocabulaire ? Il est presque intimidant tant il est riche. Certes, Hugo s'est appuyé sur des ouvrages spécialisés, mais s'il rehausse son texte de termes de technique marine (celle du temps de la navigation à la voile et celle des débuts de la machine à vapeur), il excelle dans l'emploi d'adjectifs paroxysmiques et de métaphores érudites. Tout cela produit une forte impression d'exubérance, ouvre des perspectives profondes, brille de mille feux, abonde de références historiques et vous ensorcelle comme saurait le faire une sirène métamorphosée en pieuvre.
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