RÉSUMÉ
Hannah Giles, 21 ans, fille d'un pasteur de Miami. Elle s'est tour à tour rêvée agent secret de la CIA, nutritionniste, professeur de fitness, journaliste et coach personnel, avant de devenir la nouvelle égérie du Tea Party, cette troisième force politique qui honnit le gouvernement et met la pagaille au sein du bipartisme américain. En diffusant sur le Web une série de vidéos « undercover », ce petit format aux courbes callipyges, en minishort blanc et débardeur moulant rose fushia, a fait tomber ACORN, l'Association of Community Organizations for Reform Now (Acorn). Cette organisation à but non lucratif, tentaculaire et vieille de quarante ans, était chargée d'aider les populations en difficulté. Elle était aussi un puissant lobby qui défendait les causes dites « progressistes » et finançait les campagnes des candidats démocrates, dont celle de Barack Obama. Elle a fait faillite en novembre 2010.
Steve Perry, 40 ans, proviseur. Après avoir fait le tour des collèges et lycées privés huppés du Connecticut, il a décidé de créer une école publique en utilisant les mêmes ficelles qui, selon lui, font le succès des écoles « pour Blancs » : la discipline. Le « docteur Perry » mène ses étudiants à la baguette. Aujourd'hui, 100 % de ses élèves, la plupart afro-américains issus des classes défavorisées, sont acceptés dans des universités.
Keith Lowell Jensen, 37 ans, est un ancien born again sorti du placard. Il a révélé au grand jour son… athéisme ! Acteur, dans la veine des fameux stand up comedians, il parcourt l'Amérique avec sa troupe pour tenter de faire rire un public qui d'ordinaire ne plaisante pas avec la religion.
Peter Esher, 26 ans, tout juste diplômé du MBA d'Harvard et tout propre sur lui. Écœuré par l'avidité indécente de ses prédécesseurs, qu'il juge coupables de la crise, il a lancé l'an dernier le « MBA Oath », un serment d'éthique destiné à responsabiliser les futurs dirigeants du monde des affaires. En un an, la pratique s'est répandue comme une traînée de poudre dans la plupart des business schools américaines. C'est le nouvel MBA, assurent-ils, le MBA post-Enron, post-Madoff et post-crise. Le MBA éthique.
Julian Castro, 37 ans. Tiré à quatre épingles, les cheveux noirs lustrés en arrière, il a été baptisé par le New York Times, le futur « Obama latino ». Il a grandi dans les quartiers pauvres de San Antonio, au Texas, élevé par une mère militante au sein de la Raza Unida, littéralement « la Race Unie », un mouvement radical texan qui défendait les droits des Mexicains Américains. En 2009, il a été élu maire de la ville. Son frère jumeau, Joaquín, est élu à la Chambre des représentants. L'élection de Julian symbolise un tournant : les Latinos, autrefois acquis au Parti républicain, votent démocrate depuis le durcissement des positions de la droite en matière d'immigration. En parallèle, les pétroliers investissent massivement dans les énergies renouvelables, développant ainsi une économie verte qui attire une nouvelle population plutôt de gauche. L'un des états le plus rouge des États-Unis pourrait, selon certains experts, virer au bleu d'ici dix ans !
Taja Sevelle, 37 ans, une ancienne chanteuse à succès partie s'installer à Detroit après avoir raté son come-back. En vingt ans, le berceau de l'industrie automobile américaine a perdu plus d'un tiers de sa population, le taux de chômage dépasse aujourd'hui les 30 %, 16 000 hectares de terres sont abandonnées, les supermarchés ont déserté les lieux… Detroit est ville fantôme rongée par le crime. Taja a décidé de nourrir une population à la fois affamée et obèse et cultive au cœur de la ville plus de huit cents jardins potagers. Avec son organisation, elle plante laitues, tomates, melons…