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Éloge du carburateur
Essai sur le sens et la valeur du travail
Marc Saint-Upéry (traduit par)
Date de parution : 26/05/2016
Éditeurs :
La Découverte

Éloge du carburateur

Essai sur le sens et la valeur du travail

Marc Saint-Upéry (traduit par)
Date de parution : 26/05/2016
Matthew B. Crawford était un brillant universitaire, bien payé pour travailler dans un think tank à Washington. Au bout de quelques mois, déprimé, il démissionne pour ouvrir… un atelier de... Matthew B. Crawford était un brillant universitaire, bien payé pour travailler dans un think tank à Washington. Au bout de quelques mois, déprimé, il démissionne pour ouvrir… un atelier de réparation de motos. À partir du récit de son étonnante reconversion, il livre dans cet ouvrage intelligent et drôle une... Matthew B. Crawford était un brillant universitaire, bien payé pour travailler dans un think tank à Washington. Au bout de quelques mois, déprimé, il démissionne pour ouvrir… un atelier de réparation de motos. À partir du récit de son étonnante reconversion, il livre dans cet ouvrage intelligent et drôle une réflexion particulièrement fine sur le sens et la valeur du travail dans les sociétés occidentales.
Mêlant anecdotes, récit, et réflexions philosophiques et sociologiques, il montre que ce « travail intellectuel », dont on nous rebat les oreilles, se révèle pauvre et déresponsabilisant. À l’inverse, il restitue l’expérience de ceux qui, comme lui, s’emploient à fabriquer ou réparer des objets – dans un monde où l’on ne sait plus qu’acheter, jeter et remplacer. Le travail manuel peut même se révéler beaucoup plus captivant d’un point de vue intellectuel que tous les nouveaux emplois de l’« économie du savoir ».
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EAN : 9782707192493
Code sériel : 440
Façonnage normé : EPUB3
Nombre de pages : 218
DRM : Watermark (Tatouage numérique)
EAN : 9782707192493
Code sériel : 440
Façonnage normé : EPUB3
Nombre de pages : 218
DRM : Watermark (Tatouage numérique)

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • TmbM 03/03/2023
    Vous êtes-vous jamais demandé si, lorsqu'on est un philosophe qui fait de la mécanique ou, à plus forte raison, un mécanicien qui fait de la philosophie, le fruit d'une réflexion sur le sens et la valeur du travail sera plutôt huilée à la burette ou hydratée au jus de cerveau ? Moi, oui. Et Matthew B. Crawford m'a servi sa réponse sur un plateau. Dans cet essai, dont l'intention est de "réhabiliter l'honneur des métiers manuels en tant qu'option professionnelle parfaitement légitime", il ambitionne de mettre en valeur la richesse cognitive du travail manuel et d'amener à comprendre pourquoi et en quoi le labeur a visée directement utilitaire peut être intellectuellement stimulant. Pour se faire, il s'inspire de son histoire personnelle d'universitaire bardé de diplômes, directeur d'un laboratoire d'idées sur les rapports de politique publique et scientifique, reconverti en mécanicien dans un atelier de réparation de motos. Cet ouvrage est donc le fruit d'une tentative d'appréhender de façon critique sa propre expérience du travail, du costume cravate à la salopette, des stylos à plume aux clés à molette. "Il s'agissait pour moi d'essayer de comprendre les potentialités humaines latentes de mon activité quand le travail était un "bon" travail, et, quand il ne l'était pas, d'identifier les caractéristiques qui entraient ou mutilaient systématiquement ces potentialités." Comme on le comprend aisément, s'interroger sur le sens du travail manuel, c'est en fait s'interroger sur la nature de l'être humain et sur celle de la rationalité ; c'est mettre en question les conditions de l'agir individuel, la dimension morale de la perception et l'idéal fuyant de la communauté. "Pour comprendre de qu'est une manière d'être spécifiquement humaine, il faut comprendre l'interaction manuelle entre l'homme et le monde. Ce qui revient à poser les fondements d'une nouvelle anthropologie, susceptible d'éclairer nos expériences de l'agir humain. Son objectif serait d'analyser l'attrait du travail manuel sans tomber dans la nostalgie ou l'idéalisation romantique, mais en étant simplement capable de reconnaître les mérites des pratiques qui consistent a construire, à réparer et à entretenir les objets matériels en tant que facteurs d'épanouissement humain." L'auteur ne cherche pas coûte que coûte à recommander la pratique du sport automobile ou à idéaliser les mains pleines de cambouis. Il invite plutôt à remonter "les traces de nos actions jusqu'à leur source". Celles-ci peuvent "instiller une certaine compréhension de la vie bonne", une compréhension difficile à exprimer de façon explicite : "Il revient au questionnement moral de la mettre en lumière" et cela nécessite probablement de posséder une veine rebelle, un certain degré d'abstraction ainsi qu'une capacité à échapper à toute responsabilité. En effet, alors que le travail intellectuel a une tendance à déresponsabiliser les individus et que le travail manuel rend les ouvriers dépendants d'une société de consommation, rien ne devrait empêcher chacun de mener une existence prolétarienne en col blanc, intellectuelle en col bleu. Mais ça, c'est la théorie. Une théorie qui n'a, en soi, rien de révolutionnaire et à laquelle en est venu quiconque a un jour réfléchi au regard implacablement hiérarchique que pose la société sur les catégories sociaux-professionnelles. Surtout, c'est une théorie qui ne se vérifie sans doute que dans une quantité marginale de cas. Pour autant, même si cet essai prône une vision assez inapplicable, il est vertueux et prouve, en guise de réponse à la question soulevée dans l'introduction, que la fumée produite par un moteur peut ne pas être si différente de celle provoquée par un échauffement de la matière grise. Touchez mon blog, Monseigneur...Vous êtes-vous jamais demandé si, lorsqu'on est un philosophe qui fait de la mécanique ou, à plus forte raison, un mécanicien qui fait de la philosophie, le fruit d'une réflexion sur le sens et la valeur du travail sera plutôt huilée à la burette ou hydratée au jus de cerveau ? Moi, oui. Et Matthew B. Crawford m'a servi sa réponse sur un plateau. Dans cet essai, dont l'intention est de "réhabiliter l'honneur des métiers manuels en tant qu'option professionnelle parfaitement légitime", il ambitionne de mettre en valeur la richesse cognitive du travail manuel et d'amener à comprendre pourquoi et en quoi le labeur a visée directement utilitaire peut être intellectuellement stimulant. Pour se faire, il s'inspire de son histoire personnelle d'universitaire bardé de diplômes, directeur d'un laboratoire d'idées sur les rapports de politique publique et scientifique, reconverti en mécanicien dans un atelier de réparation de motos. Cet ouvrage est donc le fruit d'une tentative d'appréhender de façon critique sa propre expérience du travail, du costume cravate à la salopette, des stylos à plume aux clés à molette. "Il s'agissait pour moi d'essayer de comprendre les potentialités humaines latentes de mon activité quand le travail était un "bon"...
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  • Marie987654321 17/07/2022
    Matthew Crawford semble un homme peu ordinaire si l'on en croit la petite bio de la quatrième de couverture : un philosophe doublé d'un réparateur de motocyclette, qui a préféré laisser un boulot dans un "think tank" pour ouvrir son propre atelier. Dans cet essai passionnant, il nous explique pourquoi un travail de réparation de moto est bien plus valorisant et intelligent que le travail "intellectuel", en tout cas tel qu'il est organisé aujourd'hui. Je dois dire que son récit de la réparation d'une Honda Magma est un vrai grand moment de philosophie (page 133 et suivantes..) M Crawford montre ce que peut être la recherche de la vie bonne. D'ailleurs le philosophe antique Anaxagore le disait déjà ""c'est parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des animaux" (cité page 84) Dans un des chapitres centraux, l'auteur raconte son éducation comme mécanicien : comment jeune homme, il faisait le casse-cou avec sa coccinelle et la modifiait ; comment, petit à petit, par des rencontres et un long apprentissage, il est devenu un mécanicien et quelle somme de savoir, d’expérience, de réflexion et de qualité morale cela comporte. Par exemple pour comprendre le dysfonctionnement d'un moteur, comme pour comprendre le monde, il faut un certain effacement de soi pour sortir du "voile de la conscience égocentrique" et pouvoir retrouver le monde tel qu'il est réellement. La réalité n'est jamais "donnée", les problèmes se présentent toujours avec ambiguïté : " le claquement des pistons peut effectivement ressembler au bruit des poussoirs desserrés et, par conséquent un bon mécanicien doit constamment garder à l'esprit la possibilité d'être dans l'erreur. Il s'agit d'une vertu éthique" (page 117) Dire que j'ai été passionnée par ce livre est un mot bien faible. Tant le sujet me touche et me parait un enjeu essentiel du monde qui nous entoure : la place du travail de l'homme dans un monde où le but des entreprises est de s'en passer au maximum ; que signifie travailler pour un humain sans en être "aliéné" mais pouvoir, au contraire, y trouver sa réalisation d'humain. Voilà ce que j'en ai retenu peut être de manière un peu décousue. M. Crawford fait d'abord l'éloge du travail manuel : non pas comme cela est plus fréquent du travail des artisans qui créé des objets alliant beauté et technique, héritiers souvent de traditions anciennes (ébéniste ou tapissier) mais du travail artisanal moins valorisé d'électricien ou de plombier, toux ceux qui savent réparer et faire fonctionner notre environnement quotidien. Pour lui, l'homme moderne est terriblement dépendant de ces objets qui lui simplifient le quotidien mais dont les pannes mettent à mal sa volonté de maitrise ; lorsque qu'il faut se mettre à l'écoute modeste de la chose, lorsque tout cela nous rappelle combien nous dépendons de réseaux, de canalisations et de divers fluides. Le savoir faire artisanal implique de se consacrer longuement et profondément à une même tache et pas de passer d'une chose à l'autre en permanence, constituant un véritable engagement. La véritable créativité est un sous produit de la maitrise et du donc d'un travail de longue haleine nécessitant une forte maitrise technique et non pas d'une liberté papillonnante. La créativité du musicien est le fruit d'un long apprentissage et de l'observance des caractéristiques de son instrument. Tout apprentissage nécessite de se plier à des règles, à des structures qui nous échappent et son indépendantes de nous : la musique, une langue, le jardinage etc.. . Aujourd'hui la pratique de la musique décline au profit de l'écoute par divers appareil : la maitrise d'un instrument est difficile et constitue une "réalité contraignante" impliquant un engagement actif de l'être humain. Tandis que l'écoute d'une chaine constitue "une réalité disponible". Selon Matthew Crawford, il y a plus de liberté dans l'exercice de la confrontation avec un moteur que dans la plupart des travaux de "créatifs". Réparer soi même quelque chose n'a pas de rationalité pour l'économiste mais c'est une expression de la dignité de l'homme. La consommation nous propose de nous libérer de toute sortes de fardeaux matériels pour que nous puissions nous consacrer à notre bien être et à l'exercice de notre liberté mais ces objets têtus nous ramènent à notre impuissance et à notre frustration. Or, c'est la consistance de cette résistance qui aiguise la conscience de la réalité, de la logique et de la physique . La présence de plus en plus grande d'informatique et d'électronique dans les véhicules est censée nous éloigner des contraintes de cette conscience : plus besoin d'aller voir la jauge aujourd'hui, un signal lumineux nous l'indique. mais alors il n'y a rien d'autre à faire que d'aller voir le technicien compétent. Le signal lumineux rend dépendant non pas tant du technicien mais du chargé du clientèle, de la société automobile et des actionnaires dont l'intérêt est minimiser le risque financier de la baisse du niveau d'huile. S'être émancipé de la contrainte matérielle est plutôt une nouvelle contrainte. L'émancipation de l'individu par l'achat de nouveaux gadgets et non par la préservation de ceux qui existent déjà va de pair avec l'exaltation de mots d'ordres de jouissance. Dans la comparaison avec le travail intellectuel : l'auteur rappelle l'histoire de la déqualification des ouvriers avec Henry Ford et ses chaines de montage au profit de l'efficacité et le compare à la dégradation du travail de bureau avec la routinisation procédurale du travail de bureau et la confiscation du vrai travail par une poignée au sommet qui seule créé et demande aux autres d'exécuter. Dans le chapitre sur les contradictions du travail de bureau, il montre par son expérience au sein d'une société produisant des résumés d'articles scientifiques, les mécanismes de la dégradation du travail intellectuel. Il devait respecter une méthode qui permettait de ne pas comprendre le contenu des dits articles. Il devait résumer 28 articles en une journée et devait donc mettre à l'écart sa capacité de penser. La tâche n'est plus guidée par des objectifs propres de qualité, en l'occurrence mettre à disposition une information de qualité. L'auteur ne se pose pas dans une critique de l'appât du gain comme étant en soi le problème. Il décrit le travail des managers qui sont amenés à gérer le travail de leurs collaborateurs sur ces bases comme un long apprentissage de l'irresponsabilité ; la thèse en quelque mot est la suivante : l’évaluation du travail du manager ne repose sur des critères techniques (le tuyau est droit ou pas, la pièce est correctement soudée ou pas) mais dépend de ce que les autres pensent, ce qui peuvent influer sur sa carrière. L'auteur parle "immunité discursive" c'est à dire la capacité à faire tenir toutes les hypothèses dans un discours afin de se prémunir de tout changement d'environnement . Ce que le travail manuel aide à comprendre, c'est que le savoir ne s'obtient pas perché sur les hauteurs mais en combinant le penser et le faire. La connaissance est incarnée et située dans le monde. La meilleure façon de comprendre un marteau n'est pas de le contempler fixement mais de s'en saisir et de l'utiliser" (page 188 citation d'Heidegger). Les choses se manifestent à nous comme des instrument de notre action et des invitations à agir. Crawford évoque le savoir tacite du pompier qui sait à quel moment il doit quitter le lieu de l'incendie avant l'effondrement ou l'expérience de l'expert qui peut déceler une configuration particulière par une saisie immédiate et cohérente et non par l'analyse individuelles des éléments de la situation. Dans le dernier chapitre "Travail, loisir et engagement", l'auteur explore la déconnection du lien entre le travail et la possibilité d'une activité satisfaisante voire l'authenticité de la vie recherchée dans les loisirs. C'est bien la caractéristique du travail aliéné, non pas tant parce que le fruit est récupéré par quelqu'un d'autre, comme le dit Marx mais en raison du caractère social du travail. Or l'ouvrière chinoise qui fabrique les chaises sur lesquelles nous nous asseyons n'a aucun lien avec ceux qui vont utiliser les chaises. C'est ce lien qui fonde le sens du travail et le rend concret et satisfaisant.Matthew Crawford semble un homme peu ordinaire si l'on en croit la petite bio de la quatrième de couverture : un philosophe doublé d'un réparateur de motocyclette, qui a préféré laisser un boulot dans un "think tank" pour ouvrir son propre atelier. Dans cet essai passionnant, il nous explique pourquoi un travail de réparation de moto est bien plus valorisant et intelligent que le travail "intellectuel", en tout cas tel qu'il est organisé aujourd'hui. Je dois dire que son récit de la réparation d'une Honda Magma est un vrai grand moment de philosophie (page 133 et suivantes..) M Crawford montre ce que peut être la recherche de la vie bonne. D'ailleurs le philosophe antique Anaxagore le disait déjà ""c'est parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des animaux" (cité page 84) Dans un des chapitres centraux, l'auteur raconte son éducation comme mécanicien : comment jeune homme, il faisait le casse-cou avec sa coccinelle et la modifiait ; comment, petit à petit, par des rencontres et un long apprentissage, il est devenu un mécanicien et quelle somme de savoir, d’expérience, de réflexion et de qualité morale cela comporte. Par exemple pour comprendre le dysfonctionnement d'un moteur, comme pour comprendre...
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  • Lou_Knox 26/06/2022
    Matthew B. Crawford il est pas ingénieur informaticien comme dans la chanson tu sais ? En fait lui il est philosophe mécanicien. Un jour il en a eu ras le fion de bosser dans un think tank, il s’est mis à réparer des motos et comme il était bien porté sur la philo il a décidé d’en faire un essai où il raconte tantôt son histoire, entrecoupée de réflexions autour du travail, du taylorisme, du prolétariat, d’artisanat, des cols blancs, d’Hannah Harendt (oui oui), de l’infantilisation de la société de consommation et des aspects cognitifs du travail de mécanicien. Ce tout mixé avec des vrais morceaux de société américaine couvrant l’ensemble du 20e siècle, qui a permis aux grandes industries de rendre le métier d’ouvrier dénué de toute responsabilité, ouvriers qualifiés ayant pour consignes d’appliquer des procédures déjà établies par des personnes qui réfléchissent à ta place et font de toi un idiot (pour aussi que tu deviennes un petit numéro remplaçable). On a beau ne pas tomber des nues, le fait d’intellectualiser cette réflexion, de la décortiquer et d’en parsemer sa propre expérience, font de l’Éloge du carburateur une de ces merveilles qu’il faut lire au moins une fois dans sa vie. Tant pis si on se bute à relire deux ou trois fois le même paragraphe, tant pis si ça fait saigner du nez où encore que les exemples propres à la culture américaine nous soient inconnues, c’est impossible de ne pas le plaquer sur un contexte actuel français puisque mondial et libéral - avec cette petite innovation autour du narcissisme et des réseaux sociaux (DONT JE SUIS UNE VICTIME CONSENTANTE ET EXOTIQUE JE LE JURE) Pétard faut que tu t’y colles largol, sur la moustache de Mario je te jure c’est trop trop bien ! (et un type qui a été voisin de bureau de Coetzee peut pas être un gars malhonnête, pas vrai ?) Matthew B. Crawford il est pas ingénieur informaticien comme dans la chanson tu sais ? En fait lui il est philosophe mécanicien. Un jour il en a eu ras le fion de bosser dans un think tank, il s’est mis à réparer des motos et comme il était bien porté sur la philo il a décidé d’en faire un essai où il raconte tantôt son histoire, entrecoupée de réflexions autour du travail, du taylorisme, du prolétariat, d’artisanat, des cols blancs, d’Hannah Harendt (oui oui), de l’infantilisation de la société de consommation et des aspects cognitifs du travail de mécanicien. Ce tout mixé avec des vrais morceaux de société américaine couvrant l’ensemble du 20e siècle, qui a permis aux grandes industries de rendre le métier d’ouvrier dénué de toute responsabilité, ouvriers qualifiés ayant pour consignes d’appliquer des procédures déjà établies par des personnes qui réfléchissent à ta place et font de toi un idiot (pour aussi que tu deviennes un petit numéro remplaçable). On a beau ne pas tomber des nues, le fait d’intellectualiser cette réflexion, de la décortiquer et d’en parsemer sa propre expérience, font de l’Éloge du carburateur une de ces merveilles qu’il faut lire au moins une fois dans sa...
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  • nanouche 20/06/2021
    Matthew B. Crawford a passé une partie de son enfance dans une communauté, il a été déscolarisé et a travaillé dès 14 ans comme électricien. Il a fait ensuite des études de philosophie puis a cherché un emploi correspondant aux diplômes obtenus. Il a occupé des postes de petite main du travail intellectuel, rédigeant des rapports ou des résumés d'articles selon des consignes bien précises. Finalement il a quitté tout cela pour devenir mécanicien, réparateur de motos anciennes. Il s'appuie sur son expérience personnelle et sur des auteurs philosophiques pour présenter un plaidoyer en faveur du travail manuel de l'artisan opposé ici à des emplois communément jugés plus prestigieux de l'économie mondialisée : consultant en gestion, employé de start up... Les études technologiques ne sont plus à la mode, on pousse les jeunes à faire des études universitaires avec l'argument que dans l'économie contemporaine cela leur permettra plus facilement de trouver un emploi bien rémunéré. Au contraire, remarque l'auteur, les emplois intellectuels sont plus facilement délocalisables que les manuels. L'architecte peut concevoir ses plans depuis la Chine, on aura toujours besoin de maçons pour construire les bâtiments. De trop nombreux diplômés de l'université ne trouvent pas d'emploi qui corresponde à leur niveau d'étude et finissent par accepter des postes pour lesquels ils sont surqualifiés et sous payés pendant que le plombier gagne mieux sa vie. Enfants et adolescents étudient et s'amusent sur des ordinateurs, ils n'y sont pas confrontés aux limites que le réel impose. Cela peut leur donner un sentiment de toute puissance ou au contraire générer de la frustration face à des objets qui résistent. L'enseignement technologique, les métiers manuels permettent d'apprendre à accepter cette frustration. Dans l'économie numérisée les choix humains ont souvent été remplacés par ceux d'algorithmes et on prétend que l'intelligence artificielle est plus fiable que l'intuition humaine. Cependant le mécanicien chevronné constate que la pièce défectueuse est loin de se comporter comme la théorie le prévoyait. Dans la vraie vie l'usure est irrégulière et l'expérience humaine nécessaire. Quand le véhicule contemporain, truffé d'électronique embarquée, tombe en panne, le réparateur s'aperçoit que les signaux lumineux sensés indiquer l'origine du problème ne sont parfois d'aucune aide. C'est alors la propre intelligence du technicien qui est utile. On oppose facilement travail manuel et travail intellectuel. Le bon artisan est au contraire celui qui est capable de réfléchir à ce qu'il fait, de mettre "la pensée en action". Pendant ce temps, dans les grandes entreprises, les employés sont décérébrés par la mise en oeuvre de la "culture d'entreprise". Les salariés sont déstabilisés. Il s'agit, leur dit-on, de lutter contre leurs routines obsolètes. Il s'agit en fait d'obtenir plus d'eux et de les débarrasser de leur sens critique. Je retrouve la même idée dans la série d'Arte "Travail, salaire, profit" dont je visionne au même moment les deux premiers épisodes : les changements permanents dans les entreprises ou la fonction publique ont pour résultat que les salariés les plus anciens ne peuvent plus se prévaloir de leur expérience. Je trouve tout cela intéressant et plutôt facile d'accès si je ne tiens pas compte des citations de Heidegger, assez incompréhensibles pour moi. C'est un ouvrage qui me donne matière à réflexion. Quelques bémols cependant : - entre, à un bout, les emplois de la société post-industrielle et, à l'autre, le travail manuel de l'artisan, il me semble qu'il existe encore quantité de métiers où on peut exercer son intelligence. Ils sont peu évoqués. - à l'atelier on crée du lien en racontant des blagues de cul et l'apprenti s'intègre à l'équipe de travail en faisant la preuve de son sens de la répartie dans ce domaine. Pas beaucoup de recul sur ce qui nous est présenté comme une saine ambiance virile, opposée au politiquement correct artificiel des grandes entreprises (saine ambiance virile est mon expression : il me semble que si l'apprenti n'est pas un homme hétérosexuel il va avoir un peu plus de mal à s'intégrer).Matthew B. Crawford a passé une partie de son enfance dans une communauté, il a été déscolarisé et a travaillé dès 14 ans comme électricien. Il a fait ensuite des études de philosophie puis a cherché un emploi correspondant aux diplômes obtenus. Il a occupé des postes de petite main du travail intellectuel, rédigeant des rapports ou des résumés d'articles selon des consignes bien précises. Finalement il a quitté tout cela pour devenir mécanicien, réparateur de motos anciennes. Il s'appuie sur son expérience personnelle et sur des auteurs philosophiques pour présenter un plaidoyer en faveur du travail manuel de l'artisan opposé ici à des emplois communément jugés plus prestigieux de l'économie mondialisée : consultant en gestion, employé de start up... Les études technologiques ne sont plus à la mode, on pousse les jeunes à faire des études universitaires avec l'argument que dans l'économie contemporaine cela leur permettra plus facilement de trouver un emploi bien rémunéré. Au contraire, remarque l'auteur, les emplois intellectuels sont plus facilement délocalisables que les manuels. L'architecte peut concevoir ses plans depuis la Chine, on aura toujours besoin de maçons pour construire les bâtiments. De trop nombreux diplômés de l'université ne trouvent pas d'emploi qui corresponde à leur...
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  • pierreeoot 08/04/2021
    Faire de grandes études en philosophie politique, travailler dans un bureau d’étude, être bien payé, déprimer, pour finalement monter un atelier de réparation de moto … Bon …. Avec cet essai, l’auteur interroge son parcours, pourquoi a-t-il décidé de s’engager dans des études universitaires longues et pénibles, pour au final, revenir à ses premiers amours et faire de la mécanique son métier ? Par une approche philosophique, psychologique, mais aussi historique et politique, l’auteur nous parle du travail manuel et du travail intellectuel, les processus cognitifs et sociologiques qu’ils impliquent et interroge sur les “forces” qui ont amenées à ce délaissement du travail manuel, au profit du travail intellectuel. Ponctuées de belles histoires, d’anecdotes croustillantes et d’une touche d’humour, l’auteur pose un diagnostic très intéressant et nous questionne sur notre rapport au travail, aux objets, aux autres ...

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