Épanoui en bébé radieux le jour et bon dormeur la nuit;épanoui en petit enfant courant vers les copains de l'école;épanoui en élève moyen-bon – sans être le premier de la classe, qui est trop exposé;épanoui en sportif vous ramenant sa tenue de foot pleine de boue ou ses chaussons de danse pas trop déformés;épanoui entre ses nombreuses invitations aux anniversaires;épanoui dans sa «classe européenne», le fin du fin de notre collège;épanoui en affirmant ses dons artistiques;épanoui en choisissant la filière qui lui plaît – plutôt les études générales… Mais n'est-ce pas quand il aura vingt-cinq ans que vous pourrez, in fine, vous dire «mon enfant est épanoui»? Car dans notre société, il faut vingt-cinq ans pour faire un enfant. Les statistiques le montrent: c'est en moyenne entre vingt-trois et vingt-cinq ans que nos enfants quittent le giron familial pour se lancer dans la vie active. Voici deux portraits fort contrastés de ce jeune adulte:Tout ce que vous craignez: malgré vos efforts pour le recommander au voisin, au patron, à vos amis, il s'essouffle d'un petit boulot provisoire à un autre, a bien du mal à se lever le matin, étire ses soirées entre ses joints et ses amis, n'a pas abandonné ses oripeaux satano-trash, n'a pas d'amoureuse stable, s'est inscrit au RMI mais attend toujours votre rallonge de fin de mois et continue de vous porter son linge à laver… Tout ce dont vous avez rêvé: il est autonome, possède un emploi dans lequel il se sent valorisé, il avance vers la trentaine en vous annonçant son installation avec la personne «de sa vie», et vous vous précipitez pour cautionner le loyer, dévaliser Ikea (Ah! la belle générosité des parents!), mais c'est votre choix et vous avez raison, vous êtes si fier! Bientôt, vers ses 28-30 ans, vous serez grand-parent. Voilà votre enfant épanoui. L'aboutissement de la plus longue et la plus merveilleuse aventure humaine.