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Le médicament qui devait sauver l'Afrique
Un scandale pharmaceutique aux colonies
Date de parution : 02/10/2014
Éditeurs :
La Découverte

Le médicament qui devait sauver l'Afrique

Un scandale pharmaceutique aux colonies

Date de parution : 02/10/2014
L’histoire, volontairement occultée, qui commence dans les années 1940 et continue jusqu’aux années 1970, est celle d’un « remède miracle de la maladie du sommeil » : la lomidine. Avant qu’on ne reconnaisse enfin son inefficacité et sa dangerosité, elle sera injectée des millions de fois en Afrique. L’auteur suit pas à pas son histoire, montrant ainsi combien la médecine a été un outil du pouvoir. Une enquête historique inédite et implacable sur l'envers des politiques coloniales.
C’est l’histoire d’une piqûre magique, qui devait débarrasser l’Afrique d’une maladie qui décimait le continent. C’est l’histoire d’un scandale pharmaceutique oublié, enterré par les pouvoirs coloniaux de la fi n... C’est l’histoire d’une piqûre magique, qui devait débarrasser l’Afrique d’une maladie qui décimait le continent. C’est l’histoire d’un scandale pharmaceutique oublié, enterré par les pouvoirs coloniaux de la fi n des années 1950.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les médecins des colonies font de l’éradication de la maladie du...
C’est l’histoire d’une piqûre magique, qui devait débarrasser l’Afrique d’une maladie qui décimait le continent. C’est l’histoire d’un scandale pharmaceutique oublié, enterré par les pouvoirs coloniaux de la fi n des années 1950.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les médecins des colonies font de l’éradication de la maladie du sommeil leur priorité. Un nouveau médicament vient d’être découvert : la Lomidine. Dans l’enthousiasme, de grandes campagnes de « lomidinisation préventive » sont organisées dans toute l’Afrique. La méthode connaît quelques ratés – la molécule se révèle inefficace et dangereuse – mais ils ne freinent pas les médecins, au contraire. Il faut « lomidiniser » l’intégralité des populations, de gré ou de force.
Ce livre montre comment les médecins s’obstinèrent à utiliser un médicament pourtant dangereux, au nom du rêve d’une Afrique libérée de la maladie ; comment la médecine a été un outil pour le colonialisme ; comment elle a servi de vitrine à l’« humanisme » européen et de technique de surveillance et de répression. La petite histoire de la Lomidine ouvre une fenêtre sur le quotidien des politiques coloniales de modernisation, révélant leur envers : leurs logiques raciales, leur appareil coercitif, leur inefficacité constitutive, et la part de déraison inscrite au coeur du projet de « mise en ordre » de l’Afrique par la science et la technique.
Guillaume Lachenal renouvelle le regard sur le gouvernement des Empires, qu’il saisit dans son arrogance et sa médiocrité, posant les jalons d’une anthropologie de la bêtise coloniale.
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EAN : 9782359250992
Façonnage normé : EPUB2
DRM : Watermark (Tatouage numérique)
EAN : 9782359250992
Façonnage normé : EPUB2
DRM : Watermark (Tatouage numérique)

Ils en parlent

Cette thèse, traitée comme une enquête policière qui a duré dix ans, a des parfums de John le Carré. Guillaume Lachenal explore les rapports entre médecine et colonialisme, la méthode de l'hygiène de masse au service de la "médecine de la race". Les colonies deviennent pour l'industrie pharmaceutique des "laboratoires grandeur nature" où l'on expérimente à peu de frais. C'est aussi un essai sur l'empire de la bêtise qui finit par capter l'aventure scientifique.
Laurent Lemire / Livres Hebdo

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • YvesParis 24/03/2015
    La pentamidine a été massivement utilisée dans les années 50 en Afrique pour combattre la maladie du sommeil. Ses inventeurs estimaient qu’elle pouvait être stockée plusieurs mois par l’organisme et détruire les trypanosomes en cas d’infection. Son invention témoigne des « géographies transnationales de l’industrie pharmaceutique » (p. 49) : découverte au Royaume-Uni, testée en Sierra Leone puis au Congo belge pendant la Seconde Guerre mondiale, cette wonder drug coloniale a été commercialisée par le français Rhône Poulenc à partir de 1946 sous le nom de Lomidine. Ses modalités d’utilisation témoignent de la « nouvelle donne de la médecine coloniale » caractérisées après 1945 par sa massification. Pour éradiquer la maladie du sommeil est mis en œuvre un « programme vertical de santé publique » (p. 82) : des campagnes systématiques de « lomidinisation » chimioprophylactique consistant à injecter préventivement la Lomidine à toute une population. Cette politique s’est dans un premier temps avérée efficace. La maladie du sommeil a quasiment disparu d’Afrique équatoriale. Mais la lomidinisation avait des effets secondaires déplaisants voire dramatiques. L’injection intramusculaire dans la fesse était très douloureuse provoquant des abcès voire des décès par gangrène gazeuse. En novembre 1954, à Yokadouma, dans l’est du Cameroun, une campagne de lomidinisation tue 32 patients provoquant une vive émotion dans un territoire déjà agité par la fièvre indépendantiste. Deux ans plus tôt, à Nkoltang, au Gabon, 14 personnes avaient trouvé la mort. Dans les deux cas, une souillure de la solution, toujours eu égard aux conditions de sa préparation en brousse, est incriminée. Des analyses pharmacologiques plus fines démontrent bientôt l’absence de rétention de la pentamidine dans l’organisme. Si son injection avait permis de lutter contre la maladie du sommeil, c’était par son effet thérapeutique sur les sujets infectés et non par son effet prophylactique sur les sujets sains. Dit autrement, la lomidinisation de sujets sains était à la fois dangereuse et inutile. Le travail de Guillaume Lachenal ne se réduit pas à écrire une page anecdotique et scandaleuse de l’histoire de la médecine coloniale. Son ambition est plus vaste. Il traque, dans les politiques coloniales mises en place en Afrique après la Seconde Guerre mondiale « la part de déraison que contenaient leurs propres principes de rationalité, d’autorité et de scientificité » (p. 9). Comme Olivier Le Cour Grandmaison l’a fait avec le droit colonial, Guillaume Lachenal révèle la logique à l’œuvre dans la médecine coloniale : à rebours des principes éthiques aujourd’hui appliqués, l’efficacité d’un médicament dépendait de son utilité collective. Déconseillée aux Blancs – car ses effets secondaires étaient depuis l’origine connus – la Lomidine était un « médicament racialisé » (p. 122) dont l’injection forcée à la population noire aurait dû permettre l’éradication de la maladie du sommeil, fût-ce au prix de quelques victimes collatérales.La pentamidine a été massivement utilisée dans les années 50 en Afrique pour combattre la maladie du sommeil. Ses inventeurs estimaient qu’elle pouvait être stockée plusieurs mois par l’organisme et détruire les trypanosomes en cas d’infection. Son invention témoigne des « géographies transnationales de l’industrie pharmaceutique » (p. 49) : découverte au Royaume-Uni, testée en Sierra Leone puis au Congo belge pendant la Seconde Guerre mondiale, cette wonder drug coloniale a été commercialisée par le français Rhône Poulenc à partir de 1946 sous le nom de Lomidine. Ses modalités d’utilisation témoignent de la « nouvelle donne de la médecine coloniale » caractérisées après 1945 par sa massification. Pour éradiquer la maladie du sommeil est mis en œuvre un « programme vertical de santé publique » (p. 82) : des campagnes systématiques de « lomidinisation » chimioprophylactique consistant à injecter préventivement la Lomidine à toute une population. Cette politique s’est dans un premier temps avérée efficace. La maladie du sommeil a quasiment disparu d’Afrique équatoriale. Mais la lomidinisation avait des effets secondaires déplaisants voire dramatiques. L’injection intramusculaire dans la fesse était très douloureuse provoquant des abcès voire des décès par gangrène gazeuse. En novembre 1954, à Yokadouma, dans l’est du Cameroun, une...
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