Lisez! icon: Search engine
Les éditocrates 2
Le cauchemar continue...
Collection : Cahiers libres
Date de parution : 05/04/2018
Éditeurs :
La Découverte

Les éditocrates 2

Le cauchemar continue...

, , ,

Collection : Cahiers libres
Date de parution : 05/04/2018
Ils sont partout : dans les journaux, à la radio, à la télévision, sur les réseaux sociaux, du matin au soir et du soir au matin, sur tous les tons et par tous les temps, ils débitent tous (à peu près) les mêmes poncifs tout en s’autofélicitant de briser des non-dits​. Nouvel état des lieux des éditocrates français.
Ils sont partout : dans les journaux, à la radio, à la télévision, sur les réseaux sociaux. Du matin au soir et du soir au matin, sur tous les tons... Ils sont partout : dans les journaux, à la radio, à la télévision, sur les réseaux sociaux. Du matin au soir et du soir au matin, sur tous les tons et par tous les temps, ils débitent tous (à peu près) les mêmes poncifs en s’(auto)félicitant de lever les non-dits.... Ils sont partout : dans les journaux, à la radio, à la télévision, sur les réseaux sociaux. Du matin au soir et du soir au matin, sur tous les tons et par tous les temps, ils débitent tous (à peu près) les mêmes poncifs en s’(auto)félicitant de lever les non-dits. Se flattant sur les plateaux de tenir un discours « incorrect », ils accusent gravement leurs adversaires d’étouffer le « débat » par leur omniprésence…
Publié en 2009, Les Éditocrates, ou comment parler de (presque) tout en racontant (vraiment) n’importe quoi faisait le portrait savoureux de dix de ces prophètes des temps modernes. Près de dix ans plus tard, il était urgent de compléter la galerie.
Car le cauchemar continue.
Avec la prolifération des canaux de diffusion (chaînes de télé, Facebook, Twitter, etc.), la corporation éditocratique s’est partiellement renouvelée : elle s’est (légèrement) rajeunie et (un peu) féminisée. Mais surtout : elle s’est dangereusement radicalisée.
L’éditocratie a toujours des avis sur (presque) tout. Mais, plus obsessionnelle que jamais, elle s’acharne sur celles et ceux qui ne lui ressemblent pas, et qui incarnent par conséquent le mal absolu : « le chômeur », « le syndicaliste », « le migrant », « le musulman »…
S’appuyant sur des démonstrations d’où le réel a été complètement banni, les éditocrates, toujours insensibles aux contestations citoyennes de leur magistère, continuent donc de fabriquer du consentement. Mais c’est avec une brutalité et un cynisme largement inédits qu’ils œuvrent aujourd’hui au formatage des esprits.
Jusqu’à quand ?
Lire la suite
En lire moins
EAN : 9782348035524
Façonnage normé : EPUB3
DRM : Watermark (Tatouage numérique)
EAN : 9782348035524
Façonnage normé : EPUB3
DRM : Watermark (Tatouage numérique)

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • boudicca 30/06/2023
    En 2009, un premier tome intitulé « Les éditocrates » présentait le parcours de plusieurs figures médiatiques de premier plan, à l’image d’Alexandre Adler, de Jacques Attali, de Christophe Barbier, d’Alain Duhamel, de Laurent Joffrin, de BHL, d’Ivan Rioufol ou encore de Philippe Val. Autant d’éditocrates qui continuent aujourd’hui encore à être présents sur tous les plateaux de télévision aussi bien que dans les colonnes des principaux journaux du pays ou à l’antenne de nos radios. Neuf ans plus tard, Sébastien Fontenelle (journaliste à Politis et auteur de plusieurs essais sur le monde médiatique dont récemment « Les empoisonneurs »), Mona Chollet (cheffe d’édition au Monde diplomatique), Olivier Cyran (journaliste) et Laurence de Cock (enseignante et historienne) reviennent dans un nouvel ouvrage sur dix autres éditorialistes vedettes, de Brice Couturier à Eric Zemmour en passant par Franz-Olivier Giesbert, Jacques Julliard, Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer, Elisabeth Lévy, Plantu, Natacha Plony et Valérie Toranian. Le paysage médiatique a globalement peu changé en dix ans, de même que le profil de ces « toutologues » qui ont toujours un avis sur tout et l’exposent quotidiennement dans quantité de médias. Tous disent, à peu près, la même chose, et tous s’érigent en briseurs de tabous imaginaires et victimes de censure de la part d’une obscure « bien-pensance » (comique, dans la mesure où ils déroulent leur pensée à longueur de journée dans tous les plus grands médias depuis des décennies). Ce qui change par rapport à 2009, c’est l’inquiétante reconfiguration droitière du paysage médiatique, avec « l’installation d’un registre journalistique qui feint de vouloir fissurer l’ordre dominant mais qui ne vise, en réalité, qu’à le durcir. » Ainsi, si la défense d’un libéralisme débridé et la nécessité de mettre aux pas les travailleurs occupent toujours une place centrale dans leurs diatribes, le danger que représenterait l’Islam, et donc les musulmans, a pris de plus en plus de place dans leurs discours, au point de les voir réutiliser des termes et des théories forgés par l’extrême-droite. Pour Sébastien Fontenelle, « il n’est plus seulement question, lorsque les « arbitres du débat public » ajoutent l’anathémisation d’une minorité à leurs fustigations des luttes sociales, de contenir l’opinion dans son consentement à un ordre injuste : il s’agit, bien plus dangereusement, de la gagner au pire. ». Passons donc en revue ce qui caractérise le discours de ces « éditocrates ». Parmi les nombreuses obsessions qui agitent nos éditorialistes vedettes, l’Islam et sa supposée incompatibilité avec les valeurs de la République occupent, sans grande surprise, le devant de la scène. Ce qui marque à la lecture de ces portraits, c’est la radicalisation de la pensée de ces éditocrates, illustration flagrante de la « lepénisation » des esprits en cours notre pays. Une bonne partie des interventions de ces éditorialistes visent ainsi à stigmatiser une religion, l’Islam, et, par extension, les personnes qui la pratiquent. L’exemple le plus criant de cet islamophobie décomplexé reste évidemment Eric Zemmour dont on connaît le goût pour la provocation et qui n’hésite pas à multiplier les sorties racistes et les exhortations à s’en prendre aux musulmans (pour un portrait plus détaillé du personnage ainsi que de sa « grammaire identitaire », je vous conseille l’essai « Le venin dans la plume » de Gérard Noiriel qui fait ici le parallèle avec Édouard Drumont, éditorialiste antisémite du XIXe et auteur de « La France juive »). Mais il n’est pas le seul, et de loin, à être obsédé par l’idée que les musulmans représenteraient un danger pour notre civilisation. C’est le cas, aussi, d’Elisabeth Lévy, ancienne journaliste à Jeune Afrique ou Le Nouveau Quotidien où elle couvrait l’actualité internationale, qui déroule aujourd’hui sa pensée réactionnaire faussement subversive dans les colonnes de Marianne, du Point et du Figaro, ou sur les antennes d’RTL, de Sud Radio, d’Europe 1, de France culture et, surtout, de Cnews. Fondatrice en 2007 de la revue « Causeur » elle éructe à longueur de journée sur ce grand tabou dont on ne pourrait parler et fait régulièrement l’éloge de figures notoirement d’extrême-droite, à l’image de Renaud Camus, à l’origine de la théorie raciste et complotiste du « grand remplacement ». Il en va de même de Natacha Polony, qui affirme en 2012 partager « à peu près 90 à 95 % des analyses » d’Eric Zemmour, ou encore de Jacques Julliard, historien spécialiste du mouvement ouvrier passé par le Nouvel Obs, Europe 1, LCI, le Point, Marianne ou encore le Figaro, et qui n’hésite pas non plus à intervenir dans des revues apparentées à l’extrême droite comme « Limite » ou « Nouvelle droite ». Affirmant ouvertement qu’il existe un lien entre immigration et délinquance, ou que le port du voile est un appel au viol, l’intellectuel participe depuis des années à la banalisation des idées d’extrême-droite et à la dédiabolisation d’un RN qui n’a, pourtant, pas changé d’un iota. Du côté du dessin de presse, les musulmans et les migrants constituent aussi une cible de choix, comme l’illustre le portrait proposé ici de Plantu, qu’il recycle le cliché éculé des travailleurs immigrés venus prendre le travail des « Français de souche », ou qu’il n’hésite pas à sous-entendre que le port d’un signe distinctif musulman serait la première étape vers le djihadisme. Même chose du côté de la presse dite « féminine », comme l’illustre cette fois le portrait de Valérie Toranian, directrice de publication à la « Revue des deux mondes » et compagne de Franz-Olivier Giesbert. A la tête du magazine « Elle » pendant treize ans, elle a fait régulièrement la promotion de penseurs et d’éditocrates réactionnaires comme Caroline Fourest, Elizabeth Badinter, Elizabeth Lévy et même Oriana Fallaci, écrivaine italienne autrice d’un pamphlet abject sur ces immigrés qui seraient « l’avant-garde d’une invasion ». Outre leur haine de l’Islam et des musulmans, il est une autre obsession que partagent la quasi totalité de ces éditrocrates : ils sont (presque) tous partisans d’un libéralisme débridé qui les pousse à militer pour la nécessité de mener des réformes antisociales. Et ils n’hésitent pas à assumer le service-après-vente de ces réformes lorsqu’un gouvernement se décide à les mettre en place. Cette obsession portée à la libéralisation du marché à et la flexibilisation du monde du travail se traduit inévitablement par une haine exacerbée envers ceux qui s’y opposent, qu’ils soient politiciens de gauches, syndicalistes, ou encore grévistes. On trouve parmi eux Brice Couturier qui n’hésite pas à affirmer ouvertement qu’il « roule pour Macron » et que la France est un pays qui penche bien trop à gauche. C’est d’ailleurs un autre point commun entre tous ces éditorialistes, persuadés de vivre entourés de gauchistes, voire même dans « la dernière nation communiste de la planète » selon Franz-Olivier Giesberg. Habité par une détestation hallucinée de la CGT et une hantise maladive de la dépense publique (sauf lorsqu’elle va a des entreprises qui l’emploient), FOG se montre intarissable sur la nécessité d’assouplir le « droit social » et sur le coût de notre système de protection. Idem en ce qui concerne Jacques Julliard, partisan d’une « gauche modérée » et d’un « capitalisme réel et assumé ». Car oui, certains de ces éditocrates se targuent d’être de gauche (ou plutôt d’avoir « une sensibilité de gauche), et ne voient aucune contradiction entre leur supposé positionnement politique et le discours, au mieux conservateur, au pire réactionnaire, qu’ils tiennent en permanence. Parmi la brochette de portraits proposés, il en est deux qui se distinguent sur le sujet, à savoir ceux de Jean Quatremer, correspondant de Libération à la Commission européenne, et Arnaud Leparmentier, correspondance à New York pour le journal Le Monde. Comme beaucoup de personnalités publiques aujourd’hui, tous deux ont la fâcheuse manie de publier abondamment sur les réseaux sociaux, et notamment twitter qui sert dans le cas présent autant à leur autopromotion qu’à en découdre avec leurs détracteurs, quitte à user de l’insulte pour couper court à un échange lorsqu’un internaute les met face à leurs contradictions. Fans de Macron, Europhiles acharnés pour qui, comme le résume fort bien le journal Le Plan B : « toute réussite s’explique par l’Europe, tout échec est imputable au manque d’Europe, toute réussite et tout échec appellent davantage d’Europe. », Leparmentier et Quatremer sont, sans surprise, partisans d’une libéralisation renforcée du marché et d’une flexibilisation accélérée du monde du travail. Le Smic est trop haut, les indemnités chômage trop longues, les mesures de protections sociales inutiles et coûteuses, la fiscalité accablante pour les plus riches… : on connaît le refrain, et ces deux là le chantent ad nauseam depuis des décennies. Plantu se révèle lui aussi particulièrement virulent sur le sujet, multipliant notamment les dessins soulignant la proximité du rouge/brun, à savoir de l’extrême-gauche (dont la définition donné par Plantu se révèle particulièrement large) et de l’extrême-droite. Les extrêmes se rejoignent, Mélenchon vaut Le Pen… : là encore, on connaît le refrain. Chez Plantu, la haine de tout ce qui peut s’apparenter à une volonté de lutter pour plus de justice sociale et de meilleures conditions de travail se manifeste évidemment également par une abondance de caricatures péjoratives, voire carrément insultantes, de grévistes et de syndicalistes. L’illustrateur n’hésite pas, par exemple, à faire une parallèle odieux entre des grévistes d’EDF et des tortionnaires en Irak, ou à affubler des grévistes d’Air France de symboles nazis et à les dépeindre en ivrognes sanguinaires. Il n’est toutefois pas le seul à mêler ainsi régulièrement ses deux obsessions, Franz-Olivier Giesbert n’ayant pas hésité il y a quelques années a comparer Daech et la CGT, deux « ennemis de l’intérieur » pour la France. Il fallait oser ! Le discours de tous ces éditorialistes a également pour point commun de fustiger un certain type de féminisme, jugé trop radical ou aux méthodes déraisonnables, voire même d’estimer que la société dans laquelle nous vivons n’a rien d’inégalitaire pour les femmes et que, quand bien même ce serait le cas, tout serait finalement pour le mieux. Jacques Julliard est ainsi le premier à déplorer la perte de repères provoqués par la remise en cause du patriarcat, quand Eric Zemmour dénonce la « dévirilisation du monde » et insiste sur le rapport entre pouvoir et virilité. Elizabeth Levy ne tarit pas non plus sur les dérives du féminisme d’aujourd’hui, à commencer par le mouvement #Metoo qui n’aurait pas participé à libérer la parole des femmes mais plutôt à les cantonner dans un rôle de victime tout en réduisant les hommes à de dangereux obsédés. Les accusations d’agression sexuelles ne deviennent intéressantes pour Elisabeth Lévy que lorsqu’elles visent… des migrants ou des musulmans ! Elle est rejointe en cela par Valérie Toranian qui affiche un féminisme de façade, brandit comme faux-nez du racisme. Pour Mona Chollet, « elle a largement contribué à forger ce que beaucoup considèrent aujourd’hui comme « le » féminisme : soit l’idéologie de la bourgeoisie blanche qui s’inquiète d’avoir pris un kilo, se bousille les pieds et le dos sur des talons de quinze centimètres, admire les Femen après avoir admiré Ni putes ni soumises, considère Nicolas Bedos ou Raphaël Entoven comme des amis des femmes, mais regarde avec commisération ou hostilité celles de ces concitoyennes musulmanes qui, n’ayant pas la chance d’être aussi libérées qu’elles, ont choisi de porter le foulard. » Et de résumer, « en un mot comme en cent, [pour Valérie Toranian] le féminise n’a plus de raison d’être, sauf à Kaboul et à Trappes. » Parmi les nombreux points communs présents dans la plupart des discours des personnes portraiturées ici, on retrouve aussi le recours fréquent à des parallèles pour le moins douteux, généralement avec l’Allemagne nazie ou le totalitarisme stalinien. Jacques Julliard est notamment particulièrement friand des amalgames et raccourcis renvoyant au nazisme, puisqu’il n’hésite pas à comparer le féminisme américain à la solution finale, ou encore la candidature de Mélenchon en 2012 et la ferveur qu’elle suscite aux engouements collectifs du IIIe Reich et du totalitarisme soviétique. Zemmour se livre, lui aussi, à de nombreuses comparaisons de ce type, dépeignant l’antiracisme actuel comme le communisme du XXIe, usant des mêmes méthodes totalitaires, ou rapprochant la dénonciation de leur agresseur par des femmes victimes de violence de la dénonciation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Tous ou presque ont également pour point commun de se présenter comme victimes de la bien-pensance, qui exercerait sur eux une censure contre laquelle ils entendent, courageusement, se défendre. Tant pis si la contradiction entre la supposée censure dont ils seraient victimes et leur surexposition médiatique saute aux yeux : l’important, c’est de répéter partout qu’on « ne peut plus rien dire ». Dans le registre, Eric Zemmour, chroniqueur régulier à RTL2, au Figaro, sur Cnews, et même, fut un temps, sur France 2, est un spécialiste, de même que sa complice Elisabeth Lévy, elle aussi présente dans quantité de médias, radios et chaînes de télé aussi bien que presse papier ou en ligne. A la lecture de tous ces portraits, une autre similitude saute immédiatement aux yeux : l’entre-soi dans lequel baignent tous ces éditocrates. L’exemple le plus marquant est sans doute celui de Franz-Olivier Giesbert, dont on peut trouver les avis dans le Point, la Provence (dont il fut le directeur éditorial), le Nouvel Obs’ ou encore le Figaro, et dont la femme n’est autre que Valérie Toranian, ancienne de « Elle » qu’il a rejoint en 2015 au comité de rédaction de « La Revue des deux mondes », dont elle est désormais la directrice. Revue propulsée sur le devant de la scène médiatique au moment de l’affaire Fillon, puisque c’est pour elle que Pénélope Fillon aurait rédigé des articles pour la coquette somme de 100 000€ sur un an et demi. Revue dont le propriétaire n’est autre que Marc Ladreit de Lacharrière, ami proche du couple FOG/Toranian qui compte également parmi sont entourage Bernard Tapie et... François Fillon ! Autant de personnalités à qui il réserve des articles laudateurs dans les différents journaux dans lesquels il intervient. On retrouve sensiblement la même chose avec Jacques Julliard qui, à travers les chroniques détaillées de ses journées qu’il a jugé bon de publier (si, si), révèle la porosité des liens entre politiques et journalistes, dînant tour à tour chez Sarkozy, BHL, DSK et Anne Sinclair, Olivier Duhamel ou encore Vincent Bolloré et Jean-Luc Lagardère. Un entre-soi manifeste qui n’empêche pas Jacques Julliard de fustiger la perte de contact des élites avec le peuple... Parmi les cibles favorites de ces brillants éditocrates, on peut enfin mentionner l’école (et par extension les enseignants, ces fainéants payés à rien faire et qui remplissent la tête des enfants de propagande pro LGBT et/ou islamogauchiste). Cette fois, c’est Natacha Polony qui sort du lot, tant il est vrai que sa seule et unique année d’enseignement fait d’elle une experte sur le sujet. Intervenant dans quantité de médias, à commencer par Marianne, dont elle est désormais la rédactrice en cheffe, ou encore sur BFM (dans une émission qui porte carrément son nom), mais aussi sur le service public (elle livre un édito chaque semaine sur Franceinter), elle a créé en 2016 le Comité Orwell, un think-tank souverainiste, et est la première à s’inquiéter du déclin de l’école et des ravages du « puerocentrisme », tous deux imputables à la main mise sur l’institution du courant « pédagogiste ». Elle déplore également la perte du roman national et soutient le réseau « Espérance banlieues », à l’origine de la création dans des « quartiers sensibles » d’écoles privés hors-contrat qui visent justement à remédier au mal qui, selon l’éditocrate, est en train de ronger l’école publique (amusons-nous au passage : le réseau a pour fervent défenseur… le ministre de l’éducation national, j’ai nommé Mr. Jean-Michel Blanquer !). Proposant dix nouveaux portraits d’éditorialistes en vogue dans notre paysage médiatique, les auteur.e.s de ce petit essai mettent en lumière le profil similaire de ces « éditocrates » (origines bourgeoises, situés à droite, voire à l’extrême-droite sur l’échiquier politique, capables de parler de tout et n’importe quoi, présents (parfois simultanément) dans la plupart des grands médias) et surtout la similitude de leur discours. Les musulmans, les féministes, les migrants, les syndicalistes, les grévistes, les gens de gauche… : les cibles de leurs diatribes sont toujours les mêmes, et leurs « analyses » sont, elles aussi, globalement identiques. Il est frappant de constater à la lecture de ces portraits la radicalisation et la droitisation du paysage médiatique français, un milieu dans lequel on cultive l’entre-soi et où l’on se plaît à sans arrêt tordre la réalité pour la faire correspondre à une idéologie réactionnaire dont les musulman.es et les travailleurs et travailleuses mobilisé.es sont les premiers à faire les frais. Le cauchemar continue, oui, et il n’est pas fini !En 2009, un premier tome intitulé « Les éditocrates » présentait le parcours de plusieurs figures médiatiques de premier plan, à l’image d’Alexandre Adler, de Jacques Attali, de Christophe Barbier, d’Alain Duhamel, de Laurent Joffrin, de BHL, d’Ivan Rioufol ou encore de Philippe Val. Autant d’éditocrates qui continuent aujourd’hui encore à être présents sur tous les plateaux de télévision aussi bien que dans les colonnes des principaux journaux du pays ou à l’antenne de nos radios. Neuf ans plus tard, Sébastien Fontenelle (journaliste à Politis et auteur de plusieurs essais sur le monde médiatique dont récemment « Les empoisonneurs »), Mona Chollet (cheffe d’édition au Monde diplomatique), Olivier Cyran (journaliste) et Laurence de Cock (enseignante et historienne) reviennent dans un nouvel ouvrage sur dix autres éditorialistes vedettes, de Brice Couturier à Eric Zemmour en passant par Franz-Olivier Giesbert, Jacques Julliard, Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer, Elisabeth Lévy, Plantu, Natacha Plony et Valérie Toranian. Le paysage médiatique a globalement peu changé en dix ans, de même que le profil de ces « toutologues » qui ont toujours un avis sur tout et l’exposent quotidiennement dans quantité de médias. Tous disent, à peu près, la même chose, et tous s’érigent en briseurs de tabous imaginaires et victimes de...
    Lire la suite
    En lire moins
Inscrivez-vous à la Newsletter Lisez!, la Newsletter qui vous inspire !
Découvrez toutes les actualités de nos maisons d'édition et de vos auteurs préférés