Marc Baudriller, 43 ans, est journaliste en charge du secteur médias au magazine Challenges. Il intervient aussi ponctuellement sur RTL, France Info, Radio classique ou Radio Notre-Dame.
Les catholiques ont changé. Majoritaires, ils voulaient autrefois changer l'Église.
Devenus minoritaires, ils rêvent maintenant de changer le monde.
L'idée d'un réseau catholique en France, vieille terre chrétienne, peut paraître aussi incongrue qu'une association de démocrates aux États-Unis ou de communistes en Corée du Nord. Et pourtant... Les catholiques...
L'idée d'un réseau catholique en France, vieille terre chrétienne, peut paraître aussi incongrue qu'une association de démocrates aux États-Unis ou de communistes en Corée du Nord. Et pourtant... Les catholiques pratiquants ne représentent plus qu'une infime minorité de la population française. Les plus jeunes se considèrent, avec lucidité, comme les...
L'idée d'un réseau catholique en France, vieille terre chrétienne, peut paraître aussi incongrue qu'une association de démocrates aux États-Unis ou de communistes en Corée du Nord. Et pourtant... Les catholiques pratiquants ne représentent plus qu'une infime minorité de la population française. Les plus jeunes se considèrent, avec lucidité, comme les membres isolés d'une communauté fragile. Cette mutation considérable en entraîne d'autres. Comme tous les minoritaires, les catholiques français éprouvent l'urgente nécessité de s'appuyer sur une identité forte pour exister, survivre, rester tournés vers les autres et améliorer la société dans laquelle ils vivent. Ils ont changé. Plus conscients, plus convaincus, ils se mobilisent plus facilement, mais surtout différemment, avec une efficacité nouvelle.
Campagne à l'Assemblée nationale pour sauver le scoutisme menacé de disparition, œuvre d'une petite escouade de députés catholiques. Mobilisation contre la suppression du lundi de Pentecôte face au… catholique Raffarin, pour défendre la famille ou pour sauver Témoignage chrétien. Négociations en coulisses pour faire du Monde le propriétaire de Télérama. Mobilisation tous azimuts, encore, pour transformer une quasi-ruine, l'ancien collège des Bernardins à Paris, en foyer ultramoderne de foi et de culture où le Pape réunira la fine fleur de la société française.
Au cœur de ces campagnes et bien d'autres, forts de leur idéal, des catholiques souvent inconnus du grand public ont trouvé le soutien de personnalités politiques, d'hommes de médias, de capitaines d'industrie ou d'acteurs de la société civile. Ce livre suit ces catholiques animés par la foi, raconte leurs rêves, leurs différences, leurs combats, leurs échecs, leurs succès. Et éclaire différemment les événements qui ont marqué l'actualité de ces dernières années.
Dans le sillage de ces réseaux mobilisés, se dessine peu à peu le futur visage du catholicisme en France.
Marc Baudriller, 43 ans, est journaliste en charge du secteur médias au magazine Challenges. Il intervient aussi ponctuellement sur RTL, France Info, Radio classique ou Radio Notre-Dame.
RÉSUMÉ
En quarante ans, la France, fille aînée de l'Église, a profondément changé. Elle l'a fait discrètement, sans que les catholiques nés dans l'après-guerre s'en aperçoivent clairement. Et pour cause. Les natifs du baby boom ont grandi à l'ombre d'une Église omniprésente : dans la politique avec de grands partis chrétiens, dans l'économie avec des capitaines d'industrie catholiques affichés, dans les médias dont les catholiques tenaient des pans entiers. Être catholique, c'était davantage qu'une évidence dans les milieux de pouvoir : une forme de norme sociale. Ils se sont serré les coudes par affinités, par secteur d'activité surtout, avec une efficacité exemplaire.
Mais voilà, en quarante ans, la France - on le sait - s'est très profondément déchristianisée. Tandis que les pères sexagénaires échangent avec leurs anciens camarades de bancs leurs souvenirs communs des jésuites, leurs fils regardent comme une curiosité les bavettes des frères des écoles chrétiennes, découvrent les photos jaunies des grandes processions à travers les villes, tentent de saisir les échos d'un ordre ancien qu'ils n'ont pas connu et qu'ils n'imaginent même plus. Le catholicisme en France était une religion d'État qui ne s'avouait pas dans un pays laïc. C'est désormais une religion résiduelle, très minoritaire. « Sur la période 1981-1999, la pratique cultuelle mensuelle déclarée passe de 18 à 12 % pour la population globale et elle baisse encore plus fortement parmi les jeunes adultes », notait l'Insee en 1999.
Et pourtant, sur les parvis, à l'ombre des vieux édifices, la déchristianisation de la France crée un phénomène nouveau : des réseaux catholiques, actifs, plutôt jeunes et en pleine croissance. « Depuis 1985, les constats sont ambigus : l'érosion du religieux se poursuit dans certains domaines tandis que dans d'autres les signes de renouveau se multiplient », note toujours l'Insee, en 2003 cette fois.
Les baby boomers rêvaient de changer l'Église. Leurs fils l'ont abandonnée. Tous sauf quelques-uns. Ceux-là sont logiquement plus forts et plus convaincus que la moyenne. L'Insee, toujours : « Le sentiment d'appartenance religieuse ne se transmet pas de manière systématique de parents à enfants. 67 % des enfants de parents catholiques se disent catholiques, tandis que 95 % des enfants de parents sans religion le sont aussi. » Ces catholiques résilients, dans un univers indifférent ou hostile, se tournent vers leurs coreligionnaires. Réflexe impensable, voire suspect pour la génération précédente. Attitude indispensable à la survie d'une minorité qui se voit désormais comme telle et se constitue en réseau. Les jeunes catholiques découvrent ce que vivent depuis des siècles juifs ou protestants. Et ils réagissent comme eux, en minorité active et solidaire, en échappant souvent mais pas toujours au communautarisme. À l'heure de Benoît XVI, les vastes organisations de l'après-guerre laissent la place à des mouvements plus restreints, mais plus nombreux, plus opérationnels et disparates, plus décomplexés aussi. On s'active sans crainte de s'afficher. On ne s'excuse plus. On n'hésite plus à faire du prosélytisme. On s'épaule, on se mobilise. Mouvants, solides, efficaces, resserrés, les réseaux catholiques, fruits de la mutation complète de l'Église catholique en France, irriguent de plus belle les coulisses du pouvoir et de l'influence. Ils ont devant eux un bel avenir.
On croisera ici pêle-mêle : écrivains, universitaires, artistes, politiques, directeurs de rédaction, de Denis Tillinac à Daniel Rondeau, ambassadeur à Malte, en passant par la psychanalyste Julia Kristeva, le philosophe Michel Serres, le journaliste Franz-Olivier Giesbert ou le metteur en scène Olivier Py qui se revendiquent « cathos » Ils côtoient souvent le gotha des affaires avec, entre autres, Patricia Barbizet (Artémis), Henri de Castries (Axa), Anne Lauvergeon (Areva), Maurice Lévy (Publicis), Geoffroy Roux de Bézieux (Virgin Mobile) ou Michel Pébereau (BNP Paribas), l'ex-président de France Télévisions, Patrick de Carolis, ou la secrétaire d'État en charge du Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, Patrick Ricard (Pernod Ricard) et Emmanuel Faber (Danone), etc… Les réseaux cathos irriguent. Même dans les milieux les plus improbables. Le producteur et ancien agent artistique Dominique Besnehard et Thierry Bizot, codirecteur de la société de production Élephant & Cie, ne se font pas prier pour partager leur foi.
SOMMAIRE
Une rentrée parlementaire à Sainte-Clothilde
Menace sur le Champ de mars ou les effets de la fraternité scoute
Le lundi de Monsieur Pentecôte
Nicolas Sarkozy, laïc sans complexe
L'éthique, sujet sensible : pas de carte blanche au Téléthon
Une certaine idée de la famille : l'adoption par les couples homosexuels
Une certaine idée de la famille : le statut du beau-parent
Témoignage chrétien va-t-il mourir ?
Une convoitise du Monde : Télérama
À la rescousse de KTO
Les discrets réseaux des patrons cathos
Les réprouvés
Les nouvelles œuvres
La montée silencieuse des pèlerinages et monastères
Quand le réseau s'étend
Un triomphe des réseaux cathos : les Bernardin