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Par le cherche midi éditeur, publié le 04/05/2018

L'interview d'Anna McPartlin, la romancière irlandaise qui émeut la France

Après une carrière dans le stand-up, Anna McPartlin a décidé de se consacrer à l'écriture, un choix qui lui a réussi. Auteure de nombreux romans, elle a publié en France Les Derniers Jours de Rabbit HayesMon midi, mon minuit et vient de sortir Du côté du bonheur. Cette Irlandaise a une manière bien à elle de raconter des histoires et parvient à nous faire rire, pleurer. Si vous n'avez pas encore succombé à sa plume lumineuse, il est temps. 

Plantons le décor : Dublin, dans les années 90. Entre ses deux boulots, ses enfants et sa mère qui perd la tête, la vie n’est pas toujours facile pour Maisie. Mais, depuis qu’elle s’est décidée à quitter son mari violent, cette Irlandaise au caractère bien trempé retrouve peu à peu le chemin du bonheur. Jusqu’au jour où son fils Jeremy disparaît mystérieusement avec son meilleur ami. Que s’est-il passé le soir du 1er janvier ? En véritable reine du page-turner, Anna McPartlin sait nous tenir en haleine dans Du côté du bonheur et vous ne voudrez pas poser le livre avant d'en connaître la fin. Rencontre avec son auteure.

Si vous deviez choisir cinq mots pour décrire Du côté du bonheur ?
Question difficile… Je dirais : passionné, osé, déchirant, chaleureux et irrévérencieux.

Comment vous est venue l’idée de ce roman ? Quelle est l’histoire derrière l’histoire ?
La genèse de cette histoire provient de deux faits qui m’ont beaucoup marquée :

  • L’histoire d’un jeune garçon habitant dans une petite ville des États-Unis et qui a été tué parce qu’il était homosexuel. Après sa mort, sa mère a fait son propre chemin sur la question de l’homosexualité et elle parcourt à présent le pays pour donner des conférences sur la tolérance dans les universités.
  • Une histoire entendue dans l’émission d’Ellen Degeneres : un garçon de 12 ans qui a été tué parce qu’il avait donné une carte de Saint-Valentin à un autre garçon. Il avait été élevé dans une famille où l’homosexualité était mal perçue.

Vous délivrez encore une fois un beau message, mais ne pouviez-vous pas le faire passer sans tristesse 
Je ne pense pas, c’était nécessaire. Selon moi, personne n’est immunisé contre la tristesse, la peur, la solitude, la violence ; ce sont des choses de la vie, du quotidien, que l’on voit partout. Mais la peine nous éduque, nous fait grandir. Il arrive que la peine ne soit pas positive pour les gens, mais j’ai le sentiment que, souvent, elle nous rend meilleurs.

Il y a une foule de personnages dans votre roman, tous aussi attachants les uns que les autres, y en a-t-il un qui a une résonance particulière pour vous ?
Je ne peux absolument pas choisir un seul personnage. J’adore Maisie parce qu’elle est forte, Bridie et Jeremy m’ont brisé le cœur. Au contraire de Valérie, qui m’a remplie de joie. Je partirais bien en voyage avec Rave. Ils sont si différents que l’on peut tous les aimer, pour diverses raisons, chacun à leur manière.

Maisie est une sur-femme, comment parvient-elle à affronter tout ça ?
Maisie est un personnage entier. Quand elle était jeune, elle était faible, mais elle a transformé cette faiblesse en force en grandissant et en affrontant tous les obstacles de sa vie. Pour moi, son amour envers les autres et son attachement à eux sont à la fois une force et une faiblesse.

Les titres de vos chapitres sont des chansons. Comment les avez-vous choisis ? Ces chansons vous ont-elles inspirée ?
Chaque chapitre est intitulé à partir d’une chanson datant des années où Jeremy est mort. C’était important pour moi puisque chacune des chansons a un rapport avec les personnages. D’ailleurs, je trouve que les jeunes ont tendance à mieux écouter les paroles des chansons, à mieux les comprendre que les adultes, qui se contentent juste d’entendre. Et pour Jeremy et ses amis, ces chansons signifient beaucoup, elles les reflètent.

Il y a beaucoup de sujets sociaux dans Du côté du bonheur : les femmes battues, les homosexuels. C’était nécessaire pour vous, dans l’histoire de Maisie ?
À chaque fois que j’écris un roman, j’essaie de construire un personnage et, pour cela, j’ai besoin de regarder qui il est, d’où il vient et comment il a évolué pour devenir celui qu’il est aujourd’hui. Dans le cas de Maisie, c’était important qu’elle ait ce passif, c’est ce qui la rend aussi attachante. Je n’ai pas décidé d’écrire sur tel ou tel sujet, c’était un choix sur le personnage, et donc il était nécessaire pour l’évolution du personnage de Maisie de la faire passer par toutes ces étapes.

Comment avez-vous pensé à aborder les problèmes que rencontrent les homosexuels dans les années 1990 ?
J’ai choisi délibérément de placer cette histoire dans les années 1990, c’était très important pour moi. En effet, l’Église exerçait encore un grand contrôle sur les gens et, jusqu’au début des années 1990, l’homosexualité était toujours illégale. C’était donc le moment idéal pour moi pour raconter cette histoire. Par ailleurs, je voulais montrer aux lecteurs d’aujourd’hui comment c’était avant, pour comprendre que la liberté a dû se gagner et qu’il est nécessaire de la chérir aujourd’hui. Il faut surtout faire attention à ne jamais revenir en arrière. Pour l’aspect plus léger, c’était drôle pour moi d’écrire une histoire à cette époque parce que c’est la mienne, celle dans laquelle j’ai grandi, et ça m’a un peu rendue nostalgique.

La construction du roman est originale : raconter l’histoire par le biais des personnages, chacun son tour. Comment avez-vous décidé de cette construction ? Cela ne vous a pas un peu compliqué l’écriture ? Et l’aviez-vous décidé dès le début de l’écriture du roman ?
Oui, j’avais décidé de cette construction dès le départ. Pour moi, c’était la seule manière de raconter cette histoire. Je n’ai eu aucune difficulté à le faire. Je préfère toujours écrire d’un point de vue individuel, c’est mon style, et j’ai aimé l’idée de voir comment chacun pouvait être impacté par l’histoire. Par ailleurs, cela permet de tous mieux les connaître.

Quand vous écrivez, vous suivez un plan défini à l’avance ou vous vous laissez porter par l’écriture ?
Je sais exactement où je vais. Je connais le début, le milieu et la fin, et même la toute dernière page. Pour m’aider, je crée la structure du roman sur un tableau, et ensuite j’attaque l’écriture.

Votre inspiration, vous la trouvez où ?
C’est très simple, je la trouve partout. Elle peut arriver n’importe quand. Parfois quelqu’un me raconte une blague ou une histoire, cela peut être un déclencheur dans ma tête et me donner envie d’écrire dessus.

Vous rendez addictifs vos lecteurs, qui ne peuvent plus lâcher vos romans. Et vous, quand vous écrivez, vous faites de même, c’est-à-dire d’écrire sans pouvoir vous arrêter jusqu’au point final ?
Oui, je suis pareille. Quand j’entame l’écriture d’un roman, je m’y mets corps et âme. J’écris dans une pièce sombre, je ris, je pleure, je vis tous les moments comme je les écris dans le livre. Mon mari vient souvent me voir pour me demander s’il doit appeler un spécialiste, parce qu’il s’inquiète.

Il est difficile pour vous de laisser vos personnages quand vous avez fini votre livre ?
Beaucoup d’auteurs que je connais célèbrent la fin de l’écriture d’un livre, alors que, pour moi, c’est très difficile. Je le vis à chaque fois comme un deuil, avec toujours beaucoup de tristesse.

Avouez, vous puisez votre énergie dans les larmes de vos lecteurs ?!!
Je n’écris jamais pour faire pleurer les gens. Quand j’écris et que je pleure, je me demande toujours si les gens réagiront de la même façon. Quand les gens réagissent en pleurant ou en riant, j’adore, parce que cela signifie qu’ils se sont attachés aux personnages, à l’histoire. Si je me forçais à faire pleurer les gens, les lecteurs le sauraient, donc ce serait inutile.

Vos romans sont bienveillants, remplis d’amour, ils sont tendres, tristes et joyeux en même temps. Ils vous ressemblent ?
Totalement, c’est un miroir. Mes livres sont le reflet de ce que je suis.

Pour vous, à quoi ressemble votre lecteur ?
À chacune de mes rencontres avec des lecteurs, je vois des gens totalement différents. Pour moi, il n’y a pas qu’un lecteur, il y en a une multitude. Ça va de 17 à 77 ans, ce sont des hommes, des femmes. Et j’adore cela, cette diversité.

Il est où, votre côté du bonheur, aujourd’hui ?
Très bonne question ! Mon côté du bonheur, c’est ma cuisine. J’aime me mettre derrière les fourneaux pour mon mari, mes amis, avec mes quatre chiens autour de moi qui n’attendent que de grignoter les miettes de mes préparations.

Pour votre quatrième roman, il va falloir offrir des mouchoirs ! Mais un quatrième est-il prévu ?
Oui, bien sûr. Je suis ravie d’en parler, je viens justement d’en terminer l’écriture. Il s’agit de la suite de mon livre Les Derniers Jours de Rabbit Hayes (2016, cherche midi éditeur). On se focalisera sur sa famille pour savoir comment elle gère le deuil. J’espère sincèrement que cela vous plaira autant que « Rabbit Hayes », il me tarde de vous le faire découvrir !



Interview réalisée en collaboration avec

 

 

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