Antoine n’était pas heureux, mais pas non plus malheureux. D'ailleurs, la question ne l'avait pas effleuré. Jusqu'au jour où, grâce à une rencontre, il prit conscience que le présent n'avait jamais existé pour lui. Chaque minute de sa vie s'était transformée en marchepied afin d'accéder à la minute suivante. Rien d'autre. Même son passé s'effilochait puisqu'il n'avait pas non plus vécu ces minutes-là, au fur et à mesure qu'elles s'égrenaient. Et Antoine décida d'accorder de l'importance aux minutes. Il décida de monter dans le train de sa vie plutôt que de le regarder défiler. Il comprit que dans l'immense défilé des minutes, parfois répétitives et ennuyeuses, se cachent les minutes d'éternité, celles qui nous offrent les nouveaux aiguillages d'une vie.