Le benchmarking s'est imposé dans le monde du travail, tant dans le secteur privé que public. Si le terme n'est pas connu de tous, la pratique l'est : elle consiste à classer pays, organisations ou individus en fonction d'un certain nombre de critères fixés au préalable, puis de récompenser les plus performants tout en stigmatisant les derniers. Loin d'être une technique neutre comme le suggèrent les apparences, elle constitue au contraire un outil de direction des conduites, d'autant plus efficace que cette dimension politique est inaperçue. Chercheurs spécialisés dans l'étude de cet usage particulier des statistiques, les deux auteurs en retracent la genèse, dans la lignée des formes précédentes de disciplinarisation des salariés, ainsi que la manière dont elle s'est diffusée dans les administrations publiques depuis les firmes privées, par consultants interposés. Ils en illustrent enfin les implications néfastes dans trois secteurs distincts : la police, l'hôpital et l'éducation. Rédigé dans un style à la fois rigoureux et accessible, cet ouvrage est à verser d'urgence dans le débat public, à l'heure où la modernisation de l'action publique a remplacé la fameuse RGPP, sans que l'on sache ce qui a réellement changé, hormis le nom.