« Une enquête ethnologique remarquable qui s'appuie sur des sources diverses:
observations, récits de vie, entretiens collectifs dans les écoles... Et
débouche sur la publication de l'ouvrage Fragments d'intime où l'on
découvre une autre facette de la vie souterraine bruxelloise. Un monde
écorché vif, impitoyable et fragile, où les femmes sont particulièrement
exposées et malmenées. Un monde "aux marges urbaines" qu'il est parfois bon de
regarder en face... »
LE SOIR
« Ayant pénétré dans ces squats,
multiplié les entretiens, Pascale Jamoulle, véritable anti-Pinçon-Charlot,
résume admirablement cette plongée dans la mondialisation par le bas. »
LE
QUOTIDIEN DU MEDECIN
« Le travail de Pascale Jamoulle est d'abord de
faire des rencontres. Surtout l'anthropologue donne une voix aux sans-voix. Avec
humilité, patience et, il y a tout lieu de croire, justesse. Elle rapporte les
mots de ces inconnus que nous croisons sans souvent vouloir les voir, dans les
gares, au bas des immeubles, dans les recoins des villes. Ceux dont on se
détourne, les "sans", sans-papiers, sans-logis, sans revenus, sans droits...
[...] L'auteure montre donc avec force, à partir de ses observations de terrain,
que l'intime, "fragilisé" par la violence sociale, est hautement "révélateur des
fonctionnements sociaux". Et que les corps, de véritables "poupées ventriloques"
(Maurice Godelier) sont révélateurs de la "violence des vécus personnels et des
relations sociales". En donnant voix à ces personnes et en observant les signes
émis par leurs corps, Pascale Jamoulle s'est sans aucun doute inscrite dans la
grande tradition de l'anthropologie. À l'écoute de l'homme.
»
POLITIS
« Le peuple des abîmes. Comme Jack London au tout début du XX° siècle,
Pascale Jamoulle dresse le portrait des laissés-pour-compte de la société, des
déclassés économiques. La comparaison s'arrête là. Elle le fait en
anthropologue, non en écrivain: d'un territoire particulier, le voisinage de la
gare du Nord à Bruxelles, elle décrit quelques personnages emblématiques.
Surtout, Jack London observait une population britannique et protestante:
victimes des marchands de sommeil et habitants des taudis de l'Est End
londonien. En 2009, la mondialisation est passée. La photographie des alentours
de la gare du Nord offre une diversité des religions, de coutumes et d'origines.
L'auteure dévoile l'inscription de la misère dans les corps et dans la tête.
[...] pour étudier ce repli sur le corps en danger, ses conséquences sur la
santé mentale, elle isole trois genres, le genre marchand où la marchandisation
des corps voisine avec l'économie parallèle, le genre perdu, dédié aux
travellers, des errants souvent victimes de la drogue, le genre tragique où les
jeunes filles, dans leur désir d'émancipation, se heurtent aux parents et aux
grands frères, dépositaires de la tradition, un phénomène commun aux familles
turques et marocaines. Tous ont en commun une grande difficulté à renouer les
fils d'une histoire sentimentale marquée dans le passé par le drame et les
séparations, et complexifié par le chevauchement des cultures. [...] Pascale
Jamoulle, forte de son double statut d'universitaire et d'assistante sociale,
cerne au plus près la vérité humaine d'individus passés "à la moulinette de la
rue". »
LE MONDE