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Le chevalier, la dame, le diable et la mort
Collection : Amor Fati
Date de parution : 11/09/2003
Éditeurs :
le cherche midi

Le chevalier, la dame, le diable et la mort

Collection : Amor Fati
Date de parution : 11/09/2003

“J'ai, au plus profond de mes doutes, quelques certitudes.”

« Je souscris à la résolution de Lautréamont : "Je n'écrirai pas des mémoires". Je n'ai pas le goût des confessions, elles...

“J'ai, au plus profond de mes doutes, quelques certitudes.”

« Je souscris à la résolution de Lautréamont : "Je n'écrirai pas des mémoires". Je n'ai pas le goût des confessions, elles offrent trop de gages à un spectacle où ma démarche même renierait son propos. Je n'ai en revanche aucune raison...

“J'ai, au plus profond de mes doutes, quelques certitudes.”

« Je souscris à la résolution de Lautréamont : "Je n'écrirai pas des mémoires". Je n'ai pas le goût des confessions, elles offrent trop de gages à un spectacle où ma démarche même renierait son propos. Je n'ai en revanche aucune raison de dissimuler l'attrait qu'a toujours exercé sur moi la tentative de Montaigne de se peindre sur le vif en dépit des couleurs que le monde lui imposait. N'ayant écrit qu'un seul livre, sans cesse récrit, complété, corrigé selon la facture qu'empruntaient les bouleversements de société et, inséparablement, les variations de mon existence, je me sens en narquoise familiarité avec lui.

Chacun de mes livres traduit le progrès, si incertain qu'il soit, d'une conscience en peine de dénouer les fils enchevêtrés d'une destinée, dont j'aspire à régler le cours. Si mon analyse se fonde sur des éléments personnels, ce n'est pas pour en tirer valeur d'exemple, c'est pour tenter d'éclairer un dernier voyage comme s'il dût, envers et contre tout, être encore le premier ; c'est pour aviver, dans un refus de ce qui doit finir, une volonté, sinon de tout recommencer, du moins d'ouvrir des portes demeurées fermées ou entrouvertes par crainte.

Ce désordre d'émotions et de pensées, j'ai choisi de les aborder par le biais des passions auxquelles je demeure le plus attaché : l'amour, l'amitié, la volonté de vivre, l'aventure labyrinthique de la destinée, l'alchimie du désir, la sensibilité, l'animalité, le bonheur, la poésie ; et à travers ce qui les corrompt : la peur, l'argent, la présomption de l'esprit.
Mon questionnement est sans réponses, mais j'ai, au plus profond de mes doutes, quelques certitudes. Peut-être est-ce suffisant au cœur d'une époque qui, présentant comme nulle autre pareille les symptômes d'un pourrissement universel, cherche, au crible de ses désillusions, les signes d'une civilisation humaine qui tente maladroitement et naïvement de s'instaurer. »

R. V.

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EAN : 9782749101361
Façonnage normé : BROCHE
EAN : 9782749101361
Façonnage normé : BROCHE

Ils en parlent

Vaneigem le revenant

« "Désire tout, n’attends rien !" écrit encore, trente-cinq ans après 68, l’auteur du "Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations" (1967) et leader révolté, avec Guy Debord, de l’Internationale situationniste : Raoul Vaneigem, né en 1934 à Lessines (Belgique). Le cri utopique de quitter un monde dévasté par la société marchande "pour apprendre à devenir humain" est toujours présent dans son dernier livre, mais celui-ci se teinte d’étranges élans lyriques et porte curieusement le titre d’une peinture fantastique de Dürer. "Où en est l’errance du chevalier nu sous son armure, l’amour qui le hante […], le guide, le diable qui l’égare et l’éclaire… ?" interroge Vaneigem, qui narre ainsi, avec une naïveté déconcertante, sa rencontre avec "les puissances élémentaires de sa sylva magica", sa forêt enchantée. "Le ciel est la terre des oiseaux…" écrit-il. "Se nourrir et boire, c’est ensemencer et irriguer inséparablement le corps et la terre." Qu’est-il arrivé au rebelle des barricades ? Il poursuit, en empruntant de verts sentiers aux allures angéliques, sa critique de "nos sociétés grégaires et patriarcales". Plus que jamais, à 69 ans, il revient sur la beauté de la jeunesse, de l’amour et de la poésie, sur les vices du fétichisme de l’argent, sur son refus de se livrer "à la criée médiatique" pour ne pas "gâter son plaisir d’écrire par obligation de se vendre"… Il raconte comment il vécut d’expédients et fit "le nègre" après le renvoi de son poste de professeur à la suite d’une aventure amoureuse avec une étudiante de 20 ans… Il revient sur son amitié avec Debord, "fondée sur l’exubérance éthylique et la rigueur de pensée" tout en revendiquant ses erreurs, comme d’avoir emmené une amie en Espagne les premiers jours de Mai 68… Enfin, fidèle à sa "volonté de vivre" hors du "tout-à-l’égout du profit", il souhaite que soit accordée "dès l’adolescence une allocation mensuelle qui garantisse à chacun le confort d’un toit, le droit de se nourrir, la liberté de se déplacer, le charme des rencontres…" Le situ crie son utopie, par-delà les villes… quelque part dans sa sylva magica ! »

Marie Audran (Le Point, jeudi 11 septembre 2003)

PRESSE
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