Le marteau et son maître

Voici le lecteur dans la confidence de ventes prestigieuses et médiatiques (celle de Juan de Bestegui au château de Groussay, celle des décors d’Apostrophes…) ou bien encore de l’inventaire des collections du Prince Jeffrey, le frère du Sultan de Brunei… Hervé Poulain ouvre la boîte de Pandore du beau, de l’insolite et de la Curiosité : le fauteuil d’amour d’Edouard VII, le trône du sacre de l’empereur Bocassa et la chaise longue du Président Mitterrand, ces trois sièges ont en commun d’être passés sous son marteau… Au hasard d’un répertoire à la Prévert, on assiste à l’adjudication du piano double clavier d’André Malraux, du module de descente d’un Photon, du nez du France, du Baiser de l’hôtel de ville de Doisneau, des érotiques de Peyrefitte, d’une guillotine, d’un reliquaire contenant des fragments de Louis XVI et de Marie-Antoinette…
Mais la plume se fait stylet et le marteau assourdissant quand, bien qu’au dessus de la mêlée, Hervé Poulain dévoile les coulisses du marché de l’art, en dénonce les dérives et les aberrations, déplore l’effacement de la création française sur la scène internationale et en désigne les responsables, fustige l’absence de tout projet fédérateur de ses confrères de l’Hôtel Drouot susceptible de contrarier l’hégémonie des maisons de vente anglo-saxonnes.
Hervé Poulain nous invite à partager, dans leur atelier, l’intimité des créateurs, Calder, Stella, Lichtenstein, Warhol, Arman, César, Wolinski, qui peignirent ses bolides de course aux 24 heures du Mans.