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Le Monde qui reste
Date de parution : 19/08/2021
Éditeurs :
Editions Héloïse D'Ormesson

Le Monde qui reste

Date de parution : 19/08/2021
Tu étais un homme, mon père
Charles Vergely a tout juste dix-sept ans lorsqu’il s’engage dans la Résistance en juillet 1940. Il est arrêté le 10 mars 1941 par la police militaire allemande. Torturé, emprisonné, jugé... Charles Vergely a tout juste dix-sept ans lorsqu’il s’engage dans la Résistance en juillet 1940. Il est arrêté le 10 mars 1941 par la police militaire allemande. Torturé, emprisonné, jugé de façon expéditive et condamné à mort avec six autres de ses camarades, Charles Vergely est d’abord incarcéré à la... Charles Vergely a tout juste dix-sept ans lorsqu’il s’engage dans la Résistance en juillet 1940. Il est arrêté le 10 mars 1941 par la police militaire allemande. Torturé, emprisonné, jugé de façon expéditive et condamné à mort avec six autres de ses camarades, Charles Vergely est d’abord incarcéré à la prison du Cherche-Midi où il a, entre autres voisins de cellule, Honoré d’Estienne d’Orves. Il est ensuite transféré à la prison de Fresnes, la « Filiale de l’Enfer », puis déporté au camp de Rheinbach en juin 1942, où une partie des prisonniers finissent décapités à la hache. Au lendemain d’un bombardement qui ravage le camp, il rejoint celui de Ludwigsburg au terme d’une « marche de la mort » de quarante-cinq jours. Il y voit quotidiennement des hommes se faire exécuter, d’autres mourir de fatigue ou de faim. Lui-même ne pèse alors plus que trente-huit kilos. En février 1945, à la suite d’un autre bombardement, il est entassé avec une centaine d’hommes dans un wagon à bestiaux pour un ultime voyage vers la forteresse de Landsberg, une annexe du camp de Dachau, jusqu'à sa libération par les troupes alliées à la fin du mois de mai.
 
Pierre Vergely est le fils de Charles. À propos de ce roman, il écrit : « Lorsque j’ai démarré la rédaction de l’histoire de mon père, je ne savais pas où je mettais les pieds. J’avais une idée du poids de l’Histoire, mais je n’avais encore jamais eu l’occasion de mesurer sa puissance, et j’ai découvert que derrière ce mot se cachent à la fois l’ensemble de toutes les vies du passé, mais aussi notre présent et les raisons de notre présence. Je pourrais clamer qu’avec ce livre j’ai tenté, en plus de rendre hommage à mon père, de célébrer la lutte pour la liberté, la défense de la justice, la dignité ou le sens du devoir, mais ce serait faux. Ce livre parle avant tout du courage. Du combat face à la peur. De cet acte qui, pour être authentique, consiste à joindre à l’élan total de l’esprit l’engagement entier du corps. »
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EAN : 9782350877754
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 256
Format : 140 x 205 mm
EAN : 9782350877754
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 256
Format : 140 x 205 mm

Ils en parlent

Une histoire de fidélité, de patriotisme, de foi. De courage aussi. Une histoire de père et de fils.
Xavier Houssin / Le Monde des Livres

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • dcombier 02/10/2021
    Un roman sur la Résistance différent de tous ceux que j’ai lu précédemment. Non seulement Pierre Vergely y rend hommage à son père Charles Vergely arrêté à 19 ans le 10 mars 1941, torturé, condamné à mort, déplacé durant 4 ans , deux mois et trois jours entre des prisons françaises puis allemandes jusqu’à la fin de la guerre, mais le récit n’est pas celui de ses actes de résistance. Celui-ci prend la forme d’un journal de détention qu’aurait pu écrire le prisonnier dans lequel il fait part des évènements historiques ou insignifiants qui rythment les jours du prisonnier isolé dans son cachot, de ses rêveries, des réminiscences de son adolescence, de ses réflexions prosaïques, métaphysiques ou philosophiques ; en somme de tout ce qui l’aide à tenir et en même temps à se construire une personnalité d’homme adulte très différente de celle de l’adolescent insouciant qu’il avait été. "Le Monde qui reste" est celui du prisonnier privé de contact avec le Monde entier (celui de l'extérieur, de la "vraie vie), mais aussi celui qu'il découvre lors de sa libération, un Monde, physique et comportemental, où il ne reste que peu du Monde qu'il avait connu avant la guerre, celle-ci en ayant détruit la majeure partie. Un roman sur la Résistance différent de tous ceux que j’ai lu précédemment. Non seulement Pierre Vergely y rend hommage à son père Charles Vergely arrêté à 19 ans le 10 mars 1941, torturé, condamné à mort, déplacé durant 4 ans , deux mois et trois jours entre des prisons françaises puis allemandes jusqu’à la fin de la guerre, mais le récit n’est pas celui de ses actes de résistance. Celui-ci prend la forme d’un journal de détention qu’aurait pu écrire le prisonnier dans lequel il fait part des évènements historiques ou insignifiants qui rythment les jours du prisonnier isolé dans son cachot, de ses rêveries, des réminiscences de son adolescence, de ses réflexions prosaïques, métaphysiques ou philosophiques ; en somme de tout ce qui l’aide à tenir et en même temps à se construire une personnalité d’homme adulte très différente de celle de l’adolescent insouciant qu’il avait été. "Le Monde qui reste" est celui du prisonnier privé de contact avec le Monde entier (celui de l'extérieur, de la "vraie vie), mais aussi celui qu'il découvre lors de sa libération, un Monde, physique et comportemental, où il ne reste que peu du Monde qu'il avait connu avant la guerre, celle-ci en...
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  • TRIEB 01/10/2021
    C’est un récit étonnant que nous livre Pierre Vergely : il restitue les épreuves subies par son père Charles Vergely. Celui-ci, âgé de dix-sept ans, s’engage dans la Résistance en 1940. Il est dénoncé après avoir effectué une mission en Normandie et arrêté par la police militaire allemande le 10 mars 1941. Ce pourrait être un livre, un de plus, écrit par un ancien résistant sur son action, ses décisions, ses convictions. C’est le fils, Pierre Vergely qui écrit au lieu et place du père, pour lui rendre hommage, bien sûr, mais aussi pour expliciter les raisons de son engagement, et décrire les états moraux successifs par lesquels peut passer un détenu entre les mains des nazis et de la Gestapo. Tout commence à la prison du Cherche-Midi, dont les conditions de détention sont décrites par Pierre Vergely : « La prison est une déclaration de guerre aux règles élémentaires qui, au monde, donnent un cadre. Entre quatre murs, ce cadre est réduit à un point de compression dans lequel l’espace et le temps s’annulent. » C’est l’univers carcéral lui-même qui est remis en cause : « Et sans se salir les mains, l’exécutif peut y exécuter. Sans compassion et sans cœur, l’ordre judiciaire est en place. » La captivité est l’occasion pour le détenu de revisiter les causes de l’effondrement de 1940, de radiographier cette « étrange défaite » comme l’a si bien fait l’historien Marc Bloch. Il se remémore son enfance, les moments passés ave ses parents, ses frères et sœurs ; l’horreur est omniprésente dans le récit. Elle se manifeste le matin, très tôt aux aurores lorsque les geôliers viennent chercher les condamnés pour les mener au peloton d’exécution. Charles Vergely, par le récit de son fils, nous expose une fort pertinente critique de la notion de loi, de sa mise en application dans une société démocratique : après avoir énuméré les buts ordinaires de la loi, Pierre Vergely se fait l’écho d’une critique de fond à propos de la portée des lois : « Mais jamais, dans ce projet, la dimension intérieure de l’homme n’est prise en considération. Il n’est question que des affaires de la société auxquelles la loi tente de répondre par des dispositifs pratiques et des appareils d’organisation sociale. » Comment résiste-on à la torture, aux mauvais traitements des gardiens, aux brimades incessantes ? Par la fidélité aux habitudes, disait Charles Vergely à son fils Pierre : « Un homme qui sait se tenir ne perd jamais ses habitudes. » Le récit n’apporte rien de nouveau sur la nature du nazisme, sur son mépris des êtres humains, sur son inhumanité fondamentale. Mais il contribue précieusement à éclaire le rôle du courage et de la détermination morale face à la peur et à une cruelle adversité. C’est un récit étonnant que nous livre Pierre Vergely : il restitue les épreuves subies par son père Charles Vergely. Celui-ci, âgé de dix-sept ans, s’engage dans la Résistance en 1940. Il est dénoncé après avoir effectué une mission en Normandie et arrêté par la police militaire allemande le 10 mars 1941. Ce pourrait être un livre, un de plus, écrit par un ancien résistant sur son action, ses décisions, ses convictions. C’est le fils, Pierre Vergely qui écrit au lieu et place du père, pour lui rendre hommage, bien sûr, mais aussi pour expliciter les raisons de son engagement, et décrire les états moraux successifs par lesquels peut passer un détenu entre les mains des nazis et de la Gestapo. Tout commence à la prison du Cherche-Midi, dont les conditions de détention sont décrites par Pierre Vergely : « La prison est une déclaration de guerre aux règles élémentaires qui, au monde, donnent un cadre. Entre quatre murs, ce cadre est réduit à un point de compression dans lequel l’espace et le temps s’annulent. » C’est l’univers carcéral lui-même qui est remis en cause : « Et sans se salir les mains, l’exécutif peut y exécuter. Sans compassion et...
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  • Tlivrestarts 26/09/2021
    Le premier roman de Pierre VERGELY, c'est un coup de coeur ! Avec ce roman historique, Pierre VERGELY rend hommage à son père, un soldat, un résistant, un jeune homme dont la maturité est redoutable. Il n’a que 18 ans et pourtant, quel amour pour la patrie, quel sens du devoir ! Loin de ses parents, confronté à la haine de ses bourreaux, il garde la tête haute. Il est absolument incroyable de courage. S'il est abattu par l'ennemi, il veut pouvoir le regarder en face. Le pire des châtiments serait pour lui de mourir les yeux bandés. Et puis, il y a la place du beau. Alors que tout n’est que misère, déchéance et insalubrité… Charles VERGELY mène une quête insatiable. C’est assez incroyable et pourtant… il a cette volonté et cette témérité qui font de lui quelqu'un d'exceptionnel. Pour surmonter la torture dont il était victime chaque jour, il avait choisi sa voie. Comme j'ai aimé ce passage sur les objets qu'il s'amuse à détourner de leurs usages. Ils ne sont pas nombreux dans la cellule mais à chacun, il porte une attention toute particulière et fait fonctionner son imagination pour lui trouver une nouvelle vocation, belle ou drôle bien sûr. Tout cela n'est qu'un jeu, n'est-ce pas ! Enfin, il y a la place des livres. Je n'ai bien sûr pas pu m'empêcher de noter toutes ces références distribuées à l'envi. Quelle émotion devant l'ouverture d'un colis reçu de sa mère dans lequel il trouvera savon, chaussettes tricotées et... "Jérôme 60°" de Maurice BEDEL. Si là n'est pas l'essentiel... Chez les VERGELY, il y avait de l'amour, c'est certain. La relation de couple entre père et mère est nourrie de cette force que rien ne pourrait détruire, et puis, il y a celle de Charles entretenue alternativement avec son père et sa mère. Là, juste vous dire que j'ai été bouleversée par la lecture de quelques moments de complicité. Impossibilité de se toucher, de s'étreindre au parloir, il n'y a que les regards, mais quelle puissance ! Dans une plume tendre et délicate, le fils fait de son père un personnage de roman. Il dresse un portrait éminemment honorable d’un résistant et assure la mémoire de celles et ceux qui ont donné leur vie pour leur pays. Pierre VERGELY réussit à traiter un sujet grave avec humour, c'est la preuve de son immense talent.Le premier roman de Pierre VERGELY, c'est un coup de coeur ! Avec ce roman historique, Pierre VERGELY rend hommage à son père, un soldat, un résistant, un jeune homme dont la maturité est redoutable. Il n’a que 18 ans et pourtant, quel amour pour la patrie, quel sens du devoir ! Loin de ses parents, confronté à la haine de ses bourreaux, il garde la tête haute. Il est absolument incroyable de courage. S'il est abattu par l'ennemi, il veut pouvoir le regarder en face. Le pire des châtiments serait pour lui de mourir les yeux bandés. Et puis, il y a la place du beau. Alors que tout n’est que misère, déchéance et insalubrité… Charles VERGELY mène une quête insatiable. C’est assez incroyable et pourtant… il a cette volonté et cette témérité qui font de lui quelqu'un d'exceptionnel. Pour surmonter la torture dont il était victime chaque jour, il avait choisi sa voie. Comme j'ai aimé ce passage sur les objets qu'il s'amuse à détourner de leurs usages. Ils ne sont pas nombreux dans la cellule mais à chacun, il porte une attention toute particulière et fait fonctionner son imagination pour lui trouver une nouvelle vocation, belle ou drôle bien sûr....
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  • stef6534 21/09/2021
    Charles Vergely, jeune homme de 18 ans, membre du réseau SR Air, est arrêté en 1941 par les services de la Wehrmacht. Prisonnier, condamné à mort puis déporté en Allemagne il ne laissera pas de témoignages de son histoire. Son fils Pierre s'empare de cette histoire et va faire de son père un personnage de roman. Il délivre dans cet ouvrage un vibrant hommage à son père mais aussi à ses jeunes camarades qui malgré leur jeune âge n'ont pas hésité à s'engager en résistance contre l'envahisseur. L'auteur restitue à merveille la maturité, le courage de ces jeunes gens, condamnés à mort en sursis, confrontés à la brutalité, la torture de leurs geôliers, mais aussi leur combat pour une liberté décente. Le père de Charles est paralysé, sa mère va mourir du cancer. En captivité en Allemagne donc loin de ses parents, Charles fait quand même preuve d'une volonté et d'un courage exceptionnel. L'amour entre eux trois nourrit cette force. La lettre de son père annonçant à Charles le décès de sa mère est bouleversante. Il s'en dégage une belle et grande humanité. Un témoignage très fort. Nous ne pouvons qu'être reconnaissant pour tous ceux qui ont combattu le IIIème Reich. Je remercie les éditions Héloïse d'Ormesson et Babelio pour m'avoir offert ce livre lors d'une opération masse critique.Charles Vergely, jeune homme de 18 ans, membre du réseau SR Air, est arrêté en 1941 par les services de la Wehrmacht. Prisonnier, condamné à mort puis déporté en Allemagne il ne laissera pas de témoignages de son histoire. Son fils Pierre s'empare de cette histoire et va faire de son père un personnage de roman. Il délivre dans cet ouvrage un vibrant hommage à son père mais aussi à ses jeunes camarades qui malgré leur jeune âge n'ont pas hésité à s'engager en résistance contre l'envahisseur. L'auteur restitue à merveille la maturité, le courage de ces jeunes gens, condamnés à mort en sursis, confrontés à la brutalité, la torture de leurs geôliers, mais aussi leur combat pour une liberté décente. Le père de Charles est paralysé, sa mère va mourir du cancer. En captivité en Allemagne donc loin de ses parents, Charles fait quand même preuve d'une volonté et d'un courage exceptionnel. L'amour entre eux trois nourrit cette force. La lettre de son père annonçant à Charles le décès de sa mère est bouleversante. Il s'en dégage une belle et grande humanité. Un témoignage très fort. Nous ne pouvons qu'être reconnaissant pour tous ceux qui ont combattu le IIIème Reich. Je remercie...
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  • orell1 19/09/2021
    « D'un cachot l'autre » aurait pu s'intituler ce roman, en écho à un tout autre récit d'un célèbre écrivain français ayant pris parti de façon notoire pour le camp adverse à notre narrateur. Ce n'est certes pas la vie de château que celui-ci a vécu, mais celle de tous les résistants qui dès le discours de Pétain le 17 juin 40 n’acceptèrent pas d'abdiquer face à l'Allemagne hitlérienne et décidèrent de s'engager auprès des divers réseaux de résistance qui parsemaient la France. Sans attendre, dès la première page, l'auteur nous plonge dans un récit enlevé, phrases courtes et plume alerte, pour nous faire partager l'enfermement d'un prisonnier condamné à mort pour faits de résistance : pour « opinions gaullistes, aide à l'ennemi et espionnage » plus précisément. Mais qui est cet auteur ? Pierre Vergely. Et qui est ce prisonnier ? Charles Vergely. Leur lien de parenté ? Celui de père et fils. Pierre, le fils, à travers ce roman, s'est voulu le porte-voix de son père Charles qui n'a vraisemblablement pas eu le temps de coucher sur papier le récit de son histoire. Pierre n'avait que 11 ans lorsque celui-ci décède en 1986. Charles, lui, n'était guère beaucoup plus vieux lorsqu'il décide de s'engager, 17 ans... A 18, c'est déjà l'arrestation et la valse des cachots, accompagné par ses amis résistants condamnés également : le Cherche-Midi, Fresne, Rheinbach, Ludwigsburg et enfin Landsberg, forteresse tristement célèbre pour avoir accueilli Hitler entre ses murs durant 13 mois en 1923-1924, temps malheureusement mis à profit pour écrire Mein Kampf. Il est vrai que l'on aurait peut-être apprécié davantage un témoignage direct du protagoniste de cette histoire, la notion de roman renvoyant toujours à l'idée de fantaisie, de fiction narrative permettant toutes les extrapolations. Après avoir lu les grands récits d'enfermement de témoins directs de ces événements dramatiques de notre histoire récente, on craint pour la légitimité de l'auteur : qui peut concurrencer le récit d'Anne Frank, enfermée d’une toute autre façon, chez elle, en plein cœur d'Amsterdam ? Ou les horreurs de la promiscuité vécues par Primo Lévi à Auschwitz ? Mais l'auteur s'en tire avec brio au fil des pages. Armé des témoignages écrits et oraux de sa famille, de ses souvenirs et aussi de sa passion pour la philosophie, Pierre nous livre un récit empreint de souffrances physiques et morales, de tristesse et de peines mais aussi de rédemption et de résurrection. J'utilise un vocabulaire issu de la religiosité chrétienne car la foi a été un outil bien utile à Charles lors de ses multiples détentions. Elle est d'ailleurs une affaire de famille : Bertrand, le frère de Pierre, son « pilier » comme il le dit lui-même dans ses Remerciements, est philosophe mais aussi théologien, et lui aussi a été vraisemblablement touché par l'histoire paternelle, il est l'auteur d'un remarquable livre sur « La souffrance ». Durant la lecture, on ne peut s'empêcher de penser évidement à Camus et à « L' Étranger » qui a tout dit de l'absurdité de la condition humaine à travers l'expérience de l'enfermement et de la condamnation à mort. Mais ce livre se lit aussi puissamment sous le signe de « L' homme révolté », à qui il est dédié : le révolté n'est-il pas celui qui dit non, non à la tyrannie, à la fin des libertés, pour dire un grand oui à la vie afin de dépasser le nihilisme des révolutionnaires qui eux ne sont déjà plus que des idéologues criminels cherchant à rationaliser le meurtre ? Une des dernières scènes du livre est d'ailleurs le refus de Charles de tirer sur l'un de ses bourreaux allemands lorsqu'un libérateur américain lui tend un pistolet. Celui-ci va alors s'en charger : il n'a décidément rien compris... Ainsi, la brute remplace la brute. Le libérateur deviendra alors bourreau comme l'ont montré les décennies de Guerre Froide et les injustices commises par les États-Unis tout au long du XXème siècle, et ce toujours aujourd'hui. J'ai lu cet ouvrage en parallèle à la lecture d' « Historiciser le mal. Une édition critique de Mein Kampf », tout juste sorti cette année. Le livre de Pierre Vergely venait ainsi à point nommé, comme une vérification que des théories spéculatives peuvent être tout à fait délirantes et criminelles lorsque le réel est sacrifié sur l'autel de l'idéologie. Il est toujours stupéfiant de considérer que la psychose d'un seul homme dans une lointaine Allemagne a pu mener à toutes les horreurs qu'a pu vivre Charles, jeune français, sans doute tout à fait ignorant comme ses congénères de la même génération, des enjeux absurdes qui se jouaient dans la tête d'Hitler. Et toujours la même question lancinante qui se pose depuis plus de 70 ans : comment celui-ci a t-il pu par sa simple volonté être le générateur de tant de morts et de souffrances, l'origine de la création d'une telle architecture de résistance, d'espionnage, de contre-espionnage, de mensonges, de trahisons qui hanta l'Europe et le monde durant une période de six longues années ? Nos historiens tentent d'y répondre au mieux au fil de leurs recherches, nos écrivains réveillent la part sensible en nous pour ne pas oublier et ne pas recommencer dans ce « Monde qui reste » quand tout semble déjà avoir été détruit. « D'un cachot l'autre » aurait pu s'intituler ce roman, en écho à un tout autre récit d'un célèbre écrivain français ayant pris parti de façon notoire pour le camp adverse à notre narrateur. Ce n'est certes pas la vie de château que celui-ci a vécu, mais celle de tous les résistants qui dès le discours de Pétain le 17 juin 40 n’acceptèrent pas d'abdiquer face à l'Allemagne hitlérienne et décidèrent de s'engager auprès des divers réseaux de résistance qui parsemaient la France. Sans attendre, dès la première page, l'auteur nous plonge dans un récit enlevé, phrases courtes et plume alerte, pour nous faire partager l'enfermement d'un prisonnier condamné à mort pour faits de résistance : pour « opinions gaullistes, aide à l'ennemi et espionnage » plus précisément. Mais qui est cet auteur ? Pierre Vergely. Et qui est ce prisonnier ? Charles Vergely. Leur lien de parenté ? Celui de père et fils. Pierre, le fils, à travers ce roman, s'est voulu le porte-voix de son père Charles qui n'a vraisemblablement pas eu le temps de coucher sur papier le récit de son histoire. Pierre n'avait que 11 ans lorsque celui-ci décède en 1986. Charles, lui, n'était guère beaucoup plus vieux lorsqu'il décide de s'engager, 17 ans... A 18,...
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