« Dans les économies "modernes ", le capital productif comme les biens et services produits ont de plus en plus un contenu cognitif ainsi qu'un caractère intangible. Or ces biens présentent des spécificités, en terme de coûts, de comptabilisation, d'appropriation, de risque, qui en font des marchandises assez difficiles à faire rentrer dans le rang. Les auteurs soutiennent que le capitalisme financier, à travers ses institutions comme la Bourse, l'entreprise actionnariale, les nouvelles formes comptables, etc., s'est en partie développé pour domestiquer ces actifs. Mais, simultanément, la finance étouffe la production de connaissances, du fait de ses exigences de rendement à court terme et de ses pratiques déstabilisantes pour les entreprises: elle soutient l'économie du savoir un peu comme la corde soutient le pendu. Pour mettre en ordre les relations entre la finance, le savoir et la reconfiguration de la division internationale du travail, l'ouvrage formule des propositions de "réformes" précises et argumentées. »
LE MONDE DIPLOMATIQUE
« L'émergence d'une économie de la connaissance (ou économie cognitive) et l'essor d'une finance l'une et l'autre fortement mondialisées sont les deux évolutions majeures qui marquent nos sociétés. Contrairement aux discours dominants, l'économie de la connaissance telle qu'elle se développe ne se traduit pas par la disparition du taylorisme, mais par des formes de division internationale du travail qui sont source de "fortes inégalités entre les territoires comme entre les nations", accentuées par la privatisation des connaissances. Quant à la finance, elle joue un rôle essentiel dans l'essor de l'économie du savoir, mais, en même temps, elle contribue largement à modeler ces nouvelles formes d'organisation productive et à imposer des normes de rentabilité qui accentuent ce néotaylorisme. Surtout, incapable d'évaluer la valeur des actifs immatériels, elle s'en est remise au marché, engendrant ainsi bulles et krachs.On pourrait dire, en termes moraux, que, aussi bien dans le cas du savoir que dans celui de la finance, le mal est mêlé au bien. Pour séparer les deux et mettre le savoir et la finance au service d'une société plus juste et moins inégalitaire, les deux derniers chapitres ouvrent un certain nombre de pistes intéressantes. Au total, voilà un livre assez remarquable, tant par la qualité des analyses, à la fois approfondies et nuancées, ou l'accent mis sur les problèmes du Sud (qui sait que 60% des réfugiés de Sangatte sont diplômés de l'enseignement supérieur?) que par le souci de proposer des issues possibles et de ne pas s'en tenir à la seule dénonciation. »
ALTERNATIVES ÉCONOMIQUES« La combinaison de deux phénomènes du capitalisme actuel (puissance de la finance devenue force planétaire et entrée des économies industrielles dans l'ère de la « société de la connaissance » grâce aux nouvelles technologies), devait être « profitable à tous ». La crise récente a démenti cette vision. Cet essai présente un capitalisme loin des analyses dominantes. Accaparant connaissances et ressources financières au profit d'une même minorité de pays et d'acteurs, il engendre un appauvrissement des connaissances et de leur diffusion. Les auteurs explorent ici les conditions d'une possible alternative. »
LE JOURNAL DU CNRS