Menaces sur les deltas

En 1970, le cyclone qui a frappé le Bangladesh – et fait remonter les eaux de l'océan sur le delta déjà inondé par celles du Gange et le Brahmapoutre – a sans doute fait 500 000 victimes. Or ce genre de catastrophe exceptionnelle risque, dans les prochaines décennies, de se reproduire de plus en plus fréquemment, et sur bien d'autres deltas dans le monde. C'est une des conséquences de l'« effet de serre ». Que l'on pense surtout à l'extension de l'aridité en Méditerranée et à la fonte des glaces – responsable de l'élévation du niveau marin et de la submersion d'une partie des deltas –, le réchauffement de l'atmosphère aura sans doute des effets encore plus graves : l'augmentation de l'évaporation à la surface des océans provoquera une intensification considérable des précipitations dans le sud-est de l'Asie, ce qui entraînera dans les nombreux deltas des inondations importantes, d'autant plus graves que les fleuves surchargés d'alluvions coulent sur des levées au-dessus du niveau de la plaine. Dans ces deltas aujourd'hui surpeuplés, les hommes, encadrés depuis des siècles par les États, ont bâti (sauf au Bengale) des réseaux de digues pour contenir les fleuves. Pourront-elles résister à des débits beaucoup plus importants ? Devant de si grandes menaces, que peuvent faire les États, avec les équipements dont ils disposent ? Quels choix territoriaux s'offrent à eux ? C'est en cela que la question des deltas est géopolitique. Á tout cela s'ajoutent d'autres menaces sur certains deltas.