Lisez! icon: Search engine
Le Fils du pêcheur
Date de parution : 26/08/2021
Éditeurs :
Robert Laffont

Le Fils du pêcheur

Date de parution : 26/08/2021

Rentrée Littéraire 2021
« Dans ses yeux, il y avait toutes les opportunités ratées, tous les élans que je n'ai pas eus, les regards que je n'ai pas su rendre. »

Au cours des dix dernières années, j’ai été amoureux deux fois. Elle s’appelait Mona, il s’appelait Léo. J’ai vécu avec elle à Paris, avec lui en Normandie. J’ai été en...

Au cours des dix dernières années, j’ai été amoureux deux fois. Elle s’appelait Mona, il s’appelait Léo. J’ai vécu avec elle à Paris, avec lui en Normandie. J’ai été en couple pendant sept ans avec elle, avec lui pendant sept mois. Je les ai aimés pareil. Je veux dire, aussi...

Au cours des dix dernières années, j’ai été amoureux deux fois. Elle s’appelait Mona, il s’appelait Léo. J’ai vécu avec elle à Paris, avec lui en Normandie. J’ai été en couple pendant sept ans avec elle, avec lui pendant sept mois. Je les ai aimés pareil. Je veux dire, aussi fort.
En sept ans, j’ai pris dix kilos. J’ai voulu arrêter la drogue. J’ai essayé de faire un enfant. J’ai vu un homme mourir. Je me suis éloigné de mon père. J’ai vu les contours de mon visage disparaître. J’ai vu la femme que j’aimais se détruire. J’ai détruit le mec que j’aimais.
J’écris ces phrases dans le vide. Je ne sais plus à qui je m’adresse. Peut-être aux deux êtres que j’aimais le plus et que j’ai brisés.
On m’a tout donné et j’ai tout gâché. Il me reste le souvenir de ces deux passions.
Il me reste l’histoire que je vais vous raconter.

Retrouvez toute la Rentrée Littéraire Robert Laffont ici : http://rentreelitteraire.robertlaffont.com/

Lire la suite
En lire moins
EAN : 9782221256916
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 352
Format : 135 x 215 mm
EAN : 9782221256916
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 352
Format : 135 x 215 mm

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • PedroPanRabbit 06/02/2022
    Très rapidement, on comprend l'engouement suscité par cet auteur. Sa plume est incisive et profondément littéraire : Sacha Sperling écrit sans concession, sans rechercher les effets de style ; il écrit comme on court, comme on respire, comme on parle. Et pourtant, naturellement, quelque chose d'incroyable se passe dans la lecture. C'est violent (parfois), cru (souvent), mélancolique (beaucoup) et pourtant, rien n'est superfétatoire. Est-ce malaisant ? Par moment, oui, mais on ne connait pas d'histoire qui ait touché le monde en nous racontant les bisounours. Il y a dans l'écriture autant que dans l'engagement de cet auteur à écrire cet élan particulier aux écorchés vifs, ce petit quelque chose qui laisse aux figures de style utilisées un sentiment de sincérité poignant là où tant d'auteurs surchargent en poésie inutile. Les métaphores filées de la partie d'échecs pour raconter une dispute, ou du jeu de l'oie pour dire les hasards de la vie sont par exemple d'une évidence saisissante. Le récit, d'abord très lent, laisse le lecteur se familiariser avec la situation de Sacha, de se mettre progressivement en contexte. Puis, comme dans un jeu de miroirs, on suit en alternance les réminiscences de son histoire avec Mona et l'histoire naissante avec Léo. Les bouillonnements des débuts, la douceur des continuités, l'acidité des premières disputes, les drames, les traumatismes, les désillusions... Sur des temporalités différentes (sept ans pour la première, sept mois pour la deuxième), ces deux histoires d'amour suivent des chapitres et des péripéties, sinon totalement identiques, disons assez semblables dans leurs détours et surprises (bonnes ou mauvaises, souvent douloureuses). Elles laissent au milieu de ces intrigues croisées un personnage principal en plein questionnements, cherchant des réponses et se cherchant dans ce qui s'apparente peu à peu à une introspection psychanalytique. Lorsque le rythme de l'intrigue s'accélère, on est surpris de sombrer, dans les derniers chapitres, dans une atmosphère qui semble s'éloigner de l'auto-fiction pour lorgner du côté du thriller psychologique. Ce virage déstabilise, interroge. Mais la question n'est peut-être pas tant de savoir ce qui est vrai ou pas, ni même de dire si c'est vraisemblable, mais plutôt de réfléchir à ce que cela vient dire de la quête du personnage et de son auteur. En bref : Auto-fiction à l'écriture crue mais profondément talentueuse, "Le fils du pêcheur" est un récit complexe et déstabilisant sur la violence des passions amoureuses, sur le deuil des sentiments, et sur l'éclosion de soi-même. Sacha Sperling est à n'en pas douter un auteur majeur de sa génération. Très rapidement, on comprend l'engouement suscité par cet auteur. Sa plume est incisive et profondément littéraire : Sacha Sperling écrit sans concession, sans rechercher les effets de style ; il écrit comme on court, comme on respire, comme on parle. Et pourtant, naturellement, quelque chose d'incroyable se passe dans la lecture. C'est violent (parfois), cru (souvent), mélancolique (beaucoup) et pourtant, rien n'est superfétatoire. Est-ce malaisant ? Par moment, oui, mais on ne connait pas d'histoire qui ait touché le monde en nous racontant les bisounours. Il y a dans l'écriture autant que dans l'engagement de cet auteur à écrire cet élan particulier aux écorchés vifs, ce petit quelque chose qui laisse aux figures de style utilisées un sentiment de sincérité poignant là où tant d'auteurs surchargent en poésie inutile. Les métaphores filées de la partie d'échecs pour raconter une dispute, ou du jeu de l'oie pour dire les hasards de la vie sont par exemple d'une évidence saisissante. Le récit, d'abord très lent, laisse le lecteur se familiariser avec la situation de Sacha, de se mettre progressivement en contexte. Puis, comme dans un jeu de miroirs, on suit en alternance les réminiscences de...
    Lire la suite
    En lire moins
  • marcbali 30/10/2021
    Aujourd’hui je vais évoquer Le fils du pêcheur roman de Sacha Sperling. Ce jeune auteur est le fils d’Alexandre Arcady et de Diane Kurys, réalisateurs de films. Son cinquième roman est autobiographique et s’apparente à une autofiction impudique. Le narrateur et personnage principal du Fils du pêcheur se présente dans les premières pages : « je m’appelle Sacha. Je vais avoir trente ans. Je vis à Druval, dans un presbytère du côté de Caen, et je bois une grande gorgée de vodka avant midi pour me donner la force de démarrer la voiture, d’aller au supermarché, pour oublier mes bourrelets, pour oublier la brume qui change de couleur et la peur qui s’insinue partout. » Il précise que la maison appartient à sa mère, qu’il y est souvent venu pendant son enfance et qu’elle appartenait avant au couple Birkin Gainsbourg. Sacha a décidé de fuir en Normandie suite à son histoire d’amour finie avec Mona, il n’arrive plus à écrire, il est dépressif. Il l’évoque longuement et la reconstitue dans les chapitres écrits en italique. Il s’installe donc à Druval où il va vivre pendant quelques semaines une histoire d’amour incandescente et destructrice avec Léo Le fils du pêcheur. Dans les prolégomènes du roman il écrit : « on m’a tout donné et j’ai tout gâché. Il me reste le souvenir de ces deux amours. Je connais encore le feu de leurs mains. Je sais encore le propre et le sale. Il me reste l’histoire que je vais vous raconter. (...). J’attrape une feuille de papier, un stylo. Vieux réflexe. Je ne sais rien faire d’autre quand je suis seul, quand j’ai mal, quand on me trahit. Je ne sais pas parler de ce qui me fait souffrir, je ne sais que l’écrire. » Le roman ce sont ces deux histoires d’amour successives (une femme puis un homme, Paris et la Normandie) et imbriquées, entremêlées dans la narration. Le constat est amer, ces deux histoires sont douloureuses et fragiles ; le bonheur côtoie la souffrance et la douleur. Alors qu’avec Mona qui se détruisait, était suicidaire et consommait comme lui de la drogue Sacha n’a pas réussi à devenir père ; avec Léo il est subjugué mais leur passion se révèle délétère, l’emprise et la soumission abîment l’amour. Pourtant cela commence bien : « dans ses yeux, il y avait toutes les opportunités ratées, tous les élans que je n’ai pas eus, les regards que je n’ai pas su rendre. » Sacha dès le premier regard est amoureux de ce garçon penché sur le balcon de la maison voisine. C’est le père de Léo qui les met en contact ; dès lors le rapprochement est immédiat, Léo s’installe chez Sacha : « (il) n’est pas parti le lendemain. Il n’a pas traversé la route qui sépare nos deux maisons. Il n’a pas remis son jean. Léo marche pieds nus dans la maison. Pendant la semaine qui suit, nous sommes au lit. (...). Léo a vingt ans. Il termine un BEP mécanique à Caen. (...). Léo est jaloux des garçons avec qui j’ai couché. Les filles, il s’en fout. » Au gré de digressions il mentionne son premier amant à quatorze ans Augustin et D un chanteur sur le déclin avec lequel il a couché. Le narrateur évoque en alternance ses souvenirs de Mona (notamment la période où le père de la jeune femme agonisait) et la passion turbulente avec Léo qui profite de lui et de son argent pour s’acheter des motos qu’il répare et revend. L’amour physique entre les deux garçons est assez peu décrit à l’exception d’une scène initiatique : « je le sens se refermer sur moi. Son bassin monte et descend. Je touche ses fesses, il mord ma joue trop fort, comme pour me rendre un peu de sa douleur. Il me veut en lui. C’est la première fois. Il pousse des grognements. Je sens les poils en bas de son dos. » Malgré le déchirement et la fougue de cette relation désespérée Léo brille sous le regard de son aîné : « Léo serait moins beau s’il n’était pas si malheureux. Ses traits parfaits, sa bouche nerveuse, ses yeux étirés. Tout ça serait banal s’il n’y avait pas ces ombres. Je caresse ses doigts abîmés. » Le prolétaire aspire à gravir les échelons sociaux, malgré la sincérité princeps de son amour, la question de ses ambitions se pose. Mais le narrateur ne creuse pas cette veine il conclut en écrivant : « nous ne sommes pas deux hommes, nous sommes deux détresses. Deux enfants mal finis qui cherchent en l’autre un impossible point de contact. » La fin du roman est moins convaincante que les premiers chapitres. Sacha comprend que son amour éperdu est voué à l’échec, son amant va se mettre en couple avec une caissière normande qui est probablement enceinte de lui. Pour sa part il reste seul et rejoint le cocon familial parisien. Le fils du pêcheur est un roman passionné et égocentrique. Le protagoniste est un dominant, il n’est pas du même monde que Léo et malgré l’immixtion du personnage de Natacha c’est peut-être leur distance sociale plus que la question de l’homosexualité qui les éloigne. Les deux histoires d’amour sous substance sont d’une noirceur romantique assumée. Le huis-clos normand n’est pas salvateur pour le narrateur qui vit des amours toxiques qui le font sombrer. Voilà, je vous ai donc parlé du Fils du pêcheur de Sacha Sperling paru aux éditions Robert Laffont. Aujourd’hui je vais évoquer Le fils du pêcheur roman de Sacha Sperling. Ce jeune auteur est le fils d’Alexandre Arcady et de Diane Kurys, réalisateurs de films. Son cinquième roman est autobiographique et s’apparente à une autofiction impudique. Le narrateur et personnage principal du Fils du pêcheur se présente dans les premières pages : « je m’appelle Sacha. Je vais avoir trente ans. Je vis à Druval, dans un presbytère du côté de Caen, et je bois une grande gorgée de vodka avant midi pour me donner la force de démarrer la voiture, d’aller au supermarché, pour oublier mes bourrelets, pour oublier la brume qui change de couleur et la peur qui s’insinue partout. » Il précise que la maison appartient à sa mère, qu’il y est souvent venu pendant son enfance et qu’elle appartenait avant au couple Birkin Gainsbourg. Sacha a décidé de fuir en Normandie suite à son histoire d’amour finie avec Mona, il n’arrive plus à écrire, il est dépressif. Il l’évoque longuement et la reconstitue dans les chapitres écrits en italique. Il s’installe donc à Druval où il va vivre pendant quelques semaines une histoire d’amour incandescente et destructrice avec Léo Le fils du pêcheur. Dans les...
    Lire la suite
    En lire moins
  • Sharon 10/10/2021
    J’aimerai… faire de grandes et belles phrases bien construites pour vous parler de ce livre. J’aimerai vous dire que je l’ai apprécié. Non, ce n’est pas le cas. J’ai hésité sur le genre dans lequel je devais le classer. Roman ? Roman autobiographique ? Autofiction ? Il correspondrait plutôt à cette dernière case, comme d’autres titres écrits par Sacha Sperling – pour ne pas dire comme tous les autres titres. Il est question ici de passion amoureuse, et le ton est donné dès le départ : « J’ai vu la femme que j’aimais se détruire. J’ai détruit le mec que j’aimais. » Encore faut-il être à la hauteur du programme ainsi donné, et je me suis dit, tel Félix de Vandenesse le héros du Lys dans la Vallée, remis à sa place par la comtesse de Manerville, Sacha Sperling, le narrateur-personnage principal, se donne une importance qu’il n’a pas, surtout, à mon sens, pour Léo, le fils du pêcheur qui donne son nom au roman. Il avait rencontré Mona dans J’ai perdu tout ce que j’aimais (déjà, ai-je envie de dire – le roman date de 2013), il montre la lente destruction de la jeune femme, accro à diverses substances, dans cette oeuvre. Pour avoir lu plusieurs titres signés Sacha Sperling, j’ai l’impression qu’il ne cesse de nous conter sa destruction, nécessaire pour qu’il construise une oeuvre littéraire. Il me fait penser à un personnage de Boris Vian, incapable d’écrire s’il ne souffre pas. Oui, je pense beaucoup à d’autres romans en lisant la prose de Sacha Sperling, ce pauvre petit garçon parti se réfugier dans la maison familiale, ce gamin qui a fait sa première crise d’angoisse à vingt ans, qui depuis a pris des substances chimiques légales (les tranquillisants) ou illégales et qui attend le salut de son psy – quand il ne le cherche pas, encore et toujours, dans la fuite. Même si le roman est bien écrit, j’ai l’impression, pour la fin de ma chronique, de recourir à nouveau à des clichés. Avoir un enfant, quand on veut redevenir un enfant, quand on part à la recherche de l’enfant que l’on a été, et que l’on a perdu de vue parce que l’on a voulu grandir trop vite, n’est pas véritablement possible. Lui et Mona sont à la croisée des chemins, Mona qui peine à rendre visite à son père malade, Mona qui finit par perdre son père. Sacha, liée à sa mère, mais pas tellement à son père. Léo, défini avant tout par son lien avec son père, et qui va devenir père à son tour. Le fils du pêcheur ? L’histoire d’un pauvre petit garçon riche. Merci à Babelio et aux éditions Robert Laffont pour ce partenariat.J’aimerai… faire de grandes et belles phrases bien construites pour vous parler de ce livre. J’aimerai vous dire que je l’ai apprécié. Non, ce n’est pas le cas. J’ai hésité sur le genre dans lequel je devais le classer. Roman ? Roman autobiographique ? Autofiction ? Il correspondrait plutôt à cette dernière case, comme d’autres titres écrits par Sacha Sperling – pour ne pas dire comme tous les autres titres. Il est question ici de passion amoureuse, et le ton est donné dès le départ : « J’ai vu la femme que j’aimais se détruire. J’ai détruit le mec que j’aimais. » Encore faut-il être à la hauteur du programme ainsi donné, et je me suis dit, tel Félix de Vandenesse le héros du Lys dans la Vallée, remis à sa place par la comtesse de Manerville, Sacha Sperling, le narrateur-personnage principal, se donne une importance qu’il n’a pas, surtout, à mon sens, pour Léo, le fils du pêcheur qui donne son nom au roman. Il avait rencontré Mona dans J’ai perdu tout ce que j’aimais (déjà, ai-je envie de dire – le roman date de 2013), il montre la lente destruction de la jeune femme, accro à diverses substances, dans...
    Lire la suite
    En lire moins
  • Nanali 01/10/2021
    Un livre qui m'a fait sortir de ma zone de confort. J'ai eu beaucoup de mal avec la dynamique décrite où l'amour semble toujours étroitement lié à la souffrance. En revanche, j'ai trouvé que la plume de l'auteur était très juste et je pense que c'est pour cela que je me suis sentie mal à l'aise, comme un témoin impuissant face à une personne en danger. Enfin, j'ai été très touchée par la manière dont sont décrits ici la solitude et l'enfermement (tant physique que mental). Je remercie Babelio et les éditions Robert Laffont de m'avoir permis de découvrir ce livre.
  • michelblaise 13/09/2021
    « La fiction, c'est la part de vérité qu'il existe en chaque mensonge. » (Stephen King) « le fils du pêcheur » (Robert Laffont, 2021) est la troisième autofiction de Sacha Sperling depuis la parution, en 2009, de « Mes illusions donnent sur la cour », alors que l'auteur avait seulement dix-neuf ans, récit encensé par la critique. Frédéric Beigbeder écrivait lors de sa parution « c'est le « Bonjour tristesse » de la rentrée. »» Il s'agit, aujourd'hui, de la narration croisée, passée et actuelle, de l'histoire de deux amours toxiques et dévastatrices - la drogue, l'alcool, la maladie, la dépression, la mort, les questions matérielles et financières perverties - à Paris entre Mona et Sacha, trentenaires, d'une part, et ce dernier - lorsqu'il quitte son amie et la capitale pour rejoindre sa Normandie natale - et Léo, vingt-ans, d'autre part, son deuxième amour. « J'ai été amoureux deux fois », écrit l'auteur. Un roman est rarement le fruit de la seule imagination ; il convoque toujours la mémoire. La composition de la recette est ensuite affaire de raffinement entre ces deux ingrédients. Mais que penser et que croire du roman mêlant la fiction et la réalité autobiographique, a fortiori d'un auteur âgé de dix-neuf ans ? « L'impudeur ET la délivrance de l'autofiction » écrivait, en 1999, un critique littéraire au Monde. Sacha Sperling, enfant de réalisateurs de cinéma, est doué pour inventer des histoires - qui au fil des autofictions se répètent à l'envi à travers le héros de son récit - lui-même - un « gamin » geignard, paresseux, flegmatique et apathique. Le récit est incontestablement très bien écrit. Comment exiger davantage aujourd'hui au coeur d'une nouvelle littérature très médiocre ? L'intrigue, dont on peut déplorer la lenteur durant la première moitié du livre, laisse quelquefois perplexe. À cet égard, on aimerait connaitre le sens des propos de l'auteur au début du récit, repris sur la quatrième de couverture : « j'ai détruit le mec que j'aimais ». Ce n'est pas l'impression que nous laisse le roman à la fin de la lecture. Pourtant, cette question n'est pas un point de détail. Elle serait presque essentielle à la cohérence du récit si l'on considère que dans la liaison amoureuse entre Sacha et Mona existaient en germe les problèmes que l'on rencontre – renforcés - dans celle entre Léo et Sacha. Et c'est pourquoi le dénouement de l'histoire entre ces derniers laisse perplexe quant à la portée « auto-fictionnelle ». Une fin bâclée ou une impasse ? Une impasse, surement, dans laquelle, d'ailleurs, Sacha - bébé et trentenaire geignard – s'est toujours enfermé. Et le piège de l'auto-fiction semble rattrapper Sacha Sperling. Où se situe la frontière entre la réalité et la fiction, le mythe du double littéraire ? Sacha écrit : « j'ai été amoureux deux fois… Je les ai aimés pareil. Je veux dire aussi fort… ». Rien n'est moins sûr, car Sacha ne semble pas connaitre le sens du mot « Amour ». Quand il exige de sa thérapeute qu'elle lui donne des mots sur ses maux : « je veux des mots ». De guerre lasse, le spécialiste est sans appel : « instabilité émotionnelle. Faille égotique… Troubles narcissiques… peur systématique d'abandon… Angoisses paranoïdes, renforcées par la prise constante de stupéfiants. Tendance à la dépression… » Alors qui a détruit l'autre ? Et si Sacha, tout simplement, ne s'était borné qu'à révéler ses troubles psychiatriques, réels ou fictionnels ? Dans quelle mesure cette relation n'a pas été que la seule conséquence de l'unique schéma affectif et amoureux invariablement connu et idéalisé de Sacha, depuis toujours ? Sacha n'est-il pas le seul artisan de sa propre infortune ? N'a-t-il pas reproduit ses errements, ses turpitudes et inconduites pour, en définitive, se détruire lui-même avant de rejeter la responsabilité sur les autres, sa mère, son père, Mona, Léo… ? La réalité ne dépasse-t-elle pas la fiction ? Quoi qu'il en soit, « le fils du pêcheur » - à la suite des précédentes auto-fictions de l'auteur - est un très bon récit, remarquablement bien écrit, que je recommande vivement. Bonne lecture. Michel « La fiction, c'est la part de vérité qu'il existe en chaque mensonge. » (Stephen King) « le fils du pêcheur » (Robert Laffont, 2021) est la troisième autofiction de Sacha Sperling depuis la parution, en 2009, de « Mes illusions donnent sur la cour », alors que l'auteur avait seulement dix-neuf ans, récit encensé par la critique. Frédéric Beigbeder écrivait lors de sa parution « c'est le « Bonjour tristesse » de la rentrée. »» Il s'agit, aujourd'hui, de la narration croisée, passée et actuelle, de l'histoire de deux amours toxiques et dévastatrices - la drogue, l'alcool, la maladie, la dépression, la mort, les questions matérielles et financières perverties - à Paris entre Mona et Sacha, trentenaires, d'une part, et ce dernier - lorsqu'il quitte son amie et la capitale pour rejoindre sa Normandie natale - et Léo, vingt-ans, d'autre part, son deuxième amour. « J'ai été amoureux deux fois », écrit l'auteur. Un roman est rarement le fruit de la seule imagination ; il convoque toujours la mémoire. La composition de la recette est ensuite affaire de raffinement entre ces deux ingrédients. Mais que penser et que croire du roman mêlant la fiction et la réalité autobiographique, a fortiori d'un auteur âgé de...
    Lire la suite
    En lire moins
Abonnez-vous à la newsletter Robert Laffont
Les Éditions Robert Laffont publient de la littérature française et étrangère, des biographies, des témoignages, des mémoires, des romans policiers et d'espionnage, des livres de spiritualité ou encore des livres pratiques.
Chaque mois, recevez toutes les actualités de la maison en vous abonnant à notre newsletter.

Lisez maintenant, tout de suite !