Le Lotus jaune : Le livre de Hélène Jacobé

Taijin, Chine 1870. La jeune Lin Hei’er vit avec son père sur une barque. Les transports qu’ils effectuent leur permettent de vivre simplement mais en harmonie avec la nature. En hiver, Hei’er travaille dans un cirque où sa souplesse et sa beauté attire le public. Mais elles attirent aussi la convoitise et la jeune fille doit s’enfuir. Elle se retrouve dans la Maison du Phoenix, maison close « haut de gamme ». Elle s’y fait un nom et apprend les gestes qui guérissent les corps et les âmes. Elle finit par racheter sa liberté. Décidée à mener une vie indépendante et ouverte aux autres, Hei’er fonde Le Lotus Jaune, refuge pour les femmes battues ou reniées, les filles mères, les négligées. Par des enseignements concrets et une discipline stricte basée sur la confiance, elle se crée une certaine renommée qui attire les politiciens de tout bord. Hei’er saura-t-elle résister aux influences des gouvernants légitimes et aux factions rebelles ? L’Histoire ne finira-t-elle pas par l’emporter ? J’avais ce roman dans ma PAL depuis sa sortie et j’ai enfin réussi à le lire. Si l’ensemble m’a plu, je suis un peu restée sur ma faim. La Chine de ce début de 20ème siècle est en guérilla perpétuelle. Les nations européennes cherchent à s’approprier les richesses du pays et l’Empereur, faible et dominé par sa mère, ne sait comment leur résister. A l’inverse, plusieurs triades se proclament « sauveur de la Chine » et mènent une guerre d’usure auprès des étrangers avec le soutien de la population paysanne. C’est la révolte des Boxeurs. Mais les armes occidentales sont bien plus efficaces que les épées chinoises. La négociation s’impose. Dans ce contexte belliqueux, Lin Hei’er a construit un hâvre de paix à Taijin. Toutes les femmes peuvent s’y rendre, pour souffler ou pour guérir, quelques heures ou toute la vie. Chacune apporte ses connaissances, un talent, un enseignement. Il faut dire que Hei’er sait de quoi les femmes ont besoin, ayant elle-même eu une adolescence bafouée. Ses talents de guérisseuse lui feront rencontrer de hauts dignitaires, et elle aura toujours les meilleures informations pour diriger son institution. L’auteure a décrit un personnage de femme forte, ayant réellement existé. Elle est pleine d’empathie et son indépendance peut faire peur dans une Chine où être une femme représente le dernier échelon de l’échelle sociale. Hei’er sait qu’elle doit exceller pour paraitre crédible aux yeux de tous. J’ai beaucoup aimé suivre son évolution, la tête sur les épaules et les idées claires sur son ambition. Si je ne me suis pas tout à fait laisser emporter par ce roman, c’est à cause des multiples rebondissements politiques qui sont décrits dans la deuxième partie du livre. Les retournements d’allégeance sont innombrables parmi l’armée ou les lettrés, et j’avoue avoir été souvent perdue, voire lassée. De fait, cela a embrouillé ma compréhension de l’ensemble de la situation. Je crois que j’aurais préféré un roman plus accès sur le Lotus Jaune lui-même. Une belle lecture, exotique et instructive, qui saura distraire les amateurs(trices) de romans historiques.

Le lotus jaune est un roman historique romancé d'Hélène Jacobè, un livre vraiment crédible avec le travail documenté fait par l'autrice. Notamment grâce à une photo qui montre Lin Hei'er entourée de ses élèves, vêtues du costume traditionnel des femmes. Qui compose ce groupe des Lanternes rouges, une milice de femmes qui a participé à la Révolte des Boxeurs en 1900 Un retour historique dans le quotidien des Chinois dans les années 1875 à 1900 et cette révolte, une époque écartelés entre traditions, empereur avec la dynastie manchoue des Qing, le confucianisme, l'isolationnisme, la famine et la répression. Une oeuvre facile à lire, réaliste et dynamique. Un mélange de fiction et de réalité, une romance, des tableaux dressés des différentes classes de la société intéressants et clairs, le jeu de pouvoirs, le courage de ses femmes. Un regard au travers de femmes exceptionnelles, les humiliations provenant de la guerre de l'opium, en fin d'ouvrage on nous explique où sont les vérité et les fictions. Une jolie découverte, un destin celui de la sainte mère du Lotus jaune féministe, vaillante et libre avant notre époque moderne.

Je suis partagé sur ce roman : il me laisse un goût d'inachevé. Dès le début j'en attendais beaucoup, ça démarre bien, c'est intéressant et ça se lit vite. Au début du moins. J'aime l'idée, j'aime la façon de lier les personnages mais ce n'est pas assez abouti, il manque des choses à l'histoire pour en faire une grande histoire. Et donc très vite on se demande où on va, quel est le but de tout ça et on perd un peu le fil. Les événements historiques que je connais peu n'ont pas assez de place et pourtant ils aideraient, je pense à la compréhension et à étoffer le roman. C'est malgré tout une belle histoire et un pas de plus vers l'appréhension de ce que pouvait être l'empire chinois de l'époque. Alors malgré ce goût d'inachevé, c'est une bonne lecture.