Quand la lumière décline : Le livre de Eugen Ruge

Poche

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Splendeur et décadence d'une famille russo-allemande des années cinquante à nos jours dont le destin des membres va se dénouer lors de la chute du Mur de Berlin.

Berlin, 2001. Incurable. Suite à ce diagnostic, Alexander part au Mexique, un rêve d'enfant nourri par les récits nostalgiques de sa grand-mère. Pourtant, en 1952, celle-ci a tout fait pour mettre fin à son exil et rentrer participer à la construction de l'État socialiste en Allemagne.
Le père d'Alexander aussi est revenu plein d'espoir de Sibérie, avec son épouse russe qui ne maîtrisera jamais la langue de Goethe et sa belle-mère qui ne se défera pas de ses bocaux de cornichons.
Alexander, lui, se sent vite à l'étroit en RDA. Jusqu'à la fête célébrant les 90 ans du patriarche communiste, alors que le Mur est sur le point de s'effondrer, ou tous ces destins vont se croiser, s'affronter, se rencontrer ou se séparer...
De Mexico à Berlin en passant par Moscou, les voix de quatre générations s'entremêlent pour dire l'histoire d'un monde, d'une famille, d'une vie, quand la lumière des idéaux décline.

De (auteur) : Eugen Ruge
Traduit par : Pierre Deshusses

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Avis Babelio

herve_14

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 ans

Au moment où la RDA se délite puis disparait, les grands totalitarismes du XXème siècle ne signifient plus grand chose pour Markus, le petit dernier de la famille, alors que ces mêmes totalitarismes ont construit ou détruit les autres membres de sa famille, depuis ses arrière-grands-parents. Les chapitres se succèdent, centrés sur un personnage à un moment de sa vie, et le lecteur remet à sa place chaque nouvelle pièce du puzzle, pour peu à peu appréhender l'histoire globale de la famille, entrainée dans les vicissitudes du XXème siècle. Un regard très intéressant sur la RDA vue par ceux qui pensaient réellement créer une société socialiste idéale.

MHMA

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 ans

L’idéal socialiste allemand à l’épreuve du temps, tel pourrait être le résumé de ce roman qui a obtenu en 2011 l’une des plus prestigieuses récompenses littéraires outre-Rhin, le Deutscher Buchpreis, avant de connaître un grand succès à l’international. Mais ce serait ne pas lui faire justice que de s’en tenir à un résumé aussi abrupt car ce livre est également une fresque familiale dans la plus pure des traditions, alternant les regards de quatre générations à des moments-clés de leurs vies. Au centre de cette saga, les grands-parents Wilhelm et Charlotte, exilés au Mexique pour fuir les nazis avant de revenir participer à l’édification de la RDA. Pétri de cet idéal qui a forgé sa vie, Wilhelm, patriarche bougon et vaguement sénile, reçoit chaque année à son anniversaire une médaille du mérite lors d’une fête dans laquelle se croisent tous les représentants d’un monde de plus en plus suranné sous le regard crispé d’une épouse toujours passée au second plan. La dernière de ces fêtes, justement, est au centre du récit. Nous sommes en 1989 juste avant la chute du mur et personne n'ose évoquer devant le vieil homme ce qui se joue dehors. Kurt notamment, le père revenu des camps de travail soviétiques avec sa femme russe Irina et sa belle-mère, toutes deux en mal d’intégration, n’osera pas révéler la défection à l’Ouest de leur fils Alexander. Alexander que nous suivons en pèlerinage au Mexique sur les traces de ses grand-parents, justement, et qui se meurt doucement d’un cancer, comme une allégorie. Markus, enfin, dernier de la lignée, pour qui tous ces souvenirs, ces rituels n’ont plus vraiment de sens. Sous forme d’allers-retours entre les époques et les personnages, le livre retrace dans des pages dans lesquelles l’humour n’est jamais bien loin tout un pan de l’histoire récente sur un ton oscillant entre compte-rendu cruel d’une aventure gâchée et tendresse nostalgique pour ceux qui l’ont vécue. Un très beau livre, vraiment.

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jyducap

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 ans

Émouvante saga familiale dans l’Allemagne de l’Est. On passe de la Sibérie des goulags au Mexique de Frida Khalo et de Trotski à la confortable misère du Berlin communiste et de ses mythes soviétiques jusqu’à la chute du mur de Berlin. On aime chacun des membres de cette famille tiraillée entre les honneurs factices du passé, la nostalgie d’une époque révolue, la fierté des patriarches, la résistance des femmes qui veillent aux traditions (l’Oie à la Bourguignonne de Noël), aux fêtes de famille et qui sombrent dans l’alcool, et les incertitudes de la réunification qui divisent les générations. Une certaine «Ostalgie» se dégage qui permet de saisir un peu le désarroi de ces allemands de l’Est bousculés par l’histoire.

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Christw

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 4 ans

Traduit de l'allemand par Pierre Deshusses. Du patriarche Wilhelm avec ses idéaux socialistes au petit-fils Alexander atteint d'un cancer incurable et Markus l'ado que l'histoire ennuie, les feux s'éteignent. Si l'on considère que le récit concerne principalement une famille russo-allemande de Berlin-Est avant la chute du mur, avec les aïeux ancrés dans le parti communiste, si l'on suit les parcours pas spécialement glorieux, à peu de choses près, si on jette un œil sur la couverture et le titre, rien n'incite a priori à la jubilation. Eh bien c'est tout le contraire : ce roman basé sur des éléments autobiographiques d'Eugen Ruge – un Allemand né en Russie et aux multiples compétences littéraires et scientifiques – est un plaisir peu commun, tant par sa construction intelligente que par le réalisme qu'offre un œil aigu, souvent désopilant, sur la vie quotidienne et le parcours de personnes qui, en fin de compte, si nous ne partageons pas leur crépuscule, nous ressemblent à bien des égards. "Quand la lumière décline" a obtenu en 2011 le Deutscher Buchpreis, équivalent du prix Goncourt ou du Booker Prize. Sa traduction française est remarquable. Cette lumière déclinante, ce sont bien sûr les personnages de quatre générations qui vieillissent et meurent, mais aussi la fin des illusions politiques et espérances familiales. Le dernier de la lignée, Markus, symbolise un déclin sociétal : junkie désemparé, sans emploi ni domicile sérieux, sinon les discothèques. Le roman de Eugen Ruge peut sembler cruel, mais ce n'est pas l'impression principale que l'on retient, sans doute à cause d'une bienveillante humanité qui sourit derrière les mots. Le roman est divisé en chapitres marqués d'une date et d'un prénom, car chacun raconte un épisode familial selon un membre de la famille. La chronologie est bousculée, certains personnages reviennent plus souvent et les mêmes événements revivent sous des yeux différents. C'est le cas pour la remise de médaille d'anniversaire de l'arrière-grand-père, vétéran du Parti, le 1er octobre 1989, peu avant la chute du mur ; comme un leitmotiv, cette célébration, parfois burlesque, est vécue par chacun des protagonistes principaux, hormis Alexander, puisque ce dernier vient de passer à l'ouest. La structure narrative singulière n'est pas gratuite, elle suscite des parallèles révélateurs, comiques, émouvants. La jubilation du lecteur vient de ce qu'il relie progressivement les pièces du puzzle pour former un tableau familial, certes lacunaire, mais formidablement vrai. On apprend aussi comment les Berlinois de l'est préparent l'oie à la bourguignonne à Noël. Il y a deux façons – comme Irina Unmitzer, parfois un peu éméchée par le cognac, le démontre : avant 1989, la débrouille et le troc afin de dénicher les ingrédients pour fourrer l'oie ; après le mur, tout vient du supermarché. Un livre politique ? Un peu, forcément, mais Eugen Ruge rapporte d'abord le quotidien et les aléas d'une famille. C'est une mosaïque, donc un peu complexe, mais très agréable à lire. Il pourrait vous ravir, ce fut mon cas, dans les deux sens du terme. Cet auteur a aussi écrit "Le chat andalou", même traducteur aux éditions "Les Escales".

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Fiche technique du livre

  • Genres
  • EAN
    9782264058416
  • Collection ou Série
    Littérature étrangère
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    456
  • Dimensions
    178 x 111 mm

L'auteur

Eugen Ruge

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9,50 € Poche 456 pages