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Par First Editions, publié le 10/10/2023

L'Histoire de France à taille humaine – Yann Bouvier, alias @yanntoutcourt, répond à nos questions

Yann Bouvier, créateur de contenu sur les réseaux sociaux où il vulgarise l’Histoire sous le psueudonyme @yanntoutcourt, vient de publier un ouvrage sur lequel il travaille depuis trois ans maintenant, intitulé Microcosmes – L’Histoire de France à taille humaine. S’attaquant souvent aux idées reçues et aux discours pseudo-historiques, il est aussi professeur d’histoire et de géopolitique en lycée, et chercheur associé au CMMC (Université de Nice).

Dans cette bande dessinée richement illustrée par Eloi Chevallier, l’auteur a imaginé l'étonnante rencontre de la microstoria et de la vulgarisation grand public. Il y livre des textes d’une grande rigueur, relus par d’éminents spécialistes. Un récit nourri des connaissances les plus récentes, vivant, accessible, ponctué d’humour, qui ne sacrifie pas la nuance.

 

Yann, pouvez-vous nous présenter votre livre en quelques mots ?

Microcosmes propose de redécouvrir l’Histoire de France sous des angles inédits, d’explorer du dedans douze époques, douze temps de notre histoire aux côtés d’autant d’individus qui ont réellement existé, anonymes ou méconnus.

En parcourant ces époques à leurs côtés, on ne raconte pas « une autre » histoire de France. Mais on l’observe sous un jour inédit, incarné. Notre regard sur le passé en est enrichi et, souvent, modifié.

 

Quels sont vos chapitres préférés ? Et pourquoi ?

J’ai tendance à être particulièrement fier de notre travail, au scénario comme au dessin, sur les 7 derniers chapitres. Ainsi que pour celui qui arpente le Paris de la fin de la Guerre de Cent Ans aux côtés d’un témoin anonyme de l’époque.

L’histoire du livre, dont la création s’est étirée sur 3 années, est perceptible en le lisant . Dans ces chapitres écrits et illustrés un peu plus tardivement, le dessin est plus dense, plus fouillé, aussi parce que la documentation visuelle pour des époques plus proches de la nôtre était plus abondante. Les textes y sont aussi riches de davantage de strates, articulent et entrecroisent des thématiques plus diverses…

J’aime aussi beaucoup les treize entractes qui s’intercalent entre les douze chapitres : en quelques planches, j’y présente le travail des historiens, les limites de leurs méthodes, l’évolution de celles-ci. J’y propose un peu d’historiographie, comme lorsque je me demande pourquoi les femmes sont si longtemps restées dans l’angle mort du récit historique…

L’idée globale de cette articulation entre les chapitres et les entractes est de permettre au lecteur, une fois le livre refermé, de mieux comprendre ce qu’est l’histoire comme discipline de recherche, de mieux saisir la richesse de ses champs d’exploration… et, par-là, de l’aider à identifier les propos pseudo-historiques.

 

Avez-vous aussi des personnages préférés ?

Des « individus », j’insiste (sourire)… A une exception près, Microcosmes se tient aux côtés de personnes réelles. Ce ne sont pas des personnages : ces femmes et ces hommes ont existé, ce qui a souvent impliqué un travail de recherches en archives, de croisement des informations… d’historien, en somme.

Et, parce qu’ils sont au mieux méconnus, la mémoire collective ne les a pas recouverts d’ un vernis mythique. Le lecteur entrera dans leurs « vies » sans a priori, même s’il est un lecteur assidu d’ouvrages historiques  : c’est ce qui permet à ces douze destins de contribuer à éclairer autrement leurs époques, tout en offrant aux lecteurs débutants quelques repères indispensables.

Si je devais choisir : j’aime beaucoup le chapitre sur Solitude, le sort des femmes esclaves et la Révolution à la Guadeloupe. Sûrement parce que pour le coup, elle est un personnage.

 

Est-ce que vous pouvez nous en dire davantage sur Solitude ?

Un vernis mythique a recouvert sa mémoire dans les années 1970 avec le succès d’un roman qui lui a été consacré : La Mulâtresse Solitude. Ce livre lui invente une existence complète, un prénom, une enfance … alors qu’on ne sait presque rien de la Solitude historique.

Sur internet, dans les médias, de nombreux articles reprennent les éléments du roman tels quels, comme s’il était sa biographie ! J’ai donc voulu aussi, dans ce chapitre, déconstruire cette ce mythe et, sur la base d’études nombreuses, proposer un récit qui se rapproche davantage du réel historique de ce qu’aurait pu être sa vie avant 1802 et sa participation (avérée) au soulèvement d’une partie de la Guadeloupe contre le rétablissement de l’esclavage.

 

Avez-vous déjà rencontré des individus dont vous parlez dans votre ouvrage ?

Je pense forcément à Jeanne Morisse, une résistante gersoise dont j'ai pu recueillir certains souvenirs, et qui en avait transmis d’autres, dans un livre, à une universitaire toulousaine.

Dans mon travail d’écriture et de recherches, j’ai bien sûr mis à distance cette émotion et ce lien construits quelques années auparavant. Mais la rencontre, qui a eu lieu chez elle, à ses 97 ans, est illustrée dans Microcosmes, montrée aux lecteurs, par transparence.

J’étais accompagné de quatre élèves, qui lui avaient consacré un court-métrage primé au niveau académique dans le cadre du Concours de la Résistance. C’est pourquoi le professeur de Microcosmes et sa houppette surgissent à la fin de ce chapitre sur la Seconde Guerre mondiale et le sort des femmes en résistance et en déportation : une fois le récit achevé, sans condamnation ni glorification, l’émotion de la rencontre est rappelée. Le lecteur peut en nourrir son regard critique. Car ce livre, c’est aussi cela : rendre le lecteur acteur.

Et, au détour des bulles, des nombreuses références distillées, le faire rire…

Et si vous voulez en savoir plus, ça se passe ici : 

Microcosmes. L'histoire de France à taille humaine
Nous l’observons plus souvent du sommet, à hauteur des souverains, des « héros » et autres « grands personnages ». Nous la scrutons aussi de loin : c’est l’histoire des masses, soldats, femmes, ouvriers, etc.

Microcosmes privilégie l’immersion : explorer l’histoire de France du dedans, pour la rendre plus familière. Aux côtés de douze figures, anonymes ou méconnues, qui, tapies dans l’ombre du passé, lui donnent chair comme jamais ! Douze microcosmes, douze époques, douze mondes incarnés, comme autant d’allers-retours entre la « grande » et la « petite » histoire qui complètent et interrogent, loupe en main, notre vision du passé.

Entre chaque époque, treize entractes présentent le travail des historiens, leurs méthodes, leurs débats, leurs incertitudes... Car connaître l’histoire, c’est aussi savoir comment elle s’écrit.

Yann Bouvier, professeur d’histoire et vidéaste bien connu, a imaginé dans ces pages la rencontre de la microstoria et de la vulgarisation grand public. Il livre ici des textes accessibles, rigoureux, relus par d’éminents spécialistes, et mis en images avec justesse et légèreté par le dessinateur Éloi Chevallier. Un récit vivant, enrichi des connaissances les plus récentes... et ponctué d’humour.

(Re)découvrez l’histoire de France... à taille humaine !

Préfacé par Alain Corbin


De 14 à 99 ans !

SOMMAIRE :
  • Gaule romaine - Caius Iulius Vindex
  • Moyen Âge central - Adémar de Chabannes
  • Moyen Âge tardif - Le Bourgeois de Paris
  • Renaissance française - Antoine Escalin, dit le Polin
  • L’absolutisme - Claude Brousson
  • La Révolution - Solitude
  • D’un Empire à l'autre - Louis-François Pinagot
  • La Commune de Paris - Nathalie Le Mel, née Duval
  • La Première Guerre mondiale - Frédéric Branche
  • Les années folles - Mireille Havet
  • La Seconde Guerre mondiale - Jeanine Morisse, alias Niquou
  • Histoire du temps présent - Zakia

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