La Tyrannie vertueuse : Le livre de Pierre Jourde

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Un essai qui dénonce le moralisme, la surveillance et la censure que font peser des minorités agissantes, au nom du Bien.

On croyait autrefois que la tyrannie future serait fondée sur les modèles des États totalitaires du milieu du xxe siècle. La prophétie était fausse. Ce sont les citoyens eux-mêmes, dans les sociétés démocratiques, qui organisent leur asservissement. Nul besoin de Big Brother : il y a Facebook, où les individus se dévoilent et se surveillent. On croyait aussi que, comme dans les procès faits à des artistes au xixe siècle, la censure continuerait à être l'apanage de l'État. Désormais, ce sont les intellectuels, les étudiants ; ce sont des groupes de femmes, d'homosexuels, de musulmans, de Noirs, qui exigent interdictions, mises au ban, renvois, et jusqu'à des excuses publiques, à la manière des procès de Moscou. On expurge les textes du passé, on y traque tout ce qui pourrait blesser les identités modernes, décidées à exercer leur tyrannie au nom de la justice et du progrès. La gauche française, qui s'est construite contre la religion, en vient à soutenir le pire obscurantisme religieux. Des femmes arborent le signe de leur sujétion, au nom de leur identité musulmane, tout en se réclamant du féminisme. Bienvenue dans ce monde à l'envers, brave new world où la culture de la surveillance universelle se substitue à la culture tout court.

De (auteur) : Pierre Jourde

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Autodidactus

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

Lorsque j'ai décidé de lire La Tyrannie vertueuse de Pierre Jourde, je m'attendais à un essai sur les dérives d'Internet et des réseaux sociaux. Or, j'ai rapidement compris qu'il s'agissait en réalité d'une critique profonde et documentée d'une idéologie contemporaine « étonnante », souvent regroupée sous le terme de wokisme. L'auteur développe avec brio l'origine, le contenu, la finalité — et surtout les contradictions — de ce mouvement. Cette idéologie regroupe plusieurs courants de pensée tels que le féminisme radical, l'anticolonialisme, l'antiracisme, ou encore la défense des droits des minorités sexuelles..etc. Tout cela part d'un bon sentiment : oeuvrer à la prise de conscience des difficultés rencontrées par ces minorités dans leur vie quotidienne, avec pour objectif de modifier le regard des majorités sur elles. (Même si, personnellement, je peine à comprendre ce que l'anticolonialisme vient faire dans cette logique.) Là où cela dérape, c'est dans les moyens employés, notamment à travers une pratique bien spécifique : la cancel culture. Pour reprendre la définition donnée sur Wikipédia, la cancel culture (ou « culture de l'annulation ») consiste à ostraciser publiquement des individus, groupes ou institutions pour des propos ou des comportements jugés inadmissibles. Elle repose sur la call-out culture, ou culture de la dénonciation publique. Autrement dit, ce que l'on appelait autrefois la vindicte populaire. Pierre Jourde dénonce avec force ce phénomène, qu'il décrit comme un lynchage médiatique et intellectuel, souvent orchestré dans les milieux universitaires. Ce qui est visé, ce n'est pas seulement une pensée, mais la possibilité même, pour ceux jugés « incorrects », de s'exprimer. Il s'agit d'un mécanisme d'exclusion automatique, où une personne peut être condamnée socialement en un clic, par un groupe qui s'érige en gardien du politiquement correct. Le plus désopilant dans tout cela, c'est que les adeptes de ces pratiques sont souvent issus de milieux intellectuels évolués. Comment des individus aussi cultivés, se proclamant défenseurs inlassables de la tolérance, peuvent-ils faire preuve d'une telle intolérance envers leurs contradicteurs ? Et surtout, comment parviennent-ils à justifier cette attitude ? Mystère. L'auteur insiste également sur le manque d'honnêteté intellectuelle de cette idéologie, qui consiste à juger les faits ou les personnages historiques en les sortant de leur contexte. Il emploie fréquemment le terme de fiction : selon lui, les adeptes de cette pensée vivent dans une construction imaginaire, où brûler des livres, interdire des auteurs ou réécrire les manuels scolaires devient un acte militant censé ouvrir les portes d'un monde meilleur — en oubliant les millions de combattants et combattantes qui, dans le monde, ont perdu la vie pour défendre cette précieuse liberté d'expression. Il rappelle que ces méthodes ont déjà été testées dans des fictions totalitaires — sans succès. Bien au contraire, elles risquent de plonger la société dans l'ignorance et le simplisme. Pierre Jourde ne remet absolument pas en cause la liberté d'expression des courants idéologiques qu'il critique. Ce qu'il dénonce, c'est l'interdiction faite à ceux qui pensent autrement de pouvoir s'exprimer à leur tour, au nom d'une morale parfois déconnectée de la réalité. En bref : un livre à lire pour tous ceux que le sujet intéresse ou concerne. A voir également la mini-série sur Arte qui traite très intelligemment de ce sujet ambigu : "Douglas is cancelled"

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ghinculov

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 8 mois

Cet ouvrage tente de dresser un bilan, hélas partiel, des ravages qu’exerce aujourd’hui ce qu’on appelle le wokisme, la cancel culture ou le décolonialisme dans la société, en particulier dans le domaine de la culture, de l’éducation, de l’information.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Essais
  • EAN
    9782749172392
  • Collection ou Série
  • Format
    Livre numérique
  • DRM
    Filigrame numérique

L'auteur

Pierre Jourde

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