Bernard Edelman est avocat et philosophe.
Nathalie Heinich est sociologue.
Les organisateurs d’expositions sont-ils des auteurs ? À quelles conditions le vandalisme peut-il devenir une performance d’art contemporain ? Comment les œuvres d’art illustrent-elles les déplacements entre singularité et universalité ? L’œuvre d’art peut-elle être considérée comme une information ou une opinion ? Qu’est ce que l’authenticité, et est-il vraiment...
Les organisateurs d’expositions sont-ils des auteurs ? À quelles conditions le vandalisme peut-il devenir une performance d’art contemporain ? Comment les œuvres d’art illustrent-elles les déplacements entre singularité et universalité ? L’œuvre d’art peut-elle être considérée comme une information ou une opinion ? Qu’est ce que l’authenticité, et est-il vraiment nécessaire qu’un tableau ait été exécuté par son signataire ? Faut-il voir dans l’émission télévisée Loft Story une régression de la civilisation ou un progrès de l’authenticité ? Y a-t-il plus ou moins de censure en art aujourd’hui, et quels en sont les enjeux pour la démocratie ? À ces questions sont données ici deux catégories de réponses – juridiques et sociologiques – en même temps qu’une réflexion commune sur leurs convergences et leurs différences. Car ce livre relève d’un genre inédit : à la fois recueil d’articles, dialogue entre deux chercheurs et comparaison entre deux regards différents – celui du droit, celui de la sociologie – sur un même objet : l’art, et plus précisément le statut d’auteur et d’œuvre de l’esprit. Au-delà de ce qui distingue la démarche du juriste et du sociologue (par exemple la temporalité, le rapport à la norme, l’interactivité avec les acteurs), on voit ainsi s’élaborer, à partir de cas précis, une réflexion concrète sur quelques fondements anthropologiques du rapport à l’art dans notre société – dont émerge en particulier, toujours présente, la notion de personne.
Bernard Edelman est avocat et philosophe.
Nathalie Heinich est sociologue.
Introduction - I. Auteurs d'expositions - Du conservateur de musée à l'auteur d'expositions : l'invention d'une position singulière - Risques du métier et dépersonnalisation du poste - Nouvelles fonctions, nouvelles positions - Du commissaire au concepteur - Un terme de comparaison : l'auteur au cinéma - Un cas exemplaire : l'exposition « Vienne » à Beaubourg - Du cas particulier à la particularisation du statut - Une exposition peut être une œuvre de l'esprit - Une exposition peut être une œuvre de l'esprit - Intangibilité et œuvre d'art - II. Vandalisme ou performance ? - C'est la faute à Duchamp ! - Se servir d'un Duchamp comme urinoir et d'un marteau comme défouloir - Se servir d'un fait-divers comme objet sociologique - Se servir d'une agression comme performance - Se servir d'une performance comme célébration - Se servir d'un fax comme moyen de diffusion - Se servir d'un faux comme caution - Se servir d'un ready-made comme table de dissection - De l'urinoir comme un des beaux-arts : de la signature de Duchamp au geste de Pinoncelly - Droit et pédagogie - Droit et mystification - La double mystification - La prise au mot - Indemniser quoi ? - Le parasitisme de la gloire - Le prix d'un concept - III. Entre singulier et universel - Les objets-personnes. Fétiches, reliques et œuvres d'art - Comment les objets peuvent être des personnes - La bague de Caroline et le sachet de sel des Babin - La croix de Jésus-Christ et la clarinette de l'oncle Victor - Le timbre, l'arbre, le cheval, le tableau - Le Saint Suaire écartelé - Comment les œuvres sont traitées comme des personnes - Des œuvres réifiées - Notices de catalogues et fiches d'état civil - Le statut juridique des œuvres d'art - Comment sont traitées les personnes - Particularisation - Insubstituabilité - Une humanité facultative - La fonction-personne - Œuvres et objets-symbole : entre les morts et les vivants - Les hommes-symbole - Le génie - La monnaie vivante - L'institution-symbole - Marianne - La prise de la Bastille - IV. Œuvre d'art ou information ? - Buren et Serra - Du mauvais usage des droits de l'homme - Droit à l'information du public et œuvre d'art - De l'œuvre d'art comme information - De la citation comme information - Droits de l'homme, concurrence et culture - V. Les aléas de l'authenticité - L'art contemporain et la fabrication de l'inauthentique - L'authenticité à l'épreuve de la modernité - Des objets sans auteur aux auteurs sans objet - Des auteurs sans qualité - La preuve par l'inauthenticité - L'erreur sur la substance ou l'œuvre mise à nu par les artistes mêmes - L'œuvre-objet - Des signes de reconnaissance d'une œuvre d'art - L'« œuvre-marque » - L'œuvre-exécution - L'œuvre créée par délégation - La création par exécution - VI. À propos de Loft Story - « Quatre pattes, oui, deux pattes, non ». Loft Story : une nouvelle fonction-auteur - La mise en scène - L'intrigue - Le règlement intérieur - Un espace de servitude - La société de production, maître du lieu social - Le retour à la réalité - Loft Story : à l'aise dans la décivilisation - La pluralité des critiques - Les raisons d'une résistance - Cadre-analyse de l'émission - Civilisation ou authenticité - VII. Dialogue sur un manifeste - À propos de « Baise-moi (pas) » - Principales abréviations.