Le Moine : Le livre de Matthew Gregory Lewis
Il est des âmes plus succulentes que d'autres à corrompre. Pour le Diable s'entend. Ainsi ce fameux Frère Ambrosio – le plus rigoriste, le plus saint homme de Madrid et son confesseur le plus en vue.
Quand la jeune et naïve Antonia, nouvelle en ville, lève les yeux vers la chaire, se doute-t-elle quelles tentations traversent le prêcheur, quels tourments de chair et d'esprit, quels vices rampants déjà le rongent ? Sévices souterrains, nonnes sadiques, messes noires, viols, incestes, parricides, enlèvements et labyrinthes... bientôt tout Madrid s'enfonce dans le péché. Un sommet du roman gothique.
De (auteur) : Matthew Gregory Lewis
Traduit par : Léon de Wailly
Expérience de lecture
Avis Babelio
Wazlib
• Il y a 2 mois
"Le Moine" est un chef-d’œuvre absolu, labyrinthe gothique et tortueux. On y suit de façon alternée et sans aucune considération chronologique ou narrative plusieurs histoires, toutes sordides, s'entrecroisant au gré des quelques 450 pages : - Tout d'abord Ambrosio, padre adoré des foules madrilènes, qui découvre tout volontairement qu'il y a une différence fondamentale entre fuir la tentation et y résister. C'est le fameux "moine", pour qui l'apprentissage de la décadence est douloureux et faussement naïf. Il questionne ce qui fondamentalement fait la vertu d'un individu, et ce qui peut se briser chez tout un chacun dès lors que les barrages cèdent. Et c'est l'archétype de la lente descente aux enfers, de la naissance du mal (pas uniquement exogène, même pour un religieux). - Don Raymond / Alphonse, presque le protagoniste d'un deuxième roman à part entière, qui vous livrera ici une histoire dans la plus pure tradition gothique. Cette partie du récit est formidable de maîtrise, délicieuse à suivre. - Et enfin Lorenzo, jeune noble amoureux d'Antonia, figure ingénue à la croisée de tous les chemins et toutes les histoires. Il a moins vécu, a plus d'espoir et moins de pessimisme. Il est en quelque sorte une allégorie du lecteur, qui découvre avec effroi qu'il n'y a guère de limite dès lors qu'on s'intéresse à la tortuosité de l'âme humaine?. Vous aurez bien compris que sur tous les plans, "Le Moine" est une réussite géniale. Il s'agit d'un roman terriblement sombre, volontairement confus, où l'on se perd tant dans les pensées en déréliction de notre moine que dans ce récit éclaté, partant dans tous les sens, trop riches. C'est pour moi, le roman gothique parfait, plein d'excès, plein de tragédies, trop intense. Si vous avez un tant soit peu suivi mes critiques, vous aurez donc peu de difficulté à savoir quel est le véritable chef de file du roman gothique à mes yeux, entre "Les Hauts de Hurlevent" et "Le Moine".
Moissagaise
• Il y a 3 mois
Dans le Moine de Matthew Gregory Lewis, les aventures de plusieurs personnages s'entremêlent et ces destinés finiront par se réunir mais aussi parfois par se détruire. Mathilde est tombée amoureuse du moine Ambrosio dont les sermons commencent à faire sa renommée. Elle va se déguiser en moine pour réussir à l'approcher et le séduire. Elle y parviendra, car Ambrosio n'est pas entré au couvent de son plein gré. Certains de ses penchants sont contraires à l'humilité qu'exige la vie monastique. Et l'attirance pour la sexualité va devenir un autre problème après sa rencontre avec Mathilde. Il va par la suite s'énamourer de la jeune Antonia. Mathilde va l'aider à aboutir à ses fins en pactisant avec le diable. Et en chemin, Ambrosio tuera la mère d'Antonia puis Antonia elle-même. Il s'avère qu'Antonia est aimée par Lorenzo de las Cisternas. Ce dernier a une soeur, Agnès, enfermée dans un couvent contre sa volonté. Elle tombe amoureuse de Raymond dont elle attend un enfant. Un mot intercepté par le moine Ambrosio et révélé à la révérende mère, va entrainer la jeune fille dans les plus grandes difficultés, car sa supérieure lui fera subir des atrocités pour la punir d'avoir fauté. Lorenzo parviendra à sauver sa soeur, mais cela entrainera de grandes catastrophes pour les religieuses. Quel travail d'écriture admirable ! Ou du moins, quelle belle traduction. L'écriture est remarquable. le style est fluide, dense, très agréable. Il nous entraine malgré nous. Au début, j'ai un peu souffert d'avoir l'impression de ne pas avancer. Il se passe en fait beaucoup de choses en peu de temps et la lecture me semblait longue. J'avais l'impression d'avoir beaucoup lu, d'avoir beaucoup avancé dans l'intrigue, mais il me restait toujours autant à lire. C'était une sensation un peu étrange. Mais l'histoire est prenante et l'auteur a un véritable don d'écriture et de conteur. Le roman du Moine a la particularité de nous entrainer dans un univers gothique avec l'obscurité, le bruit de vent, les caveaux, les monastères, les vieilles pierres, les morts en décomposition, les catacombes, les paysages obscurs, désertiques ou effrayants, les apparitions fantomatiques. L'auteur sait nous mettre en conditions. Cette histoire renvoie à la souffrance de ceux qui, autrefois, étaient enfermés dans des monastères ou des couvents contre leur volonté ou par impossibilité de faire autrement. Les souffrances engendrées étaient grandes, mais aussi les scandales. En lisant ce livre, j'ai pensé à la Religieuse de Diderot où là aussi on fait état des cruautés dont pouvaient faire preuve les religieuses et les différents excès auxquels menaient l'isolement. En dehors du cloître, Elvire maintient sa fille, Antonia, dans un certain isolement en la laissant dans l’ignorance des choses du monde. Après la mort, Antonia est incapable de reconnaître le danger que représente pour elle Ambrosio. Le Moine est un Peter Schlemihl ou un autre Faust avant l'heure. Mais le moine, lui, va vendre son âme au diable pour échapper au bûcher de l'Inquisition. En ce sens, j'ai apprécié la réflexion menée autour de la religion. L'ouvrage ne condamne pas la religion. Il en condamne les mauvais aspects. L'enfermement de personnes qui ne l'ont pas choisi aboutit à des débordements (attrait pour la sexualité, grossesse) et la peur de l'Inquisition en vient à entrainer le moine à vendre son âme au Diable alors qu'une partie de son être croit en la possibilité de la rédemption. Et une fois qu'il est passé de l'autre côté, il pense tout de même à Dieu. Pas conséquent, la religion en vient à perdre des fidèles par ses travers. Et ce sujet reste douloureusement d'actualité.
Coralit
• Il y a 5 mois
Publié en 1796, voici un roman extrêmement subversif dans ses thèmes: meurtre, viol, inceste, torture, sexe, pacte diabolique sont quelques uns des éléments incroyablement transgressifs de ce texte. Avec une audace folle, Matthew Lewis raconte la chute d'un moine en proie à la tentation, la luxure, l'orgueil. Un récit trépidant, bien que parfois alambiqué et comptant de trop nombreux personnages.
CecileMK
• Il y a 5 mois
C'est grâce au fil de discussion du #bookclubdhalloween du @prixbookstagram que j'ai appris l'existence du roman de Lewis dont, j'avoue, je n'avais jamais entendu parler. Mais j'en ai trouvé un exemplaire dans une de mes médiathèques (certes, il était dans la réserve, et j'aime bien sortir un livre des réserves des bibliothèques, ça lui fait prendre l'air et je me dis que ça lui redonne un peu de vie.) Un des précurseurs de la littérature gothique, "Le Moine" est paru en 1796 (Matthew Lewis n'avait alors que dix-neuf ans !). Mêlant éléments surnaturels, décors gothiques de sombres caveaux d'un monastère à celui de la société catholique de Madrid au XVIème siècle, il est le récit de la déchéance d'un moine réputé et admiré pour sa vertu, sa foi et l'éloquence de ses sermons. Ambrosio cède à la tentation de la chair et ses désirs explosent de façon d'autant plus violente qu'ils ont été longtemps réprimés : obsédé par le corps d'une jeune-fille, Antonia, il finira par la violer et la tuer. Il abjurera non seulement ses voeux mais aussi sa foi en faisant un pacte avec le Diable. La narration de Lewis mêle au récit principal des intrigues secondaires comme celle de la nonne sanglante enfermée dans un château ou le récit de la mariée emportée par un soldat en armure, armure qui ne contient rien d'autre que le cadavre en décomposition de son ancien promis. Ce roman transgressif qui a fait scandale dans l'Angleterre du XVIIIème siècle (d'autant plus que Lewis, lors de la seconde édition, accolera à son nom d'auteur, l'abréviation M.P (Member of Parliament), est une critique acerbe de l'hypocrisie de la religion catholique et de la société qui obéit à ses représentants. Il va loin (pour l'époque) dans la représentation de la sexualité; les actes sexuels du moine se déroulent dans un décor morbide, chair de la jeune vierge endormie dans le caveau jouxtant les chairs en décomposition. L'édition dans laquelle j'ai lu ce roman reproduit quelques unes des lithographies de Vivant Denon, dont l'impression donne une idée de la grande qualité que doivent posséder les originaux.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782823878851
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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