Le moulin sur la Floss : Le livre de George Eliot
" Relire les romans de George Eliot nous procure toujours la même énergie et la même chaleur, à tel point qu'on ne veut plus la quitter. " (Virginia Woolf)
Élevée au moulin de Dorlcote, dans les paysages verdoyants du Lincolnshire, la toute jeune et idéaliste Maggie Tulliver forme avec son frère Tom un couple lié par un amour indestructible.
Ce lien est pourtant mis à mal après la mort de leur père, que la faillite a contraint à vendre son moulin. Maggie se morfond dans sa nouvelle vie et se rapproche un peu plus de Philip Wakem, un jeune homme sensible et cultivé, issu d'une famille rivale. Au grand dam de Tom, qui a dû abandonner ses études pour subvenir aux besoins des siens, au prix d'un labeur acharné...
L'intérêt soudain que lui manifeste Stephen, le fiancé de sa cousine, met un comble au trouble de Maggie, tiraillée entre raison et sentiments. C'est alors qu'entre en scène un personnage inattendu : la puissante Floss en crue, qui pourrait bien tout emporter...
De (auteur) : George Eliot
Traduit par : Lucienne Molitor
Expérience de lecture
Avis Babelio
motspourmots
• Il y a 2 semaines
Après l'éblouissement Middlemarch, je m'étais promis de moins tarder à poursuivre ma découverte des œuvres de George Eliot. Il m'aura tout de même fallu six ans pour trouver un créneau à ce Moulin sur la Floss mais le plaisir fut à la hauteur de l'attente. Paru en Angleterre en 1860, c'est le deuxième roman de George Eliot. Antérieur de dix ans à Middlemarch, un peu moins foisonnant, il n'en est pas moins d'une richesse remarquable. Le décor est la petite ville de Saint-Ogg dans la campagne anglaise, traversée par la rivière Floss dont le cours tumultueux structure aussi le roman, élément omniprésent et moteur de l'intrigue. Là vit la famille Tulliver, propriétaire du Moulin de Dorlcote, terrain de jeu pour Tom et Maggie et territoire inscrit dans leur être à tout jamais. Dès le début, même dans le bonheur d'une enfance encore innocente, les rapports entre Maggie et son frère aîné laissent entrevoir les problèmes à venir. Elle l'admire et souffre lorsqu'il se montre sévère, indifférent ou moqueur. Lui est un petit coq persuadé de sa supériorité masculine ; à l'adolescence et même au-delà, ce lien déséquilibré s'avèrera bien cruel et source de souffrance. George Eliot déploie son intrigue sur une dizaine d'années au cours desquelles les deux jeunes gens font face à la faillite de leur père, ce qui lui permet d'explorer avec une verve réjouissante les réalités d'une petite société des statuts, de la morale et des apparences. Son ironie mordante fait merveille, sa façon de s'immiscer dans le récit pour interpeler le lecteur renforce l'acuité du propos. D'après les spécialistes, le personnage de Maggie emprunte beaucoup à sa créatrice : curieuse, intelligente, en grand désir d'instruction et d'indépendance, elle se heurte aux limites imposées à son genre mais ne cesse de chercher dans les livres, les arts, les joutes intellectuelles des ressources pour comprendre et décider. Sa fidélité à sa famille, au passé, à ses sentiments et au-delà de tout à son frère reste cependant une des clés essentielles de son comportement. Ce qui est impressionnant chez George Eliot c'est la façon de tisser tous les éléments de son roman pour en faire autant une histoire captivante que le témoignage quasi-historique d'une époque et de sa comédie sociale. Elle prend le temps de fouiller la psychologie des personnages, de déployer leurs idées et leurs réflexions à l'aune de références érudites jusqu'à ce que le lecteur voie se profiler le drame à l'horizon. Impossible de ne pas se projeter, s'identifier tant les personnages sont marquants et incarnés. Le Moulin sur la Floss est un roman multi facettes - sociétale, intime, religieuse - qui offre de nombreux angles de lecture et quelques moments jouissifs, tel ce chapitre consacré à "l'opinion publique" au sarcasme délicieusement piquant. Je me suis régalée, charmée par la densité du roman, épatée par sa tenue et sa personnalité. Une chose est sûre, je ne vais pas en rester là avec George Eliot.
germ1tor
• Il y a 2 mois
J’ai beaucoup aimé Middlemarch, mais je placerais Le Moulin sur la Floss encore au-dessus. C’est à la fois une histoire de famille, une fresque sociale et une étude psychologique, tant ses personnages sont divers et pleins de relief. La bourgeoisie d’affaires, le clergé et le monde agricole y sont étroitement liés dans une Angleterre victorienne très corsetée. On y trouve aussi des histoires d’amour tourmentées et un magnifique portrait de femme, celui de Maggie Tulliver, en qui George Eliot se retrouvait sans doute un peu. Roman réaliste, Le Moulin sur la Floss (The Mill on the Floss) relate donc l'histoire de Maggie Tulliver et de son frère Tom, enfants du meunier de Dorlcote Mill, situé près de la rivière Floss dans l'Angleterre rurale du XIXème siècle. Très attachés l’un à l’autre, les deux enfants ont pourtant des personnalités totalement différentes. Au naturel tendre et passionné de Maggie s’oppose le caractère ferme et pragmatique de son frère Tom. Maggie est une fillette vive, intelligente, sensible et rebelle, en décalage avec les attentes de la société victorienne envers les femmes. Elle adore cependant son frère Tom, bien qu’il soit rigide et peu enclin à comprendre sa sensibilité. Tom a un sens exacerbé de l’honneur et en cela se révèle quelque peu étroit d’esprit. Ces différences vont mettre à l’épreuve leur affection, d’autant plus que Tom, seul fils du meunier, est envoyé en pension pour s’instruire. L’enfance à Dorlcote Mill est heureuse, idyllique même mais le temps de l’innocence se brise avec la ruine du père Tulliver. Homme simple et entêté, attaché à sa terre et à ses principes, celui-ci perd en effet un procès contre son voisin, son ennemi juré, Mr Wakem. Le moulin est saisi et la famille tombe dans la pauvreté et la disgrâce. Tom abandonne ses études pour travailler, tente de rembourser les dettes de son père et surtout de restaurer l’honneur perdu de la famille Tulliver. Maggie, quant à elle, souffre du déclin social de sa famille, tout en cherchant un sens à sa vie. Les enfants grandissent, les épreuves de la vie se chargent de les modeler et chacun réagira en fonction de sa nature profonde. Dans le malheur, frère et sœur resteront-ils soudés comme autrefois ? Rarement ai-je lu une telle finesse et profondeur psychologique des personnages. George Eliot excelle à explorer leur intériorité. Et Maggie est un des portraits féminins les plus complexes et nuancés qui soit. Le roman met parfaitement en lumière ses conflits moraux, émotionnels et sociaux, ceux d'une femme en avance sur son temps: conflit entre passion et devoir, fidélité à la relation fraternelle en question, lutte contre la norme familiale et sociale. Le roman est une remarquable fresque sociale. Il présente de façon vivante et réaliste la vie quotidienne dans l’Angleterre rurale du XIXème siècle, les tensions de classes, les limites imposées aux femmes, les luttes économiques. Eliot décrit avec justesse la bourgeoisie provinciale et les attentes pesant sur chacun selon son sexe et son rang. Les personnages secondaires sont à cet égard éclairants et loin d’être toujours flatteurs. La mère de Tom et Maggie s’illustre autant par sa profonde bêtise que par ses élans généreux lorsque ses enfants en ont le plus besoin; quant au père, la tendresse touchante dont il fait preuve envers sa fille ne parvient pas à occulter son tempérament emporté et déraisonnable; les oncles et tantes (mention spéciale pour l’acariâtre Tante Glegg, autoritaire et moralisatrice) distillent tout le long du récit un lent poison dans le coeur des membres de la famille Tulliver par leurs critiques acerbes, leurs remontrances, et leur égoïsme; et ainsi de tous ceux qui composent le petit monde du village de Saint-Ogg. Le style de George Eliot est élégant, réfléchi et subtil; il réussit la prouesse de mêler ironie, mélancolie et profondeur morale. Si ses descriptions de la nature et de la vie champêtre sont poétiques et évocatrices, les émotions et états d’âme de Maggie notamment sont transcrits avec raffinement et ingéniosité. C’est toujours sensible, limpide et tellement expressif. A l’opposé de tout manichéisme. Comme je n’ai pas oublié Tess d’Urberville, je n’oublierai pas Maggie, sa beauté et son caractère sauvages, sa nature passionnée mais sans cesse entravée. Une magnifique héroïne. Un roman riche d’émotion et de réflexion humaine. Un chef-d’oeuvre romantique.
loysel
• Il y a 3 mois
J’ai découvert Georges Eliot avec Middlemarch, le moulin sur la Floss est pour moi un nouveau chef d’œuvre par la richesse, la complexité des psychologies, des liens qu’il dépeint et la lecture de préface une fois que vous avez fini le livre de Alain Jumeau vous fait comprendre tous les sens, la symbolique de ce merveilleux roman ; à l’heure de la consommation en masse et de la satisfaction immediate des désirs individualistes il faut juste avoir la patience de les ressentir …
loysel
• Il y a 3 mois
J’ai découvert Georges Eliot avec Middlemarch, le moulin sur la Floss est pour moi un nouveau chef d’œuvre par la richesse, la complexité des psychologies, des liens qu’il dépeint et la lecture de préface une fois que vous avez fini le livre de Alain Jumeau vous fait comprendre tous les sens, la symbolique de ce merveilleux roman ; à l’heure de la consommation en masse et de la satisfaction immediate des désirs individualistes il faut juste avoir la patience de les ressentir …
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782377354580
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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