Les énigmes de l'histoire de France : Le livre de Collectif

L’énigme du livre un petit peu racoleur, mais pas trop mal quand même. Inutile de le nier, on finit forcément par accrocher à ce livre pas mal fait qui nous présente, sur 2 millénaires (d’Alésia au mystérieux départ du général de Gaulle à Baden-Baden pour retrouver Massu) toute une série d’énigmes. Il y en a 20 en tout, 10 avant et 10 après la Révolution française, mais une seule pour l’Antiquité, confiée il est vrai au spécialiste Jean-Louis Brunaux, directeur de recherche au CNRS. Mais un peu comme dans une boutique d’art de Saint-Paul de Vence qui pourrait vendre tout aussi bien une œuvre originale fabriquée à Nice et une autre importée de Taïwan, le livre m’a semblé un peu composite par ses ambitions et son contenu. Confié au célèbre Jean-Christian Petitfils, célèbre biographe de rois de France et qui semble pas mal en cour chez Perrin, le livre réunit en effet des auteurs fort variés et des sujets plus ou moins ambitieux. L’introduction a le mérite de clarifier les choses puisqu’elle annonce d’emblée que « si les énigmes de l’histoire de France fascinent tant le public, c’est sans doute parce qu’elles se présentent le plus souvent comme de captivantes enquêtes policières, auxquelles ne manque que le mot de la fin ». Le livre entend d’ailleurs se démarquer du complotisme en vogue sur internet et se présenter comme un rempart face aux « rumeurs délirantes ». On lira donc avec intérêt des affaires qui confinent (confinent de très près dans les cas cités) à ce que l’on appelait autrefois la petite histoire, collier de la reine, mort du duc de Bourbon (on se croirait ici chez Maurice Leblanc ou Conan Doyle), tandis que d’autres font écho à de puissants drames de notre histoire, la Saint-Barthélemy confiée au spécialiste d’histoire du protestantisme Laurent Theis, ou la mort de Jean Moulin confiée à Olivier Wieviorka, professeur à l’ENS. Une synthèse ici fort passionnante. Un livre agréable, mais disparate, qui mélange un peu les torchons et les serviettes et qui par son angle gentiment racoleur ne me parait pas forcément servir les ambitions les plus pures du travail de l’historien. Ainsi le choix des « vingt mystères » apparaît bien discutable, et certains mystères donnent lieu à une mise en perspective historique limitée.