En mon âme et conscience - L'affaire, l'église, la vérité d'un homme : Le livre de Philippe Barbarin
" Tout se dit mais où est la vérité ?
On a faussé tout ce que j'ai pu dire.
On a interprété des faits en les détournant.
On m'a traité de pédophile dans le métro,
dans les rues, quand j'allais prendre le train.
Je n'étais plus "audible'. J'étais coupable.
Je peux comprendre.
Face à de tels crimes commis par des hommes
d'Église, y a-t-il eu des affaires classées trop vite ?
Des dossiers écartés ? Une attitude dictée par la peur ?
On peut le craindre.
Le temps est venu d'apporter mon témoignage.
La vérité est nécessaire.
Pour tous. "
De (auteur) : Philippe Barbarin
Expérience de lecture
Avis Babelio
aureliedutriez
• Il y a 4 mois
Étrange objet que ce livre apologétique, entre justification personnelle et méditation spirituelle. Une brève remise en contexte s'impose. Précisons que l'argent du livre revient à une association de victimes de pédocriminalité. *** En version abrégée, voici ma critique : Ce livre permet de comprendre le point de vue de celui qui a été vilipendé au moment de l'affaire Preynat, le cardinal Barbarin. Certes, il a commis certaines erreurs, mais il a été relaxé par la justice et n'est donc pas considéré comme coupable. J'y établis un parallèle avec l'affaire « Betharram/Bayrou ». En résumé, lisez ce livre pour vous forger votre opinion sur la responsabilité ou non de Barbarin dans la non-dénonciation de ces crimes abjects. Vous y découvrirez également les valeurs chrétiennes défendues par le Cardinal et pourrez mieux comprendre les tensions entre justice canonique et républicaine. *** Et en version longue, parce que je me sens la nécessité d'argumenter et d'exposer ma pensée : En 2016, éclate l'affaire Preynat. le prêtre est accusé d'agressions sexuelles répétées sur de jeunes scouts à Sainte-Foy-Lès-Lyon dans les années 70-90. Or, pourquoi a-t-on le sentiment d'une « affaire Barbarin » en lieu et place d'une « affaire Preynat » ? Comment s'opère miraculeusement ce glissement de sens ? Le cardinal Philippe Barbarin est nommé archevêque de Lyon en 2002 par Jean-Paul II. Il a été jugé pour non-dénonciation de mauvais traitements, agressions ou atteintes sexuelles sur mineur de moins de 15 ans, commis par une personne ayant autorité. Après un procès en 2019 où il a été reconnu coupable, il a finalement été relaxé après appel en 2020 puis relaxé définitivement en 2021. En effet, au moment où il est averti des faits de pédocriminalité, les victimes elles-mêmes, alors majeures, sont considérées en mesure de parler. Par ailleurs, de nombreux témoins directs, des familles, des parents, des voisins, se sont tus. Etablissons un parallèle entre cet événement médiatique, où le cardinal Barbarin estime avoir endossé le rôle de "bouc émissaire", avec celui de l'affaire Betharram, devenue l'affaire « Bayrou ». Mille similarités viennent à l'esprit, malgré d'évidentes différences : une figure d'autorité est accusée de ne pas avoir parlé, mais la chronologie est essentielle. Les crimes sexuels sont connus à l'époque (plaintes, presse) alors que Ni Barbarin ni Bayrou ne sont alors aux responsabilités. Pour François Bayrou, l'affaire pédocriminelle est révélée par la presse en 1998, alors qu'il n'est plus ministre de l'Education nationale. Pour le cardinal Barbarin, les faits sont bien antérieurs (12 à 30 ans) à son arrivée en tant que primat des Gaules. Voilà ce qui étonne quand on prend de la hauteur et qu'on observe le schéma qui se dessine. D'abord, le risque de raccourci et de désinformation peut conduire l'opinion à considérer le cardinal Barbarin et François Bayrou comme complices de crimes pédocriminels, ce qui est une accusation extrêmement grave et salit un homme à vie. Ensuite, Bayrou comme Barbarin se trouvent là, sur la scène médiatique, des décennies plus tard, à la faveur du mouvement Metoo. Un peu plus tard, paraît le rapport de la CIASE en 2021 sur la pédocriminalité dans l'Eglise (cf. mon post sur l'abbé Pierre, La Fabrique d'un saint). Mais que dit-on des évêques de Lyon de l'époque du père Preynat ? Et du ministre de l'Education nationale en 1998, Claude Allègre ? Rien. C'est simple. Silence total. En 1998, c'est Claude Allègre qui est Ministre de l'Education nationale. Entre 1970 et 2002, se sont succédé quatre archevêques à Lyon : Mgrs Renard, Decourtray, Balland, Billé. Pourquoi n'ont-ils pas été sous les feux des projecteurs ? Pourquoi n'avez-vous peut-être jamais entendu parler d'eux en lien avec ces crimes sexuels ? Parce qu'ils sont morts. Quel intérêt médiatique de faire la lumière sur les morts ? Quel intérêt politique ? Or, devant le choc et l'horreur, la France est scandalisée. Il faut un coupable, et Barbarin et Bayrou se présentent là à point nommé. Coupables expiatoires. Complices tout désignés de pédophilie. Voici mon opinion : Barbarin et Bayrou ont servi de cibles médiatiques. Bien que des reproches puissent sans doute leur être faits (connaissance des brutalités pour Bayrou et du passé criminel de Preynat pour Barbarin), ils ne sont pas coupables aux yeux de la loi. Ils paient de leur déshonneur le prix immense de la souffrance des victimes. Attention simplement à ne pas nous tromper de coupables. Les premiers coupables sont bien évidemment les prêtres pédophiles ayant abusé des enfants et les ayant battus. Les seconds sont l'institution de l'époque, les professeurs, les parents, les voisins qui se sont tus. Ensuite, à condition qu'ils aient réellement couvert les faits, ceux qui étaient responsables au moment où les plaintes sont déposées pour pédocriminalité (les prédécesseurs de Barbarin, le recteur de l'époque et Allègre). Les quatrièmes se situent au sommet du Vatican et de l'Etat. Quelle est alors la responsabilité de ceux qui n'étaient pas à la manoeuvre au moment précis où les affaires de pédophilie sortent pour la première fois ? Barbarin et Bayrou sont là au mauvais moment, c'est-à-dire quand éclate a posteriori le scandale. Et leur honneur est éclaboussé par une meute médiatique et politique. C'est l'histoire d'un scandale à deux temps, d'un scandale à retardement. Et dans cette histoire, on oublie les victimes, dont la souffrance incommensurable ne sera sans doute jamais apaisée. En conclusion, lisez le livre pour le détail de la chronologie, pour avoir en tête ce que Barbarin a su et ce qu'il ne savait pas, ce qu'il a fait, ce qu'il a omis de faire, et pour vous faire votre opinion, en votre âme et conscience. Par ailleurs, il y développe les valeurs chrétiennes et l'on comprend parfois le gouffre qui existe entre le système judiciaire du Vatican et l'Etat laïque français. En ce qui concerne le style, c'est un peu décousu, avec quelques longueurs, le livre est issu en effet d'un entretien à bâtons rompus. Un livre qui nous interroge - en creux - sur notre propre rapport à la responsabilité, à la justice et à la vérité.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
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- EAN
- 9782259284226
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
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- Nombre de pages
- 320
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- Dimensions
- 225 x 142 mm
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21,00 € Grand format 320 pages