L'Amérique en guerre - 1933-1946 : Le livre de Christophe Prime

Un livre référence, remarquable à plus d'un titre. L'auteur maitrise le sujet à la perfection, sujet que je pensais bien connaitre pour ma part. Eh bien que nenni !! Le texte, très bien écrit, se lit aisément, une gageure compte tenu de la masse d'informations que Christophe Prime fournit. Il analyse et lie les évènements entre eux avec beaucoup de finesse et d'intelligence; des parcours individuelles savamment choisis viennent agrémenter la lecture, ce qui donne du corps et de la vie au texte. On se sent littéralement immergé dans cette Amérique plongée dans le maelström de la guerre. "A must-have !"

Un pavé, que dis-je un pavé, une somme sur la Seconde Guerre mondiale Une somme de données, d’informations, d’anecdotes sur ce conflit, le plus violent de l’Histoire, par le prisme du point de vue des États-Unis. Christophe Prime est un historien français, un universitaire spécialiste du sujet, autant dire que c’est du sérieux. En 580 pages, grand format, il décortique jusque dans le moindre détail la participation de l’Amérique à la guerre. Tous les thèmes sont traités. Après une première partie sur la montée des tensions, vue d’outre atlantique, On assiste au plus prêt des événements et des personnages historiques aux relations ambiguës entre Roosevelt et Churchill, entre Américains et Français et Allemands. L’engagement mesurée mais de plus en plus important aux côté des Anglais restés seuls en guerre à partir de juin 1940 et jusqu’à juin 1941. L’ingérence du bulldog britannique dans les élections américaines de 1940, les relations de plus en plus tendues avec le Japon. Et puis le choc, décembre 1941, Pearl Harbor, « une Amérique groggy mais debout ». A Partir de là, la problématique de l’ouvrage change. On ne suit plus les événements, mais les thématiques. La transformation de l’industrie américaine en industrie de guerre, notamment l’industrie automobile, aéronautique et la construction navale. La monumentale logistique mis en place par Roosevelt et son administration en quelques mois, même si on s’aperçoit que le président avait, en sous-mains, préparé son pays isolationniste à l’inévitable, est absolument stupéfiante ! On s’intéresse à la mobilisation des troupes, dans toutes les armes (terre, mer, air), aux femmes, aux minorités, au sort des soldats noirs, à la ségrégation indigne, au sort, inqualifiable réservé aux ressortissants japonais parqués dans des camps d’internement. La propagande, la mobilisation culturelle, celle des artistes, mais aussi de la presse, des radios, du cinéma s’emballe et reste malgré tout sous contrôle de l’État. Cette armée américaine est décortiquée, ses mutations rapides dans son fonctionnement, son commandement, son organisation, son racisme, sa misogynie. Les événements purement militaires, traités avec précision dans d’autres ouvrages de référence, ne font ici l’objet que d’une seule partie de 80 pages, de Midway à la défaite japonaise en passant par l’Afrique du Nord, le débarquement et la capitulation allemande. Si vous n’avez jamais lu d’ouvrage sur ce conflit, pas sur que ce soit le premier à lire. Un synthèse des événements, serait sans doute un préalable, pas forcément indispensable mais très utile ( La Seconde guerre mondiale d’Antony Beevor ou de Claude Quétel, par exemple !), Christophe Prime ne s’intéressant que de loin aux aspects politiques et stratégiques du conflit. En revanche, la vie du soldat, GI, aviateur, marines est observée à la loupe dans ses moindres détails, de son entraînement, à son matériel, de sa nourriture, à ses loisirs, son courrier, de son comportement sexuel entre eux et avec les civils aux traitement des blessures, aux maladies, à la relation avec la peur et la mort. Le livre, dense, fourmille de chiffres, de pourcentages, de noms, d’acronymes (expliqués), d’anecdotes. Il faut parfois ralentir son rythme de lecture pour réussir à tout digérer. C’est le genre d’ouvrage qui se lit une première fois dans l’ordre et qui ensuite peut être utilisé comme une encyclopédie, un dictionnaire, une sorte de Quid (le regretté!) spécialisé dans les États-Unis en guerre. Je déplore donc que l’index, bien utile dans ces cas là, ne classe que les personnages nommées dans l’ouvrage (même si c’est déjà très utile pour s’y retrouver). Mais c’est vraiment pinailler. Un ouvrage référence pour tout passionné du Second conflit mondial et qui souhaite un regard sur des sujets originaux très peu présents dans les autres ouvrages sur ce thème.