Pensées, répliques et anecdotes, de Claude Chabrol - Nouvelle édition : Le livre de Claude Chabrol

Serait-ce parce qu'il a été encensé pour “Le beau Serge” et “Les cousins” avant d’être traîné dans la boue avec “Les bonnes femmes”ou “Les godelureaux” que Claude Chabrol cultive cet humour cynique dont il nous donne la pleine mesure dans ce recueil de “Pensées, répliques et anecdotes” ? Car comme le dit Guillemette Odicino, il y avait “De quoi, rapidement le vacciner contre toute boursouflure de l’égo et faire cultiver une fausse nonchalance à cet énorme travailleur.” C’est un peu du vrac avec du bon et du moins bon et son portrait en filigrane, celui d’un réalisateur espiègle, déconneur, heureux de vivre : “Je ne suis pas d’un tempérament angoissé. Je ne me souviens d’ailleurs même pas avoir déjà été angoissé. Sauf peut-être une fois, si, en 1976. Une journée de septembre 76 où j’avais planifié trois films sur les trois années à venir. En trois coups de fil, dans le même après-midi, tous les films se sont cassés la gueule. Je suis resté prostré pendant au moins dix minutes.” Son humour noir teinté de cynisme caractérise ses aphorismes : “contrairement à ce qu’on a dit, je n’ai pas une vision cynique ni désenchantée du monde, mais plutôt une vision cynique et enchantée.” Ce sont des pensées acerbes, parfois profondes : “Je pense qu’il est préférable de se prendre pour ce qu’on est resté plutôt que de se prendre pour ce qu’on est devenu.” La belle mise en page de l’ouvrage ne masque pas l’impression qu'il a raclé les fonds de tiroirs pour y trouver de quoi faire ce livre. “J’avais une seule crainte avec ces pensées, c’était de paraître sympathique.” Pari réussi Monsieur Chabrol ! Vous m’avez pourtant donné envie de revoir un de vos films, “Les biches” qui me semble bien illustrer la noirceur vénéneuse et la férocité de ces pensées.