Dans le bleu : Le livre de Joyce Carol Oates

Jenna se sent coupable. Coupable d'être en vie, coupable d'être à l'origine de l' accident, coupable de ce corps en morceaux, de ces vies brisées, de l'absence de sa mère, de la peine des autres. Jenna est en colère et elle a peur. Le corps de Jenna a été brisé puis réparé mais son cœur reste fêlé. Pour oublier le vide, la peine, la souffrance, la culpabilité, la vie d'avant, à l'hôpital il y avait le bleu. Un endroit où se cacher, où flotter, où oublier. Merci les antalgiques. Mais la jeune fille a repris le cours de sa vie, enfin de la vie qu'on lui a choisi, et cette vie fait mal : plus de mère, plus de maison, une nouvelle ville, un nouveau lycée, un corps qui souffre, un père dont elle ne veut pas et une tante qui a un visage qui lui en rappelle douloureusement un autre. Et plus de cachet pour affronter ça, personne à qui elle veut en parler. Marre de toute cette sollicitude et de cette gentillesse. Elle n'en veut pas. Parce que ce n'est pas une fille gentille. Car tout cela c'est à cause d'elle. Alors elle va brûler la vie par les deux bouts, faire de mauvais choix, être au mauvais endroit au mauvais, pour pouvoir ensuite comprendre et à nouveau déplier ses ailes vers un autre bleu. Un roman qui m'a donné la chaire de poule. Une amie me l'a envoyé il y a plusieurs mois, mais je le soupçonnais d'être une bombe à retardement ce récit, un de ceux qui allait me laisser pantoise, bousculée, chamboulée, alors je l'avais laissé sur mon étagère, attendant que ce soit le bon moment. Et effectivement je suis secouée, mais dans le bon sens. Avec le sourire de la lectrice qui a lu quelque chose de bien, de beau, de fort. J'ai beaucoup aimé le style de Joyce Carol Oates .J'ai envie d'aller me plonger dans la biblio de cette auteur de 72 ans ( !!!! je ne l'aurais jamais cru) notamment ses romans adultes.

Récit bouleversant de la reconstruction d'une adolescente après un traumatisme. Jenna a été victime d'un grave accident de voiture qui a coûté la vie à sa mère et dont elle se sent responsable. L'adolescente est rongée de culpabilité et ne supporte pas l'absence de sa mère. Isolée, renfermée, elle multiplie les conduites à risque, qui sont autant d'appels à l'aide. Joyce Carol Oates nous raconte cette descente aux enfers avec délicatesse, sans mièvrerie. Aucun manichéisme dans ce roman qui se termine sur une touche optimiste.

Ce roman n'est pas pour tout le monde. En tout cas, je ne le conseille pas vraiment avant 12 ans. L'expérience du personnage principal est très traumatisante et elle présente ça avec un point de vue spécifique "au bleu". Qu'est-ce que "le bleu"? Et bien il s'agit de la drogue qui lui est administrée, de l'anti-douleur qui emplit ses veines et la plonge dans un monde où elle est libérée de sa douleur, de ses souvenirs et de sa peine. Pourquoi? À vous de le découvrir... Le thème abordé est assez délicat, les événements sont poignants et l'on se sent tout autant perdu que le personnage principal. Parallèlement à cette lecture, j'ai regardé le film Nos étoiles contraires, adapté du livre de John Green. Autant dire que j'étais bien dans le thème bouleversant qu'est la mort de nos proches. J'ai trouvé le dénouement de ce roman plutôt étonnant. Ce n'est pas entièrement la fin à laquelle je me serais attendue et je la trouve bien mieux telle que l'auteur nous la propose! Les gros lecteurs trouveront ici une lecture tout en profondeur et un peu naïve (dans le bon sens du terme), sans véritable suspens, puisque ce roman est destiné à un lectorat pré-adolescent. Les plus jeunes, quant à eux, découvriront l'univers douloureusement acéré par la plume d'une superbe écrivaine dont l’œuvre est extrêmement vaste et diverse.

C’est un livre que j’ai acheté pour ma fille et que j’ai ensuite eu envie de lire : j’aime les romans pour adultes de Carol Joyce Oates et j’avais envie de découvrir ce qu’elle écrivait pour les ados : c’est bien écrit, assez court par rapport à ses romans pour adultes mais toujours aussi précis, plein de sensibilité et de justesse dans la description des émotions. Jenna, 17 ans, se remet difficilement d’un grave accident de la route au cours duquel sa mère est morte : entre les blessures physiques, les difficultés de l’adolescence, le chagrin, la difficulté à faire le deuil de sa mère, son sentiment de culpabilité car elle se sent responsable de l’accident, Jenna est perdue et se tourne vers la drogue pour ne plus souffrir ni physiquement ni moralement. Recueillie par sa tante et son oncle, elle a des fréquentations qui l’entraînent dans un milieu de drogués, d’ados rebelles en rupture avec la société. Elle garde malgré tout ses distances et souffre de la solitude dans laquelle elle s’enferme volontairement, ne souhaitant se confier à personne, voulant garder pour elle seule ses sentiments. C’est un très beau roman sur l’adolescence, où l’auteur nous fait ressentir la complexité et la sensibilité des tourments d’une jeune fille.